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Turbulent début de scrutin en Papouasie-Nouvelle-Guinée


Turbulent début de scrutin en Papouasie-Nouvelle-Guinée
PORT-MORESBY lundi 25 juin 2012 (Flash d’Océanie) – Le scrutin des législatives a officiellement démarré samedi 23 juin 2012 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur fonds de violences dans certaines des provinces les plus turbulentes de cet archipel de sept millions d’habitants.
Dans ce pays caractérisé par les paradoxes (énormes richesses en minerais, en pétrole et en gaz naturel, mais aussi énorme pauvreté de la population), ce sont plus de quatre mille candidats qui se sont manifestés pour briguer les 111 sièges à prendre au sein du Parlement national.
Plus de quatre millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales pour ce scrutin qui est à nouveau marqué par les énormes défis à relever au plan de l’organisation, compte tenu des distances à couvrir pour des provinces souvent très difficiles d’accès.
Aussi bien pour assurer la sécurité de ce scrutin et un appui logistique pour le transport du matériel de vote et des personnels chargé de l’organisation, les armées australienne et néo-zélandaise ont apporté leur soutien, en soldats et en matériel (y compris des hélicoptères et des avions).
Dès le début des opérations de vote, notamment placées sous le regard scrutateur d’une délégation du Commonwealth (dirigée par l’ancien Premier ministre de Vanuatu Edward Natapei), c’est dans la province des Hauts-Plateaux, riche en minerais, que les premiers incidents violents ont été rapportés dimanche.
Dans la région de Hela (où se trouve aussi le site d’un projet d’énorme usine de gaz naturel liquéfié, piloté par le géant américain ExxonMobil), un scénario familier a eu lieu : des électeurs en colère de ne pas avoir pu voter rapidement s’en sont pris aux urnes et en ont détruit trois à coup de hache.
Ces électeurs, connus pour être des sympathisants de l’un des candidats en lice dans cette circonscription, avaient aussi entrepris de confisquer d’autres urnes, avant de les restituer finalement en fin de journée, permettant ainsi aux employés du bureau de vote de conclure les opérations pour la journée.
D’autres comptes-rendus, jusqu’ici non confirmés par la police, font état de la mort d’un homme, abattu au village de Kelabo (toujours dans la province de Hela) où il avait entrepris de photographier les opérations de vote.
Selon le quotidien The National, une bagarre entre sympathisants aurait aussi entraîné la mort d’une personne, dans cette province des Hauts-Plateaux.
La victime aurait succombé à un pugilat entre sympathisants rivaux.
La police locale a aussi confirmé qu’au moins quatre maisons, dans la même région, avaient été incendiées samedi.
En d’autres points de cette turbulente province, la police a aussi confirmé avoir dû faire usage de gaz lacrymogène et quelquefois de matraques afin de contrôler une foule à l’extérieur d’un bureau de vote.
Les électeurs étaient excédés par le manque d’organisation et notamment de notables lacunes au plan des listes électorales.
Après que de nombreux bureaux de vote n’aient pas pu fonctionner normalement samedi, décision a été prise de les ouvrir pour une seconde journée dimanche.
Alors qu’au plan national, le directeur du bureau des élections, Andrew Trawen, affirme depuis plusieurs semaines que le pays est prêt pour ce scrutin, des responsables locaux, eux, n’hésitaient as à dénoncer le manque de préparation, aussi bien en matériel qu’en formation des agents de base.
Déjà, en 2002, lors de précédentes législatives, le scrutin avait dû être déclaré nul pour cette province, sur fonds d’affrontements et de violences qui avaient fait une centaine de victimes, rappelle le quotidien The National.
Le scrutin de 2007 avait toutefois été relativement calme.
Pour 2012, les opérations de vote devraient s’étaler au cours des deux semaines à venir, à raison, en théorie, d’un jour par groupe de provinces.
Après les Hauts-Plateaux, le scrutin devrait se poursuivre dans les autres provinces de l’archipel.
Dans la province de Chimbu, un candidat à la députation a dû être interpellé et maintenu en détention à la suite d’un échange nourri de coups de feu avec des soldats de l’armée, mobilisés dans le cadre du plan de sécurisation du scrutin.
Dans les provinces insulaires de la Nouvelle-Bretagne de l’Est et de la Nouvelle-Irlande, par contre, tout comme dans la capitale Port-Moresby, aucun incident significatif n’a été jusqu’ici signalé.
Au cours des semaines qui ont précédé ces élections législatives, la presse locale a rapporté une quinzaine de décès liés à des affrontements en partis ou candidats rivaux, sur fonds de lutte pour le pouvoir entre le Premier ministre historique du pays, Sir Michael Somare (76ans) et Peter O’Neill, qui l’a remplacé en août 2011, invoquant une vacance du pouvoir à la suite d’un séjour prolongé de M. Somare à l’étranger pour cause d’opération à cœur ouvert.

Rédigé par PAD le Lundi 25 Juin 2012 à 06:22 | Lu 453 fois