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L'étrange histoire du "Petit Nicolas", qui disait travailler pour le gouvernement espagnol


Madrid, Espagne | AFP | vendredi 24/10/2014 - Photographié aux côtés de nombreuses personalités, s'invitant à la prestation de serment du roi Felipe VI, l'histoire du "Petit Nicolas" qui, à 20 ans, est parvenu à se faire passer pour un émissaire du gouvernement, fait rire toute l'Espagne.

Francisco Nicolás Gómez Iglesias a été interpellé le 16 octobre après s'être fait passer pour un conseiller de la vice-présidente du gouvernement, Soraya Saénz de Santamaría, pour demander 25.000 euros à un entrepreneur contre une promesse d'aide pour la vente d'un immeuble.

Son arrestation pour escroquerie et usage de faux a mis au jour la rocambolesque histoire de ce jeune homme qui depuis plusieurs années se faisait passer pour un représentant du gouvernement, des services de renseignements, voire de la Maison royale.

"On s'est rencontré 10 ou 15 fois dans des réunions. Il venait de la part de la Maison royale dans le dossier de la plainte de Manos Limpias contre l'infante" Cristina, explique à l'AFP Miguel Bernad, porte-parole de cette organisation d'extrême droite qui s'est portée partie civile contre la soeur du roi Felipe VI dans une enquête pour corruption visant son mari, Iñaki Urdangarin.

"Il me paraissait totalement crédible, avec ses voitures, ses escortes. Tout cela n'était pas de la frime", ajoute Miguel Bernad.


- Baise-main au roi Felipe VI -



Depuis son arrestation, ses photos, qu'il avait lui-même téléchargées sur les réseaux sociaux, le montrant aux cotés de l'ex-chef du gouvernement conservateur José María Aznar ou de l'ex-directeur du FMI Rodrigo Rato, paraissent presque tous les jours dans la presse.

"Les photos étaient son passeport. Il se présentait aux réunions de travail avec son album photos" pour montrer son entregent, affirme le journal El Mundo.

Son coup d'éclat est sans doute son baise-main au roi lors de la prestation de serment en juin, cérémonie où il était présent, selon la Maison royale, comme accompagnant un invité dont l'identité reste mystérieuse.

Personne ne s'explique comment ce fils d'une famille humble, mais étudiant en droit dans une coûteuse université privée madrilène, a pu évoluer sans encombre dans les cercles du pouvoir.

"Ce juge d'instruction ne parvient pas à comprendre comment un jeune de 20 ans, uniquement avec sa verve et apparemment sous sa propre identité a pu accéder aux conférences, lieux, et cérémonies auxquels il a participé sans que sa conduite n'alerte personne", a écrit la magistrate chargée du dossier.

Selon un rapport médical, "le petit Nicolas" comme l'a surnommé l'Espagne, est sujet à "une imagination délirante de type mégalomaniaque".


- Mage des relations publiques -



L'avocat du jeune homme, Israel Paz, a affirmé à la radio Onda Cero, avant de ne plus accorder d'entretien à la presse, qu'il "n'a jamais trompé personne parce qu'il a toujours agi sous son propre nom".

Le "Petit Nicolas" a tissé sa toile dès l'âge de 15 ans, lorsque, selon El Mundo, il s'est présenté à la fondation FAES, un "think tank" du PP.

"C'était un garçon qui maniait les relations publiques comme personne. Il nous avait promis de nous ramener les meilleurs étudiants des meilleurs établissements. Et il l'a fait", a raconté à ce journal l'actuel secretaire d'Estado au Commerce, Jaime García-Legaz.

Toutefois "il n'a jamais adhéré au Parti Populaire ni à Nouvelle Génération (les jeunesses du parti). Il n'y a aucun lien officiel", ont assuré à l'AFP des sources au sein de ce parti conservateur au pouvoir.

L'histoire fait le tour des réseaux sociaux, où se sont multipliés de faux profils du "Petit Nicolas" se livrant à toutes sortes d'activités extraordinaires comme "jouer aux cartes avec le pape François".

Le jour de son interpellation, la police a annoncé sur son site twitter: "interpellé à Madrid un farceur à la +Attrape moi si tu peux+ avec chauffeur et fausses plaques de police, il disait être un haut responsable et un agent du CNI (Centre Nacional de Renseignement) pour escroquer".

Une référence au film de Steven Spielberg "Catch Me If You Can" (2002), interprété par Leonardo Di Caprio et Tom Hank et basé sur la vie de l'Américain Frank Abagnale, qui a gagné des millions de dollars en se faisant passer pour pilote, médecin et avocat.

Rédigé par () le Vendredi 24 Octobre 2014 à 06:34 | Lu 916 fois