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Les prothèses mammaires PIP, une affaire aux ramifications mondiales


Les prothèses mammaires PIP, une affaire aux ramifications mondiales
MARSEILLE, 21 décembre 2011 (AFP) - Les prothèses mammaires fabriquées par la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP), au coeur d'un vaste scandale en France, étaient surtout vendues à l'étranger, notamment en Amérique du Sud et dans plusieurs pays européens.

Avant la liquidation de l'entreprise en mars 2010, les ventes "export" de PIP, qui produisait quelque 100.000 prothèses par an et fut un temps numéro trois mondial du secteur, représentaient environ 84% de son activité, précise le jugement de liquidation judiciaire du tribunal de commerce de Toulon, consulté mercredi par l'AFP.

Les implants étaient alors diffusés par une soixantaine de distributeurs dans plus de 65 pays, auprès des chirurgiens, hôpitaux, cliniques.

Parmi ses marchés de prédilection, figurait l'Amérique du sud (Venezuela, Brésil, Colombie, Argentine...): plus de 58% des ventes export en 2007 (50% en 2009).

Dès le printemps 2010 et l'alerte de l'agence française du médicament (Afssaps) contre un processus de fabrication non conforme, l'organisme de Santé publique du Chili avait ainsi ordonné le retrait des prothèses PIP de son marché.

L'Europe de l'ouest (Espagne, Grande-Bretagne, Suède, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Suisse...) était l'autre grande région d'exportation (27 à 28%).

Au Royaume-Uni, l'agence de surveillance des produits médicaux estime entre 40.000 et 50.000 le nombre de porteuses d'implants de cette marque. Les appelant à ne "pas paniquer", elle a estimé mercredi qu'il n'y avait pas la preuve d'un lien entre ces prothèses et l'apparition de cancer justifiant qu'on demande aux femmes de se les faire retirer.

En 2007-08, une centaine de Britanniques avaient porté plainte contre PIP pour "prothèses défectueuses (fuites de gel de silicone)", relève le tribunal de commerce de Toulon. PIP a été condamné par défaut à 1,4 million d'euros d'indemnités pour "non-représentation" devant le tribunal, a indiqué à l'AFP Me Yves Haddad, avocat des deux principaux dirigeants de la société, qui admettent avoir commercialisé un produit sans agrément mais répètent que rien ne montre "pour le moment que le produit peut entraîner la maladie".

En Espagne, les autorités sanitaires avaient dès mars 2010 ordonné aux chirurgiens de ne plus implanter ces prothèses et conseillent aux femmes d'en vérifier l'état auprès de leur praticien. Certaines d'entre elles, rassemblées sous le nom "Afectadas por protesis PIP", réclament aux autorités qu'elles remboursent l'extraction des implants.

En Allemagne, aucune campagne de rappel n'est pour l'heure envisagée, dans l'attente de la décision française en la matière en fin de semaine. L'Institut fédéral pour les médicaments avait mis en garde en avril femmes et médecins contre ces produits.

Parmi les autres clients de PIP, figurait l'Europe de l'est (Bulgarie, Hongrie, Russie, Biélorussie, Pologne, Tchéquie), passée de 5,4% des ventes export en 2007 à 10% en 2009. La société vendait aussi en Iran, Turquie, Israël, Syrie et dans les Emirats (8,1% en 2009), de même qu'en Australie, Thaïlande, au Japon, à Singapour, en Chine.

Les dernières années cependant, les difficultés s'accumulent pour PIP face à la crise et la baisse du dollar. Placée en procédure de sauvegarde en 2009, l'entreprise, en cessation de paiement, est mise en liquidation judiciaire en mars 2010.

Au même moment, l'Afssaps lance son alerte, faisant état d'un taux de rupture anormal des prothèses, et avise le parquet de Marseille. Les enquêteurs soupçonnent la société d'avoir voulu réduire ses coûts avec des gels de silicone qui lui auraient fait économiser un million d'euros par an.

Depuis, plus de 2.000 femmes ont porté plainte à Marseille, un nombre qui devrait certainement croître selon le parquet. Aucune plainte n'est à ce stade encore venue de l'étranger.

bur-cho/anb/nal

Rédigé par Par Catherine HOURS le Mercredi 21 Décembre 2011 à 06:32 | Lu 643 fois