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La Papouasie-Nouvelle-Guinée entame sa seconde semaine de scrutin sur fond de violences persistantes


La Papouasie-Nouvelle-Guinée entame sa seconde semaine de scrutin sur fond de violences persistantes

PORT-MORESBY, lundi 2 juillet 2012 – La Papouasie-Nouvelle-Guinée a entamé ce week-end sa seconde semaine de scrutin dans le cadre d’élections législatives toujours marquées par de multiples violences qui ont entraîné la mort de plusieurs dizaines de personnes, malgré un important dispositif de sécurité appuyé par les force australiennes et néo-zélandaises.
Ce scrutin, qui a officiellement débuté, province par province, le 23 juin 2012, continue à se tenir dans les provinces de ce vaste pays peuplé de sept millions d’habitants.
En fin de semaine dernière, venant s’ajouter à de précédents comptes-rendus de victimes à la suite d’affrontements violents entre sympathisants de camps opposés, la presse locale faisait à nouveau état de trois nouveaux morts, tués à la hache dans le district de Tangu (centre de l’île principale, près de la ville côtière de Madang), selon le quotidien Post Courier.
Les victimes, dont le nombre reste toujours provisoire, étaient en majorité des scrutateurs agissant au nom de leur parti, au sein du bureau de vote local, selon les mêmes sources.
Les appels au calme, depuis renouvelés aussi bien de la part des candidats de cette circonscription que de la part de la police, n’ont jusqu’ici pas eu l’effet escompté.
Des dizaines de personnes de cette localité ont pris la fuite et trouvé refuge dans la jungle environnante.
Au cours de la première semaine de vote, c’est dans la province des Hauts-Plateaux (en particulier dans le district de Hela, non loin du site de construction d’un énorme projet de gaz naturel piloté par le géant américain ExxonMobil) que des violences avaient eu lieu, accompagnées de destruction d’urnes et de manœuvres d’intimidation aux abords des bureaux de vote, malgré la présence de plusieurs missions d’observateurs, dont une du Commonwealth présidée par l’ancien Premier ministre de Vanuatu, Edward Natapei.
Les violences avaient débuté lorsque les responsables du bureau de vote local ont annoncé leur intention de transférer les urnes vers une autre circonscription, afin que le dépouillement puisse se faire dans des conditions plus sereines.
Ils ont rapidement dû abandonner cette idée.
Des centaines de personnes se sont aussi plaint d’avoir dû constater, en se présentant pour accomplir leur devoir électoral, que leur nom ne figurait pas sur les listes.
Dans la province des Hauts-Plateaux, de nombreuses plaintes ont concerné la présence sur les listes d’électeurs « fantômes », une manière de désigner des personnes décédées et pour lesquelles des gens se sont présenter pour voter en leur nom.
Ces anomalies ont aussi entraîné, dans de nombreux cas, de nouvelles violences, en signe de frustration de la part des électeurs n’ayant pas pu voter.
Dans ce climat tendu, le Vice-premier ministre du gouvernement sortant, Belden Namah, n’a pas hésité à s’en prendre nommément à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, en accusant ces deux pays d’être responsables de cet état de fait et a minima de s’être « ingéré » dans les affaires du pays.
M. Namah s’en est aussi pris, au plan intérieur, à son propre Premier ministre, Peter O’Neill, mais aussi à la commission électorale, chargée de l’organisation de ce scrutin et qui avait pourtant assuré ces dernières semaines que tout était en place pour faire en sorte que les élections se déroulent sans accroc.
Mais selon ce politique, qui était un ardent défenseur d’un report du scrutin, la commission, malgré un appui de plusieurs dizaines de « conseillers » et « experts » australiens, a plutôt « orchestré un désastre ».
« Quelle honte. Nous avons plus de deux cents conseillers australiens qui travaillent pour la commission électorale et qui ont aidé à l’orchestration de ce désastre », déclarait M. Namah en fin de semaine dernière à la radio nationale publique.
Réponse immédiate de l’agence australienne pour l’aide internationale au développement, AusAid qui, via son représentant local, a souligné que son rôle avait avant tout été de fournir les « outils » (et des ordinateurs) permettant une mise à jour des listes électorales, mais que la mise à jour de ces listes se place sous la responsabilité du pays hôte.
Au cours des semaines qui ont précédé ce scrutin, sur fonds de lutte pour le pouvoir entre M. O’Neil et son prédécesseur direct, Sir Michael Somare, le Parlement papou avait un temps fait mine de vouloir repousser ces élections d’au moins six mois.
Cette posture avait entraîné une vive réponse de la part de l’Australie, qui avait pesé de tout son poids pour que le scrutin se déroule à la date initialement prévue.
La semaine dernière, Richard Marles, secrétaire d’État australien pour les affaires étrangères et le Pacifique, soulignait que Canberra entendait « réserver son jugement » sur le bonne conduite des élections papoues jusqu’à ce qu’elles soient conclues.
Andrew Trawen, qui préside la commission électorale, a admis en fin de semaine dernière l’existence de « gros problèmes » concernant ces élections et affirmé que les irrégularités faisaient actuellement l’objet d’une enquête, dont les conclusions seraient ensuite transmises à la police.
Une prolongation de la durée du scrutin dans certaines provinces n’a pas été exclue par le responsable.
Selon les premiers résultats provisoires connus depuis ce week-end dans les provinces qui ont déjà voté (y compris celle des Hauts-Plateaux), Peter O’Neill et son parti auraient recueilli une avance confortable.
Près de quatre mille candidats sont en lice pour décrocher un des 111 sièges au sein du Parlement national.

Rédigé par PAD le Lundi 2 Juillet 2012 à 05:49 | Lu 325 fois