Tahiti Infos

​Flosse et son appartement de campagne


Tahiti, le 26 janvier 2020 - Gaston Flosse n'est toujours pas inscrit sur la liste électorale de Papeete, mais profite largement du contentieux électoral pour exister médiatiquement. Le 3 février prochain le leader du Tahoera'a table sur une nouvelle demande d'inscription avec cette fois six mois révolus de résidence à Papeete.

"C’est l’avant-dernière phase du premier round ". En toute transparence, Gaston Flosse a avoué, vendredi, le calendrier qui gouverne son action jusqu’à début mars, date du lancement de la campagne pour les municipales. Une élection à laquelle il compte participer à Papeete et défier le maire sortant Tapura, Michel Buillard.

Vendredi, le tribunal de première instance statuant en matière électorale a rejeté le recours du leader du Tahoera'a contre la décision de la commission de contrôle de la régularité des listes de Papeete qui avait refusé son inscription au nombre des électeurs de la capitale, le 10 janvier dernier. Le tribunal a ainsi confirmé l'incapacité, pour l’instant, de Gaston Flosse d'être inscrit à Papeete et par conséquent de s'y présenter aux élections municipales des 15 et 22 mars. 

L'avocat de l'homme politique a annoncé dès vendredi matin qu'il engageait un recours devant la Cour de cassation. La juridiction parisienne sera le dernier recours possible dans cette procédure en contentieux électoral politique. Elle est tenue de se prononcer en urgence avant le 7 février, mais son arbitrage pourrait être rendu dès cette semaine. Le tribunal motive sa décision par l'absence de "cuisine" dans le bail de location de l'appartement de Gaston Flosse au 4, rue François Cardella, siège du Tahoera'a huiraatira, à Papeete. Un élément qui a conduit le juge à dire que le "studio" en question ne pouvait pas constituer le "domicile réel" du leader orange. "Des chambres de bonne ont souvent des sanitaires ou une cuisine en commun. Ce n'est pas pour autant que l'on ne leur reconnait pas le statut de domicile", note l’avocat.

La décision relève aussi que le bail de sous-location que présente Gaston Flosse pour son domicile à Papeete ne remet pas en cause la destination "professionnelle" (bureau, salles de réunions, etc.) des lieux loués par la SCI Mapuru a Paraita, propriétaire de l’immeuble Wolher, à l’association Tahoera’a huiraatira. Faute de caractère privatif, les lieux occupés perdent la qualité de local d’habitation, donc de domicile.

​Nouvelle demande début février

"J'avais demandé au tribunal, dans l'hypothèse où il ne suivait pas cette thèse, de nous indiquer alors où était son domicile. Je vous affirme qu'il n'en a qu'un seul et qu'il est bien à Papeete", martèle Me Antz.

La Cour de cassation tranchera. Mais ce faisant, Gaston Flosse a encore un atout dans sa manche : une nouvelle demande d'inscription à Papeete. Il a confirmé vendredi à Tahiti Infos qu’il compte la déposer le 3 février prochain. L’article L11 du code électoral précise en effet que "sont inscrits sur la liste électorale d’une commune, à leur demande, tous les électeurs qui ont leur domicile réel dans la commune ou y habitent depuis six mois au moins (…)". Pour Flosse, ce délai de résidence légal à Papeete sera atteint le 1er février 2020. Il semble difficile dès lors pour Michel Buillard de rétorquer cette nouvelle tentative. A voir la semaine prochaine…

​Flosse le communicant

En attendant, vendredi dernier, Gaston Flosse a invité la presse pour lui livrer le flot de critiques qu’il réservait à la décision de justice du jour. Il s'est dit victime du maire de Papeete, de "sa commission de guignols", obstacle à son inscription sur la liste électorale de la ville, et du système judiciaire qui abonde dans le même sens. "Les griefs qui me sont reprochés n’ont d’autre fondement que de m’éliminer. Je croyais que la guerre anti-Flosse était terminée, mais nous voilà reparti."

Surtout, coup de com' magistral, le vieux bretteur politique a su créer l’événement vendredi en invitant caméras et appareils photos à entrer dans l’intimité de son "studio" de Papeete. Buzz immédiat sur les réseaux sociaux. Militants, opposants, tout le monde y est allé de son avis. Pendant quelques heures, comme régulièrement depuis le 5 décembre, le candidat Gaston Flosse s’est retrouvé au centre de l’actualité. Une situation qui tranche singulièrement avec l'apparente apathie du reste des candidats à la municipale de Papeete.

La botte avait déjà été utilisée en 2018. Flosse avait alors tenté d’être parachuté électeur à Arue, justifiant d’une adresse à Erima. En jeu, une candidature aux Territoriales à la tête de la liste orange, depuis la première section des îles du Vent. Mais le leader du Tahoera’a était sous le coup d’une peine d’inéligibilité courant jusqu’en juillet 2019, pour détournement de fonds publics, après sa condamnation définitive dans l’affaire du SED. Il n’a pas été candidat aux Territoriales. Mais ses démêlés judiciaires jusqu’en cassation ont ponctué l’actualité en attendant le lancement de la campagne qu'il a conduite sans gène en qualité de président du Tahoera'a, avec son portrait, tout sourire, en gros plan sur les affiches.

"Que l’on parle de moi en mal ou en bien, peu importe", disait Léon Zitrone "L'essentiel, c'est qu'on parle de moi." Jusqu’à début mars les occasions ne manqueront pas, pour Flosse, de se rappeler au bon souvenir de l’actualité. "Le dernier round, je considère que ce sera après mon inscription : la campagne, puis l’élection", a-t-il déclaré confiant, vendredi.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 26 Janvier 2020 à 19:00 | Lu 5373 fois