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Des pistes pour le bien vieillir des matahiapo


Les rapporteurs des différents ateliers des premières Assises des personnes âgées.
Les rapporteurs des différents ateliers des premières Assises des personnes âgées.
PAPEETE, le 6 décembre 2017 - Comment améliorer la prise en charge des matahiapo à Tahiti mais également dans les îles pour les aider à bien vieillir ? C’est la question que se sont posée les participants aux Assises des personnes âgées, organisées par le ministère de la Santé les 4 et 5 décembre. La restitution des travaux de ces premières Assises a eu lieu mardi à la Présidence. Si le chantier est vaste, les idées ont foisonné pour améliorer leur prise en charge.

« On part presque de zéro, mais c’est une chance ! Cela nous donne la possibilité de construire une filière gériatrique avec tous les acteurs concernés, de nous enrichir des expériences des uns et des autres »
, souligne avec optimisme le Dr Claudine Mathis, médecin gériatre à la Direction de la santé, arrivée en juin dernier en Polynésie pour travailler notamment sur les plans de gériatrie et de santé mentale.
Et effectivement, le pourcentage des personnes âgées qui devrait passer de 12% en 2017 à 18% en 2027 dans la société polynésienne, oblige tous les acteurs concernés de ce secteur à développer une véritable filière gériatrique en tenant compte de la spécificité géographique de la Polynésie et de ses archipels éloignés.

AMELIORER L’ACCES AU TRANSPORT

Durant ces deux jours, cinq ateliers de travail composés de professionnels du milieu social, médical, associatif, de l’habitat, des transports, des statisticiens, des bénévoles et des jeunes, venus des cinq archipels, ont planché sur les thématiques suivantes : les dispositifs de maintien à domicile et d’accueil hors domicile, la prévention et l’évaluation en matière de santé, la prise en charge, et enfin la contribution des personnes âgées à la société.
Pour le ministre de la Santé Jacques Raynal, « ce plan était nécessaire pour faire, d’une part, un bilan de la prise en charge actuelle des personnes âgées en Polynésie; et d’autre part, pour se projeter dans l’avenir afin de définir les besoins de cette population, notamment dans les îles. Ces Assises vont permettre de rassembler un recueil d’idées qui aidera à prioriser les actions les plus pertinentes à mettre en place, et notamment dans le domaine du transport qui pose des difficultés importantes aux matahiapo ».

UN GUICHET UNIQUE

Les propositions des différents groupes de travaux ont été très fructueuses. Plusieurs idées sont clairement ressorties des discussions.
Tout d’abord, les participants ont proposé de développer les formations des personnes étant en contact avec les personnes âgées, car s’occuper d’un matahiapo nécessite des compétences spécifiques et ne s’improvise pas. L’accompagnement des aidants familiaux est également important.
La création d’un guichet unique centralisant les informations pour tous les intervenants devrait également faciliter la prise en charge.
Autre proposition intéressante, les participants du groupe des Unités de vie et d’accueil hors domicile, souhaitent clairement qu’un texte réglemente les différentes structures qui s’ouvrent. « Il faut une réglementation, c’est essentiel, c’est un gage de qualité. A l’heure actuelle, n’importe qui peut ouvrir un établissement », s’insurge Samuel qui a ouvert avec un associé une maison de retraite médicalisée à Papeete.
Les participants souhaitent également la mise en place de la grille AGGIR qui permet d’évaluer en fonction de six critères, le niveau de dépendance de la personne âgée.
Enfin, on peut noter une idée originale, celle proposée par le groupe de jeunes invités à participer aux travaux de l’atelier portant sur « la contribution des personnes âgées à la société ». Calquée sur le modèle de l’initiative métropolitaine « Le temps pour toiT » qui permet à des personnes âgées de loger sous leur toit des jeunes, cela favoriserait selon eux, le dialogue et les échanges entre les générations.
Maintenant reste à concrétiser ces idées…
« Le schéma devrait être fait rapidement et la filière gérontologique devrait ensuite ouvrir dans de bonnes conditions. Il faut se rendre compte que l’espérance de vie a augmenté de 20 ans sur les 60 dernières années, cela veut dire que les pathologies que l’on rencontre maintenant, n’existaient que très peu auparavant, on doit donc s’adapter », conclut le Dr Claudine Mathis.

Le dr Claudine Mathis.
Le dr Claudine Mathis.
Dr Claudine Mathis, Gériatre :
Une unité mobile de gériatrie sur les rails


« Il n’existe pas de service gériatrique à l’hôpital, l’une de nos priorités est de monter une équipe mobile de gériatrie qui pourra servir en intra et en extra hospitalier. Cette équipe, formée de professionnels qualifiés à la prise en charge des personnes âgées, pourra aider les autres professionnels des différents services à s’occuper des patients, y compris dans le service des Urgences. En effet, une longue attente aux Urgences est difficile pour un public fragile comme l’est celui des personnes âgées, il faut donc travailler là-dessus. L’équipe mobile pourrait aussi être affectée en extra hospitalière ».


Teave Chaumette, présidente de l'association Polynésie Alzheimer :
Une réglementation pour les structures d'accueil


« Nous avons participé aux travaux de l’atelier sur les structures d’accueil, les unités de vie. Nous revenons de Nouvelle-Calédonie où nous avons pu voir ce qui se faisait là-bas en terme d’accueil de prise en charge pour les personnes souffrant Alzheimer. Certaines d’entre elles sont réalisables ou adaptables en Polynésie. Nous avons proposé qu’il y ait une plus grande majorité de personnes âgées qui puisse profiter des trois types de structures qui existent là-bas, à savoir les familles d’accueil, les unités de vie de 3 à 10 personnes et les Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), ces derniers n’existent pas légalement ici. Par ailleurs, nous souhaiterions également qu’une réglementation soit instaurée pour toutes ces structures ».


le Mercredi 6 Décembre 2017 à 17:21 | Lu 2056 fois