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Relations franco-fidjiennes : Paris fait l’éloge de la non-ingérence


Relations franco-fidjiennes : Paris fait l’éloge de la non-ingérence
SUVA, mardi 17 juillet – La réception donnée à l’occasion de la fête nationale française, dans la capitale fidjienne Suva, samedi 14 juillet 2012, a aussi été l’occasion pour le gouvernement français, via son ambassadeur, de souligner l’importance du principe de non-ingérence entre pays amis.
S’exprimant à l’occasion de cette réception, au Musée Nation al de Fidji, à dans la capitale Suva, l’ambassadeur de France Gilles Montagnier a d’abord salué les efforts de cet archipel en vue de revenir à un système démocratique, par voie d’élections annoncées pour le dernier trimestre 2014.
« Il s’agit de poursuivre, avec patience et détermination, le retour à la démocratie que nous attendons tous. Comme vous le savez, la France a été l’un des tout premiers pays à marquer sa satisfaction pour les mesures très positives qui ont été prises depuis le début 2012 : levée de l’état d’urgence, du contrôle sur les médias, retour à la liberté de rassemblements sous quelques conditions », a notamment souligné le diplomate, en présence de plusieurs centaines d’invités, parmi lesquels le Président fidjien Ratu Epeli Nailatikau et le ministre des affaires étrangères Ratu Inoke Kubuabola.
« Il n’appartient pas au représentant d’une puissance étrangère de se prononcer sur les questions de politique intérieure d’un pays ami, mais je voudrais simplement dire que nous formons le vœu que tous les Fidjiens jouent le jeu, sans arrières pensées, afin que les incontestables progrès qui ont été réalisés ne soient pas mis en péril », a-t-il poursuivi en qualifiant les relations franco-fidjiennes de « relations de pays amis qui poursuivent un intérêt commun dans une partie du monde à laquelle ils appartiennent ».
« La France, grâce à ses trois collectivités territoriales, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française et Wallis et Futuna est un pays du Pacifique Sud », a-t-il rappelé.
« À ce sujet, j’ouvre une parenthèse et je dis solennellement ceci. Dans ces trois collectivités existe un débat politique, comme dans toute démocratie. Ce débat est un débat de politique intérieure française et doit être considéré comme tel par nos amis. Si, un jour, ces collectivités devaient revoir leurs relations avec la France, ce serait sur la base d’un vote majoritaire des populations concernées, sur le principe que reconnaissent toutes les démocraties, ‘un homme, une voix’ et non sous la pression de tel ou tel pays ou de tel ou de tel groupe de pays », a déclaré l’ambassadeur, qui parle en outre de relations bilatérales « en pleine expansion, que ce soit dans le domaine économique, culturel, scientifique ou technique ».
Cette « parenthèse » au sein de ce discours diplomatique intervient quelques jours après qu’un projet de mission en Nouvelle-Calédonie, sous l’égide du Groupe subrégional Mélanésien Fer de Lance (GMFL), annoncé par cette organisation, n’ait finalement pas eu lieu, sur fond de protestations venues de Nouvelle-Calédonie concernant le fait que cette mission devait être conduite par le Contre-amiral Premier ministre Franck Bainimarama, en tant que chef du gouvernement du pays assurant actuellement la présidence du GMFL (qui comprend, outre Fidji, Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et le mouvement indépendantiste néo-calédonien FLNKS).
Les protestations étaient notamment venues de Philippe Gomès, ancien Président du gouvernement local de Nouvelle-Calédonie, chef de file du parti Calédonie Ensemble et qui vient d’être élu député à l’Assemblée Nationale à l’issue des toutes récentes législatives françaises, aux côté de Sonia Lagarde, elle aussi du même parti.
Lors d’une visite à Paris, début juillet, les deux nouveaux députés avaient par ailleurs rencontré des responsables du gouvernement français pour réitérer, entre autres sujets, leur opposition à ce projet de mission GMFL menée par le Contre-amiral fidjien.
M. Gomès avait toutefois souligné que ce n’était pas la mission GMFL en elle-même qui faisait problème, mais le fait qu’elle soit conduite par « quelqu’un qui a conquis le pouvoir par la force des armes en dehors de tout respect des échéances démocratiques ».
En visite à Paris lui aussi début juillet 2012, Roch Wamytan Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et membre du FLNKS, lors d’un passage au Quai d’Orsay (ministère français des affaires étrangères) recevait lui aussi confirmation que la notion d’une mission en Nouvelle-Calédonie du GMFL, conduite par le Contre-amiral fidjien, ne se situait pas dans le domaine de l’acceptable.

Cette mission, tout comme de précédentes menées par le GMFL, avait pour principal objectif d’évaluer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, signé en mai 1998 entre partis locaux favorables et défavorables à l’indépendance, ainsi qu’avec le gouvernement français.
Cette feuille de route trace depuis un chemin d’autonomie élargie pour la Nouvelle-Calédonie, avec la création d’un gouvernement local, d’un Congrès (Parlement), d’un processus progressif de transfert de compétences de l’État vers les autorités local, avec à la clé une fenêtre d’opportunité pour un référendum d’autodétermination entre 2014 et 2018.

Le « report » de la mission du GMFL en Nouvelle-Calédonie, annoncé fin juin 2012, avait suscité une visite à Port-Vila (Vanuatu, siège de cette organisation), puis à Suva, de la part de Victor Tutugoro, membre du bureau politique du FLNKS.
Lors de son passage à Suva, M. Tutugoro avait alors reçu des « assurances » de la part du Contre-amiral concernant l’engagement du GMFL sur le dossier de la Nouvelle-Calédonie.

Entre-temps, à Papeete (Polynésie française’), à l’occasion d’un Forum Jeunesse organisé par l’Union pour la Démocratie (dont le noyau est le parti indépendantiste Tavini Huiraatira de l’actuel Président Oscar Temaru), et intitulé « Build Me A Nation « (construis-moi une nation), l’ambassadrice itinérante des îles Fidji pour le Pacifique, Litia Mawi, se serait déclarée favorable à une réinscription de la Polynésie française sur la liste des Nations-Unies des pays à décoloniser, rapportait mardi le quotidien Les Nouvelles de Tahiti.

Les relations franco-fidjiennes : au beau fixe

(extrait du discours prononcé par l’ambassadeur de France à Suva, Gilles Montagnier, lors de la réception du 14 juillet 2012 à Suva)

« Sur le plan bilatéral, les relations sont intenses, notamment avec la Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna, dans une moindre mesure, pour l’instant, avec la Polynésie Française.
Elles concernent le domaine de la santé avec l’appui de l’institut Pasteur de Nouméa, de la Recherche, vers l’IRD, de l’enseignement grâce à l’échange d’enseignants et de stagiaires.
Ces relations sont équilibrées et doivent être développées pour le bénéfice des populations des deux pays.

Sur le plan culturel les relations sont excellentes comme le confirme le succès renouvelé année après année de la fête de la musique, ici même, dans ce musée.
Ces relations se sont traduites également par l’invitation en France de deux fidjiens qui ont pu présenter leur film au festival du film océanien de Rochefort et ont également eu l’occasion de se rendre au festival de Cannes.
Et puis, une annonce, encore officieuse, la Nouvelle-Calédonie propose, dès cette année de demander à Fidji d’être l’invité d’honneur de la foire internationale de Nouméa.
Si Fidji répond positivement l’Ambassade de France aidera, bien sûr, à la réalisation de cet évènement.

Le seul domaine des lequel nous ne pouvons pas lutter en cette année 2012 est celui du sport.
La victoire des Fidjiens est écrasante, pour M. Franck Boivert ici, que je salue ce soir, près de 200 rugbymen Fidjiens jouent en France.
Donc victoire de Fidji 200 à 1.

Je voudrais terminer cette intervention en rappelant que je suis également accrédité à Kiribati, Nauru, Tonga et Tuvalu.
Je salue donc mes collègues qui représentent ici ces pays et j’ai le plaisir d’annoncer l’ouverture prochaine d’une Alliance Française à Tonga.
Je tiens à remercier ceux qui ont contribué à faire de cette soirée un évènement que j’espère réussi.
(…)
Je voudrais également rappeler l’étroite collaboration entre les musées français, tant à Paris qu’en Nouvelle-Calédonie et le musée de Suva.
C’est un modèle de ce qui peut être fait, avec des moyens somme toute modestes.
Je continuerai en remerciant TOTAL qui répond toujours présent dès lors qu’on lui demande une contribution à une manifestation culturelle.
La BRED ensuite, banque française déjà très présente dans le Pacifique et qui, en choisissant de s’implanter ici, fait le pari de l’avenir de Fidji, pari qu’est aussi celui de la France.
Je souhaite plein succès à cette banque.
COLAS, n°1 mondial en construction de routes et ouvrages d’art, présent sur tous les continents et qui souhaite travailler à Fidji.
Et puis deux entreprises qui ne sont pas françaises, NESTLE, entreprise suisse, tout d’abord, dont le directeur est un ressortissant français et FIJI WATER, société fidjienne dirigée par un ressortissant fidjien très proche de notre pays puisqu’il a, plusieurs années durant, présidé aux destinées de l’entreprise française Pacific Energy. »

Rédigé par PAD le Lundi 16 Juillet 2012 à 19:58 | Lu 1852 fois