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L’Australie confirme le doublement de son aide au développement à Fidji


L’Australie confirme le doublement de son aide au développement à Fidji
CANBERRA, jeudi 28 juin 2012 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement australien a confirmé en milieu de semaine le doublement de son budget d’aide au développement à Fidji, qui passe de quelque 18 à 36 millions de dollars australiens pour cette année.

Cette augmentation, qui a fait l’objet de remerciements officiels de la part du ministre fidjien des affaires étrangères Ratu Inoke Kubuabola lors d’une rencontre à Suva avec M. Peter Baxter, directeur de l’agence australienne internationale pour l’aide au développement (AusAid), avait déjà été budgétisée pour l’année 2011-2012.

Cette aide australienne continue à se concentrer sur les secteurs de l’éducation, de la santé et des sports et, dans une moindre mesure, sur des programmes multilatéraux d’adaptation et de réduction des risques liés aux changements climatiques.

« L’Australie soutiendra le ministère fidjien de la santé en vue de renforcer le secteur des services de base et des services de vaccination pour les enfants, pour s’assurer que les taux de vaccination restent supérieurs à quatre vingt dix pour cent. Nous travaillerons aussi à améliorer la santé maternelle, y compris le soutien à la mise niveau de tous les 17 hôpitaux de sous-districts à Fidji, pour les aider à les mettre en conformité aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé, en particulier en ce qui concerne la santé maternelle et infantile », a assuré M. Baxter cette semaine à Suva.

Dans le domaine de l’éducation, l’effort australien devrait se porter, pour quelque 180 établissements au cours des quatre années à venir, sur le taux de scolarisation des enfants et la fourniture de matériel et de manuels scolaires ainsi que la prise en charge de frais de scolarisation pour les catégories les plus défavorisées.

En matière de poursuite d’études à l’étranger, et en particulier en Australie, un programme de bourses devrait être mis en place pour « éduquer la nouvelle génération de dirigeants, a précisé le responsable gouvernemental australien.

Pour l’année 2012-2013, le total de l’aide australienne au développement de Fidji devrait ainsi atteindre 55 millions de dollars (australiens), permettant à l’Australie de redevenir « le premier donneur bilatéral », a assuré Canberra par la voix de son Haut-commissaire (ambassadeur) à Suva, Glenn Miles.

Ce dernier, lors d’une visite sur site au sein de communautés frappées par les récentes inondations sur l’île principale de Viti Levu, a assuré que « tous les enfants fidjiens et leurs familles sont importants aux yeux de l’Australie ».

La visite a été assortie d’une annonce d’une aide à la reconstruction d’une petite soixantaine d’établissements scolaires endommagés par cette catastrophe naturelle.

M. Baxter a toutefois précisé que cette augmentation significative de l’aide australienne à Fidji ne devait pas être liée au processus politique annoncé de retour à la démocratie, après le putsch de décembre 2006 et des élections législatives toujours annoncées pour le dernier trimestre 2014.

« Nous avons pris cette décision en nous basant sur les besoins de Fidji, en réponse à l’augmentation de la pauvreté, surtout dans les zones rurales », a-t-il insisté.
Une aide proposée par l’Australie dans le domaine spécifique du soutien au retour à la démocratie, d’un montant annoncé de quelque 2,6 millions de dollars (australiens), n’a jusqu’ici pas reçu de réponse de la part de Suva, qui a notamment accordé un marché à une société canadienne pour les opérations de mise à jour et d’enregistrement sur les listes électorales.
Lors de sa visite dans la capitale fidjienne, le chef d’AusAid a aussi rencontré les responsables d’organisations régionales océaniennes présentes sur place, y compris le Secrétariat Général du Forum des Îles du Pacifique (FIP) et l’antenne fidjienne du Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, dont le siège se trouve à Nouméa, Nouvelle-Calédonie).
Avec la CPS, l’Australie poursuivait toujours ces dernières semaines son engagement, dans des domaines aussi variés que la santé et les droits humains.

Début juin 2012, un nouvel accord était signé avec cette agence intergouvernementale régionale, en soutien de programmes de gouvernance et de soutien des droits fondamentaux (et en particulier la lutte contre les discriminations de genres et les violences faites aux femmes, un programme cofinancé avec la Nouvelle-Zélande).

Dans le domaine de la santé, un autre accord récent, qui implique aussi l’Organisation Mondiale de la Santé, concernait les maladies non transmissibles qui, liées aux styles de vies, touchent cruellement les États et territoires d’Océanie.

La politique de condamnation et de sanctions vis-à-vis du régime post-putsch fidjien a, ces derniers mois, fait l’objet de critiques multiples notamment de la part de groupes de réflexions australiens, mais aussi de l’opposition parlementaire ou encore du public, selon un récent sondage effectué par l’institut Lowy.

Dans ce sondage, dont les résultats ont été publiés début juin 2012, de nombreuses questions, toutes liées à des questions de politique étrangère (vente d’uranium à l’Inde, attentats de Bali en octobre 2002, l’engagement australien en Afghanistan, la politique australienne en matière d’immigration et des clandestins, les relations avec les États-Unis et la Chine, la démocratie), ont été posées à un échantillon de quelque mille personnes entre le 26 mars et le 10 avril 2012.

http://www.lowyinstitute.org/publications/lowy-institute-poll-2012-public-opinion-and-foreign-policy
Une de ces questions concernait aussi la question fidjienne.

Sur ce point, 79 pour cent des personnes interrogées se sont prononcées en faveur d’un réengagement significatif, au niveau ministériel, de l’Australie avec les autorités fidjiennes.
Par ailleurs, soixante pour cent des personnes interrogées ont estimé que la démocratie « est préférable à toute autre forme de gouvernement ».
Au mois de mai 2012, un autre groupe de réflexion, basé à Port-Vila, le Pacific Institute of Public Policy (PIPP), livrait une analyse arguant du fait que la diplomatie australienne dans sa proche région avait besoin d’être « recalibrée ».
http://www.pacificpolicy.org/2012/05/pacific-diplomacy-needs-recalibrating/

La posture australienne a aussi fait l’objet de critiques à peine voilées ces derniers jours, de la part d’un membre du Congrès américain représentant des Samoa américaines, Faleomavaega Eni Hunkin, qui estimait mi-juin 2012, à l’occasion d’un panel de discussion organisé à Port-Vila, que cette politique d’isolement et de sanctions vis-à-vis de Fidji avait non échoué, mais aussi eu des conséquences sensibles sur le Forum des Îles du Pacifique (FIP), organisation aussi largement financée par Canberra et Wellington.

Selon M. Hunkin, cette politique a eu pour résultat une « fracture » au sein du Forum des Îles du Pacifique, désormais largement divisé sur la question fidjienne entre pays mélanésiens (plutôt solidaires et eux-mêmes formés en un Groupe Mélanésien Fer de Lance (Vanuatu, îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Fidji, ainsi que le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie) et des États polynésiens tels que Samoa ou Tonga.

Le FIP a suspendu Fidji de son statut de membre plein en mai 2009.
Le membre du Congrès américain, qui jouit aussi de l’oreille attentive de l’administration Obama, s’est une nouvelle fois déclaré confiant que les élections annoncées pour fin 2014 auront bien lieu, « avec ou sans l’aide de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ».
« Malgré cette suspension (du FIP), la plupart des pays continuent à entretenir des relations diplomatiques avec Fidji. À mon sens, c’est un échec de la politique australienne ces cinq dernières années, de ne pas avoir aidé Fidji, mais de l’avoir puni en raison de son statut militaire », a-t-il lancé à l’occasion de cette réunion.

Le contre-exemple de la Birmanie

Entre-temps, ces dernières semaines aussi, Canberra a multiplié les initiatives t les annonces de réengagement vis-à-vis de la Birmanie, où le ministre des affaires étrangères Bob Carr s’est récemment rendu, début juin 2012, pour annoncer notamment la levée des sanctions « pour encourager le mouvement de retour à la démocratie ».

Ces sanctions, similaires à celles imposées à Fidji, concernaient notamment des restrictions aux visas pour l’Australie pour des personnalités proches du régime birman, a annoncé M. Carr à l’issue d’entretiens avec le Président Thein Sein et Mme Aung San Suu Kyi, chef de file de l’opposition.

« Lors de ces réunions, ces deux derniers jours, j’ai pu me rendre compte sur place de l’effort de réformes en cours. C’est un moment de grandes opportunités pour le peuple de Birmanie et des pays comme l’Australie se doivent de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour contribuer à impulser le processus de démocratisation. En levant les sanctions aux voyages et financière qui demeuraient encore, l’Australie soutient encore plus ces réformes en cours », déclarait-il le 7 juin 2012.

« Le point de la levée des sanctions a maintenant été atteint, comme meilleur moyen de promouvoir des progrès ultérieurs (…) Un engagement constructif et responsable aidera la Birmanie dans ses projets de développement aux plans politique, économique et social », a-t-il ajouté, en annonçant aussi une augmentation de l’aide au développement et de l’aide technique.
L’aide australienne à la Birmanie devrait ainsi être doublée, pour atteindre 100 millions de dollars australiens d’ici 2015, dans les secteurs de l’éducation et de la santé principalement, a annoncé début juin 2012 le chef de la diplomatie australienne.

Rédigé par PAD le Jeudi 28 Juin 2012 à 04:58 | Lu 559 fois