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Les Samwer, trois frères allemands stars du clonage sur internet


Les Samwer, trois frères allemands stars du clonage sur internet
BERLIN (Allemagne), 18 août 2012 - En une décennie, les frères allemands Oliver, Marc et Alexander Samwer sont devenus un trio aussi admiré que jalousé grâce à leur "incubateur de start-up", qui a lancé une centaine de "clones" de sites internet à succès, comme Ebay ou Groupon.

Signe de leur aura, les trois frères, dont la fortune est estimée à 350 millions d'euros par la presse, ont vu cette semaine la grande banque américaine JP Morgan entrer au capital de l'une de leurs créations les plus en vue, le site de vente de chaussures et vêtements Zalando.

Leur activité, démarrée en 1999 et menée depuis 2007 via le fonds d'investissement berlinois Rocket Internet, suit une formule immuable: détecter les sites qui marchent à l'étranger, les copier et améliorer leur formule, pour conquérir l'international.

Confortablement installée dans le quartier en vogue de Prenzlauerberg (nord de Berlin), la société Hello Fresh, qui propose aux internautes de commander chaque semaine un panier de produit frais accompagné de recettes de cuisine, le tout livré à domicile, est l'une des dernières créations du trio, peu bavard avec la presse. Son modèle? Le site suédois à succès Linas Matkasse.

"Nous faisons beaucoup de choses différement mais fondamentalement, notre produit est le même, adapté au marché local", dit à l'AFP le fondateur de Hello Fresh Dominik Richter, 27 ans, jean et t-shirt décontractés.

Des "clones" d'eBay, de Meetic ou de Groupon

"Rocket ne nous a pas simplement apporté de l'argent. C'est un incubateur, c'est à dire qu'il nous fournit tout ce dont nous avons besoin dans les premiers mois pour démarrer notre activité: des fournitures, du mobilier, ainsi que des équipes et des savoirs", précise Dominik Richter.

Lancée en novembre dernier, cette jeune pousse est déjà présente dans sept pays - dont la France - et ne vise rien de moins que devenir numéro un mondial sur ce segment.

"Il y a des entrepreneurs pionniers et des entrepreneurs d'exécution. Nous appartenons sans doute plus à la catégorie des entrepreneurs d'exécution", résumait Oliver Samwer au magazine Businessweek en mai dernier, répondant à ceux qui l'accusent de n'être qu'un plagieur.

Âgés de 39, 31 et 37 ans, Oliver, Marc et Alexander Samwer ont lancé leur première société Alando en 1999, copiant le célèbre site de petites annonces Ebay, et sont aujourd'hui présents dans plus de 40 pays.

Le trio a depuis lancé une centaine de répliques, la plupart basées à Berlin, comme le site de rencontres eDarling (équivalent de Meetic Infinity), le vendeur de meubles Home24.fr (Fab.com), CityDeal (Groupon) ou encore Zalando (Zappos).

Lorsque la société originale entend se développer à l'étranger, elle ne peut que constater que la place est déjà prise par un site estampillé "Rocket".

"Le mec le plus agressif de l 'internet sur la planète"

"Le succès des frères Samwer, c'est qu'ils investissent dans un très grand nombre de modèles et revendent par la suite leurs participations", le plus souvent à "un bon prix", a expliqué à l'AFP Kai Hudetz, directeur du centre de recherche sur le e-commerce de Cologne (ouest).

Ebay a racheté Alando cent jours seulement après son lancement en 1999 pour 50 millions de dollars et Groupon a racheté CityDeal en échange de parts dans son capital.

"Les frères Samwer ont compris le principe du e-commerce, preque mieux que n'importe qui dans le monde", dit d'eux l'influent magazine allemand der Spiegel, en les comparant à Steve Jobs (Apple) ou à Mark Zuckerberg (Facebook).

Cette réussite suscite son lot de critiques, les frères Samwer étant régulièrement taxés d'autoritarisme. Leur fonds Rocket Internet emploie 350 personnes, et l'ensemble des sociétés qui en émanent 15.000.

"Je suis le mec le plus agressif de l'internet sur la planète. Je mourrai pour gagner et j'attends de même de votre part !", écrivait Oliver Samwer dans un courrier électronique à ses équipes, dévoilé par le site TechCrunch.

"Ils sont souvent admirés (...), jalousés pour leur réussite, mais ils sont surtout craints" dans le secteur du commerce de détail, qui traverse une passe difficile en Allemagne, estime M. Hudetz.


Par Benoît TOUSSAINT

Rédigé par AFP le Vendredi 17 Août 2012 à 21:20 | Lu 1710 fois