​Le Terevau placé en redressement judiciaire


Tahiti, le 8 décembre 2025 – Alors que les 43 employés de la société SNVG 2 Moorea Terevau n'ont pas été payés au mois de novembre, la société a été placée en redressement judiciaire lundi matin par le tribunal mixte de commerce. Une prochaine audience est prévue en mars.

 
Alors que la navette rapide de la SARL SNVG 2 Moorea Terevau n'effectue plus de rotations, que les 43 salariés de la société n'ont pas été payés au mois de novembre, le tribunal mixte de commerce a placé l’entreprise, lundi matin, en redressement judiciaire. Une première période d'observation de six mois débute donc, elle pourra être prolongée pour une durée totale maximum de 18 mois. La société est actuellement en cessation de paiement et ce placement en redressement judiciaire bloque, pour l'instant, d'éventuelles actions des créanciers.
 
Dans un post diffusé sur sa page Facebook début décembre, la société avait elle-même évoqué des “bouleversements” à venir : “Depuis quelques jours, tō tātou pahī reste à quai et nous savons combien cette situation vous touche. À l’aube des fêtes, beaucoup s’inquiètent : nos voyageurs, nos familles, et surtout nos employés qui n’ont rien demandé à ces bouleversements.” Elle avait également rappelé ses “priorités” : “Soutenir nos salariés, accompagner nos passagers fidèles et préserver le service essentiel que représente le Terevau pour chacun de nous. Malgré les défis, nous avançons avec confiance et humilité, portés par votre bienveillance et votre solidarité qui nous touchent profondément.”
 

La liquidation, une “hantise”

Contacté par Tahiti Infos lundi, le nouveau gérant de la SARL, Frédéric Faura – nommé le 25 novembre dernier – confirme que le tribunal mixte de commerce lui a accordé une période d'observation de trois mois et qu'une liquidation judiciaire est sa “hantise”“Il n’y a pas eu de malversations ou de détournements de fonds mais des choix stratégiques pas très adaptés”, déplore-t-il à l’origine de cette fâcheuse situation. Depuis sa prise de fonction, Frédéric Faura dit avoir la “tête dans le guidon” : “Heureusement que le personnel administratif comme le personnel de bord, ce sont des personnes formidables et surtout loyales”. Il explique également que cela faisait plusieurs jours qu'il prépare un “plan de relance” en vue de l'audience de ce lundi et affirme que la situation de cessation de paiements date de l'ancienne gérance.
 
Même s'ils ont souhaité rester anonymes, deux salariés ont accepté de témoigner dans nos colonnes. Le premier souligne les retards de paiement des salaires car “on a été payés en novembre pour le mois d’octobre. Et encore on a été payé que la moitié de notre salaire. Pour l’instant on n’a pas encore eu l’autre partie de notre paye d’octobre, et le mois de novembre on n’a rien eu non plus”. Un second salarié exprime quant à lui sa confiance envers le nouveau gérant : “Ça va, il a repris. On devrait savoir comment on va nous payer. On était au courant la semaine dernière qu’on allait passer au tribunal. On pense que le nouveau gérant, qui est passé voir les salariés pour les rassurer, va remettre les choses en place.”

​“Mauvaise gestion”

Contacté par téléphone, un des actionnaires n’est pas étonné par la procédure, et regrette même que cette dernière n’ait pas été engagée plus tôt par la société. “Ça fait plusieurs années qu’on aurait dû faire cette procédure”, explique-t-il. “Tout cela est lié à une mauvaise gestion”, poursuit-il, renvoyant la balle à l’ancienne gérante, Heifara Faura, qui aurait quitté le navire récemment pour retourner à son ancienne fonction au sein de l’Éducation nationale.
 
Il pointe également du doigt le fonctionnement du navire, qui tourne “avec trois moteurs sur quatre”. Navette maritime pour laquelle deux moteurs de remplacement ont été commandés et attendant toujours en zone sous-douane d’être payés au fournisseur. “Les moteurs sont quelque part en zone sous douane, dans un conteneur”, déplore-t-il en insistant sur le fait que “les employés ne savent pas ce qu’il se passe”, qu’on leur explique que “tout va bien”, alors qu’ils ne sont plus payés depuis le mois d’octobre et que depuis deux semaines, “le bateau est bloqué à quai”, faute de pouvoir payer le carburant.

Rédigé par Garance Colbert et Vaite Urarii Pambrun le Lundi 8 Décembre 2025 à 15:05 | Lu 2162 fois