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A Nuutania, un trafic de drogue mené en famille : "on se croirait en Sicile !"


Le paka entrait à la prison dans des boîtes d'allumettes (Photo d'illustration).
Le paka entrait à la prison dans des boîtes d'allumettes (Photo d'illustration).
PAPEETE, le 13 juillet 2016 - Mercredi, la cour d'appel a rejugé quatre prévenus dans le cadre d'un trafic de stupéfiants organisé à l'intérieur de la prison de Nuutania, mais aussi à l'extérieur, depuis la prison.

"Ces individus se sont livrés à des trafics de stupéfiants. Ce qui est encore plus grave, c'est qu'ils ont pu en organiser un à l'intérieur des murs de Nuutania mais aussi un à l'extérieur, tout en étant incarcérés", a lancé l'avocat général, mercredi, lors du procès en appel d'un trafic de stupéfiants.
Devant lui, dans le box des accusés se trouve un couple à nouveau jugé pour un trafic de drogue orchestré entre les murs de la prison entre 2015 et 2016. Leurs complices, rejugés eux aussi, comparaissent libres.

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Vatea B., 25 ans, est incarcéré à la maison d'arrêt de Nuutania pour trafic d'ice depuis les États-Unis. Dans cette affaire, il a été condamné deux fois, en 2013 et 2016, à quatre ans de prison. Une fois entre quatre murs, ce dernier continue de dealer. Grâce à l'aide de sa compagne, de son cousin et d'un ami, il introduit pendant des mois du pakalolo à Nuutania. "Je l'échangeais contre de la nourriture, explique-t-il à la barre. C'était simplement pour améliorer le quotidien…" Sa compagne, portant un bracelet électronique depuis octobre 2015, l'a aidé pendant plusieurs mois à introduire de la drogue en prison. Vatea B. a aussi organisé d'autres trafics depuis la prison à l'aide d'un téléphone portable.

"Ce trafic de stupéfiants est un véritable fléau qui engendre des conséquences économiques et de santé publique énormes pour le territoire. Il incombe à nous, ministère publique, de pointer cela du doigt et de demander au tribunal de prononcer des peines adaptées", a ajouté l'avocat général.

À la barre, chaque prévenu reconnaît les faits : l'organisation du trafic, les sommes d'argent qui en ont découlé ou encore les biens achetés avec cet argent… Sur les quatre prévenus présents ce mercredi matin, trois ont déjà été condamnés pour des faits similaires.

"LES PREMIÈRES PEINES N'ONT SERVI À RIEN"

"Ces personnes sont en état de récidive légale. Les premières peines n'ont servi à rien! On se croirait en Sicile! Ce n'est plus possible de continuer ainsi!", s'insurge le parquet.
Les avocats du couple ont tous deux assuré que leurs clients "avaient compris la leçon". À la barre, les prévenus l'assurent : "Ils ne recommenceront plus."

Chaque avocat a demandé à ce que la peine de leur client ne soit pas aggravée. "Ma cliente a déjà connu trois mois de privation de liberté, trois mois de privation de son enfant. C'est déjà une bonne leçon pour elle. Elle est passée à autre chose. Elle a un travail, un logement social. Le doublement de sa peine ne va pas faciliter sa réinsertion", a plaidé l'avocat de Laiana T., compagne du prévenu incarcéré et mère d'une petite fille de trois ans.

L'avocat général a requis une peine plus lourde à l'encontre de trois des quatre prévenus. Il a demandé à ce que Vatea B. soit condamné à quatre ans d'emprisonnement, sa compagne à trois ans et le cousin à deux ans. L'avocat général a jugé que la peine de prison de 12 mois avec sursis pour le dernier prévenu était suffisante.

La décision du tribunal sera rendue le 11 août prochain.

Rédigé par Amelie David le Mercredi 13 Juillet 2016 à 16:24 | Lu 11787 fois