​Au tribunal, la violence conjugale au féminin


Tahiti, le 18 août 2025 - Déjà condamnée à trois reprises pour avoir frappé son ex-compagnon, une femme de 27 ans a de nouveau été jugée lundi pour répondre de coups portés à son nouveau concubin, un homme visiblement fragilisé par les faits. La prévenue, jugée en état de récidive légale, a écopé de 35 mois de prison ferme.

 
Une femme de 27 ans, mère de trois enfants dont deux placés par les services sociaux, a été jugée lundi en comparution immédiate pour avoir frappé son compagnon à plusieurs reprises. En février puis en juillet, la victime avait porté plainte à la gendarmerie de Faa'a où elle avait dénoncé plusieurs épisodes de violence au cours desquels la prévenue l'avait notamment mordue, frappée avec une lampe torche et griffée. À deux reprises, l'homme avait bénéficié d'incapacités totales de travail de six et sept jours. Les médecins de l'unité médico-judiciaire avaient également relevé qu'il subissait des “cris”, des “injures” et des actes d'“intimidation”.
 
Particulièrement véhémente lors de sa comparution lundi, la prévenue a indiqué qu'elle avait agi ainsi pour se défendre de la violence de son compagnon. Alors qu'elle soutenait qu'elle avait des certificats médicaux attestant de cette supposée violence, le représentant du ministère public s'est étonné qu'elle n'en ait jamais fait état lors de la procédure en rappelant que l'homme avait été entendu par les enquêteurs et que rien n'avait été retenu contre lui. La présidente du tribunal a, pour sa part, interpellé la jeune femme sur son casier judiciaire marqué par trois condamnations pour des violences commises sur son ex-compagnon dont une de 18 mois de prison dont neuf avec sursis. Lors de la commission des nouveaux faits, la prévenue se trouvait d'ailleurs sous le coup de deux sursis probatoires.
 

“Je t'aime, moi non plus”


Entendu à son tour, le compagnon de la jeune femme est apparu fragile et parfois en pleurs à la barre en expliquant qu'il l'aimait toujours mais qu'il souhaitait qu'elle “change”. “Une grande sincérité” relevée par le procureur de la République qui a insisté lors de ses réquisitions sur le fait que l'homme ne s'était “pas inventé victime” puisque la réalité de cette affaire est “attestée” par les éléments du dossier dont les certificats médicaux. Le représentant du ministère public a finalement requis un an de prison ferme et la révocation des peines de cinq et six mois de prison avec sursis auxquelles la prévenue avait été condamnée lors de précédentes affaires.
 
Pour la défense de la jeune femme, Me John Tefan a évoqué un couple à la “Je t'aime, moi non plus” en assurant que les éléments qui auraient pu permettre de démontrer que l'homme était violent avec sa cliente se trouvaient dans le portable de cette dernière qui aurait été détruit par la victime. Il a ensuite évoqué le casier judiciaire de la jeune femme pour assurer que “ça, c'est du passé”. Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la récidiviste à deux ans de prison ferme ainsi qu'à la révocation des 11 mois de prison avec sursis, soit 35 mois de prison ferme.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 19 Aout 2025 à 07:19 | Lu 3648 fois