Il est désormais interdit de vapoter dans les lieux publics à Papeari et Mataiea (Crédit : archive AFP).
Tahiti, le 12 août 2025 – Pour Tearii Alpha, “on ne peut plus attendre”. Ice, LSD, Pète ton crâne (PTC)... Face au détournement de certains dispositifs à des fins illicites, Teva i Uta a décidé de prendre les devants : la commune vient d’acter un arrêté interdisant le vapotage dans les lieux publics. Une période d’information débute ; à l’issue, les contrevenants s’exposeront à des sanctions. D’autres mesures se profilent, comme la création d’une ligne d’écoute gratuite et la mise en place de groupes de parole mensuels, tandis que l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs reste à l’étude. Pour la Fédération de lutte contre la toxicomanie, “il y a une volonté des communes de se mobiliser contre ce fléau”.
Lors d’une réunion publique organisée en février dernier en marge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), la commune de Teva i Uta avait affirmé sa volonté de lutter contre les drogues. Une première mesure a été prise le 8 août 2025 à travers l’arrêté municipal n°218.25 qui interdit l’utilisation des cigarettes électroniques non-rechargeables (puffs) et rechargeables dans les espaces publics de Papeari et Mataiea, c’est-à-dire sur la voie publique, dans les établissements recevant du public, à l’intérieur et devant les établissements scolaires et les enceintes sportives communales, et sur les sites touristiques. Les agents sont invités à montrer l’exemple, puisque les bâtiments et les véhicules communaux sont également concernés par cette interdiction de vapoter.
Lors d’une réunion publique organisée en février dernier en marge du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), la commune de Teva i Uta avait affirmé sa volonté de lutter contre les drogues. Une première mesure a été prise le 8 août 2025 à travers l’arrêté municipal n°218.25 qui interdit l’utilisation des cigarettes électroniques non-rechargeables (puffs) et rechargeables dans les espaces publics de Papeari et Mataiea, c’est-à-dire sur la voie publique, dans les établissements recevant du public, à l’intérieur et devant les établissements scolaires et les enceintes sportives communales, et sur les sites touristiques. Les agents sont invités à montrer l’exemple, puisque les bâtiments et les véhicules communaux sont également concernés par cette interdiction de vapoter.
Des effets “dévastateurs”
Le conseil municipal de Tearii Alpha considère qu’il est “nécessaire de mettre en place des actions concrètes et conjointes sur (...) les addictions, la santé publique, la violence, le décrochage scolaire, la prise en charge des victimes et la médiation à vocation de tranquillité publique”. Cet arrêté a été pris au lendemain d’une réunion d’information avec la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie (FCPLDT) “portant sur l’addiction galopante de la population pour les drogues et les effets dévastateurs pour notre société, particulièrement pour notre jeunesse”. En cause, au-delà du vapotage classique : un constat “préoccupant” quant à l’utilisation détournée de certains dispositifs pouvant contenir des substances illicites et néfastes.
“On constate sur le terrain que les vapos deviennent la cible des dealers, qui commencent à les modifier pour y introduire des drogues comme l’ice ou le LSD, qui poussent nos jeunes vers l’addiction. Les vapos étant un effet de mode, ça permet de diffuser plus facilement ces drogues. C’est un danger et la fédération est tout à fait favorable à l’interdiction des vapos dans les lieux publics. Il faudrait même aller jusqu’à l’interdiction de la commercialisation à grande échelle”, estime la présidente de la FCPLDT, Kathy Gaudot. En attendant le durcissement de la réglementation à travers le projet de loi tabac du Pays, la référente voit l’inquiétude monter chez les élus de proximité. “Suite au congrès des communes, nous avons reçu des mails de tāvana qui nous saisissent sur ces problématiques jusqu’aux Marquises. On voit qu’il y a une volonté des communes de se mobiliser contre ce fléau. Avec une réelle volonté politique, on peut stopper cette drogue qui gangrène notre Pays”, poursuit-elle, tandis que l’association reste dans l’attente d’une subvention du gouvernement pour se déployer à Tahiti et dans les îles.
Prévention avant les sanctions
Entrée en vigueur ce mardi, l’interdiction du vapotage dans les lieux publics à Teva i Uta va débuter par une période d’information et de sensibilisation qui sera assurée par les agents de la police municipale. À l’issue de cette phase de prévention – possiblement à partir du mois d’octobre –, les contrevenants s’exposeront à des verbalisations “conformément aux règlements et lois en vigueur”, soit une contravention de deuxième classe (4 150 francs). Les mineurs encourront une confiscation de l’appareil, qui sera restitué aux parents lors d’une convocation.
D’autres mesures en projet
Cette première décision visant à interdire le vapotage dans les principaux lieux publics devrait s’accompagner d’autres mesures à Teva i Uta. Concernant les restrictions, bien que délicat à mettre en œuvre d’un point de vue juridique et de façon isolée, un couvre-feu nocturne pour les mineurs est à l’étude. Sur le plan de l’accompagnement, en revanche, deux approches se précisent : la mise à disposition d’une ligne verte d’écoute gratuite et l’organisation de groupes de parole mensuels, dont le calendrier est en cours de finalisation. “Les groupes de parole, ça fait partie de nos priorités pour échanger avec les consommateurs, mais aussi avec les familles en détresse, qu’il ne faut pas oublier. Plusieurs communes jouent le jeu : nous avons commencé sur la Presqu’île, à Taravao, et nous avons la chance d’avoir comme partenaire ‘Onihi avec Averii Pied, dont les groupes de parole à Paea et Papeete fonctionnent très bien”, indique Kathy Gaudot, présidente de la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie (FCPLDT). À Teva i Uta, l’attribution d’une subvention sera présentée lors du prochain conseil municipal, afin de soutenir la fédération dans ses actions à l’échelle de la commune.
Tearii Alpha, maire de Teva i Uta : “On ne peut plus attendre”
Crédit : archive Tahiti Infos.
C’est une mesure forte et inédite à l’échelle d’une commune. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
“Je vois les rapports de police qui augmentent de mois en mois dans tous les faits, surtout les affaires liées aux stupéfiants. La situation se dégrade. La semaine dernière, jeudi, nous avons été resensibilisés avec une vingtaine d’élus de Papeari et Mataiea par la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie. Nous avons acté plusieurs décisions concrètes pour avancer (lire encadré ci-dessus). On veut secouer le cocotier ! On ne sait même plus ce qu’il y a dans les vapos. Une nouvelle drogue est arrivée en Polynésie : en plus de l’ice, il y a le PTC, pour Pète ton crâne, qui se mélange au liquide des vapos. En tant que père et maire, je n’ai pas envie d’aller enterrer les jeunes avant leurs parents. Notre réaction, c’est de proposer d’interdire tout type de vapotage sur la voie publique. On ne peut plus attendre.”
Vous dîtes qu’il faut “secouer le cocotier” : justement, n’est-ce pas au Pays de prendre ce type de mesures ?
“J’ai demandé au ministre de la Santé, que j’ai vu dernièrement, de réagir face aux dangers des vapos qui peuvent dissimuler des drogues. Si les autorités publiques estiment que cette interdiction ou la ligne verte sont bénéfiques, et qu’il faut les globaliser à l’échelle du Pays, tant mieux : l’objectif, c’est d’avancer et de ne pas laisser nos enfants exposés aux drogues. Je reviens du collège pour la rentrée : l’an dernier, chez nous, les plus jeunes vapoteurs avaient 10 ans ! N’attendons pas la catastrophe, car le raz-de-marée de l’ice a déjà fait beaucoup de dégâts en Polynésie.”
Vous dîtes qu’il faut “secouer le cocotier” : justement, n’est-ce pas au Pays de prendre ce type de mesures ?
“J’ai demandé au ministre de la Santé, que j’ai vu dernièrement, de réagir face aux dangers des vapos qui peuvent dissimuler des drogues. Si les autorités publiques estiment que cette interdiction ou la ligne verte sont bénéfiques, et qu’il faut les globaliser à l’échelle du Pays, tant mieux : l’objectif, c’est d’avancer et de ne pas laisser nos enfants exposés aux drogues. Je reviens du collège pour la rentrée : l’an dernier, chez nous, les plus jeunes vapoteurs avaient 10 ans ! N’attendons pas la catastrophe, car le raz-de-marée de l’ice a déjà fait beaucoup de dégâts en Polynésie.”