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Makemo : un nouveau groupe électrogène grâce aux Jeux inter-îles


Makemo : un nouveau groupe électrogène grâce aux Jeux inter-îles
PAPEETE, le 13 décembre 2017 - Pour ces Jeux des Tuamotu Est, le pays a affrété un groupe électrogène plus puissant sur l’atoll de Makemo. Un service qui a rendu le sourire à la municipalité, mais surtout aux habitants, tributaires de nombreuses coupures d’électricité depuis quelques mois. Un groupe qui devra rester jusqu’au 31 décembre, mais le maire n’a pas l’intention de le laisser repartir.

Avant le lancement des Jeux inter-îles, les délégations venues de Tahiti ont été témoins de la situation énergétique sur l’atoll de Makemo.
En effet, des coupures de courtes durées sont intervenues, vendredi matin, " afin de procéder au remplissage du carburant ", souligne Félix Tokoragi, maire de Makemo. Une situation qui n’est pas anodine pour les habitants de Makemo.
Si d’autres attendent, impuissants, le retour de l’électricité, les commerçants, quant à eux, s’organisent pour éviter la perte de leurs produits frais.

" Ils peuvent recouper une semaine après, pour les révisions, pendant une heure, voire deux heures. Parfois, ils coupent vers minuit jusqu’au matin, quand cela est dû sûrement à des pannes plus importantes. Si les coupures de courant durent plus de six heures, on cherche une solution par rapport à notre petit groupe électrogène ", prévient Thomas Maifano, commerçant à Makemo.

" NOUS NE SOMMES PAS ASSUJETTIS A DES CHANTAGES "

Conscient de ces difficultés, le Pays a donc affrété un groupe électrogène plus puissant, " de 400 Kva, alors que nous avions un vieil appareil de 300 kva. Ce groupe nous causait beaucoup de soucis. Donc, grâce aux Jeux, le pays a pu répondre à ce problème de fourniture d’électricité au sein de notre commune", se rassure le tāvana.

Mais, ce nouveau groupe devra reprendre la direction de Papeete, dès le 1er janvier. " Je demanderai à ce qu’il reste. Nous ne sommes pas assujettis à des chantages. Donc, ce groupe restera sur l’atoll de Makemo ", prévient Félix Tokoragi.

Pour le tāvana, la situation ne peut plus durer. " Depuis que je suis élu, nous avons eu ce problème d’électricité. C’est un problème juridique puisque depuis 2006, la commune a délégué la compétence de la fourniture d’énergie via une convention d’affermage, et cette convention, ce sont les techniciens des services d’énergie de l’époque qui l’ont rédigée. Son objectif est que la commune cède la fourniture d’électricité à la SEM qui est composée d’Auroy, de la SPRES, avec Bruno Marthy... Ce sont ces personnes-là qui ont fait en sorte que cette SEM puisse fonctionner. Cette convention a été signée par le président de l’époque, Oscar Temaru. Aujourd’hui, la SEM avec Auroy, la SPRESS, la SEDEP et le pays doivent assurer leurs responsabilités ".


" NOUS NE SOMMES PAS UNE POPULATION QUI DOIT ETRE TRAITEE COMME DU BETAIL "

Six éoliennes de la SEM Te mau ito api couchées, voilà le spectacle auquel ont droit les visiteurs de Makemo.
Six éoliennes de la SEM Te mau ito api couchées, voilà le spectacle auquel ont droit les visiteurs de Makemo.
Ouvrir le marché à d’autres sociétés pourrait être une solution, mais un problème persiste. " Les sociétés qui souhaitent venir ici demandent à mettre en place la péréquation ", confie le maire de Makemo. " Sur l’atoll de Hao, c’est EDT qui assure et il y a ce système de la péréquation. Dans la commune associée de Katiu et Taenga, le carburant est vendu à 69 francs. Si la péréquation est acceptée, le prix du litre du carburant sera à 30 francs. Donc, les sociétés qui désirent venir chez nous pour produire de l’énergie, demandent juste la mise en place de cette péréquation, pour que leurs dépenses n’explosent pas. "

Une loi de pays sur la péréquation aurait même dû, selon Félix Tokoragi, passer à l’assemblée. " Manque de pot, cette loi de pays n’a jamais été présentée à l’assemblée pour être débattue. Donc, le document en question qui serait présenté à l’assemblée est en attente, et la seule solution pour sortir les communes des Tuamotu ne pourrait venir que par cette péréquation. Et la péréquation répond à une justice de fourniture d’énergie dans les communes, où il y a peu d’habitants. "

Le tāvana appelle le pays et la SEM Te mau ito api à prendre leurs responsabilités. " S’il n’y avait pas les Jeux, nous sommes convaincus qu’on n’aurait pas eu ce nouveau groupe. Donc, les Jeux ont fait accélérer le fait qu’on puisse garantir un minimum de fourniture d’énergie au sein du village de Makemo. Alors qu’avant 2004, c’était une compétence du pays. Maintenant, on demande à la commune de le faire, mais on ne nous donne pas les moyens pour accompagner correctement ce service public ".

Et à quelques mois des territoriales, Félix Tokoragi compte bien faire entendre la voix de sa commune. " Nous ne sommes pas une population qui doit être traitée comme du bétail ", conclut-il.

le Mercredi 13 Décembre 2017 à 11:28 | Lu 1673 fois