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Le "Grand emprunt" retient "Océanomics", volet-science de "Tara-Océans"


En août 2011, le Tara Océans fait escale à Papeete
En août 2011, le Tara Océans fait escale à Papeete
PARIS, 28 février 2012 (AFP) - Le projet "Océanomics", prolongement scientifique de l'expédition "Tara-Océans" qui a mené la première étude planétaire intégrée du plancton marin, a été retenu pour bénéficier du "Grand emprunt", a annoncé mardi au Salon de l'Agriculture le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Wauquiez.

Cet ambitieux programme de recherche fondamentale, destiné à l'étude biologique et génomique de la moisson d'échantillons de micro-organismes marins -du virus à la méduse- recueillis pendant 3 ans sur les mers du monde par les marins et chercheurs de "Tara-Océans", engage une dizaine de prestigieux laboratoires français et internationaux.

"Océanomics" a été sélectionné en compagnie de plus de 70 autres laboratoires de recherche dits "d'excellence" ("Labex") par un jury international présidé par le Pr Jean-Claude Latombe, de l'université américaine de Stanford.

"Avec l'élection de notre projet, la France fait une entrée glorieuse dans la +révolution bleue+", l'étude et utilisation des ressources des écosystèmes marins, après celles des écosystèmes terriens, a estimé le biologiste Colomban de Vargas, coordinateur scientifique de "Tara-Océans" et directeur de recherche du CNRS à la station de Roscoff.

"Sans cette manne publique (entre 8 et 12 millions d'euros étalés sur 8 années), la formidable et inédite collection d'échantillons recueillis par Tara risquait de dormir au fond des laboratoires en attendant un hypothétique financement pour en faire l'étude", a ajouté le chercheur.

140.000 km sur mers et océans

Depuis son départ de Lorient le 5 septembre 2009, la goélette Tara et ses équipages de marins et scientifiques ont parcouru quelque 140.000 km sur l'Atlantique, la Méditerranée, la mer Rouge, les océans Indien et Pacifique, jusqu'en Antarctique. La 16 août 2011, le "Tara Océans" faisait escale à Papeete avant de repartir vers les Marquises.

Plus de 50.000 échantillons de plancton (à l'origine de la chaîne alimentaire marine) ont été recueillis à toutes les profondeurs et dans toutes les eaux, lors de 150 stations scientifiques.

Les premières analyses scientifiques déjà réalisées ont montré que 60 à 80% des gènes de ces organismes vivants, végétaux ou animaux, étaient inconnus avant l'expédition.

Plusieurs stations scientifiques, notamment en mer Rouge, dans l'océan Indien et en Polynésie, ont été également consacrées à l'étude de l'impact du réchauffement climatique sur les coraux.

"C'est la première fois que nous allons avoir une image globale de l'écosystème planctonique (98% de la biomasse des océans) à l'échelle mondiale", explique le Pr Eric Karsanti, biologiste et co-directeur scientifique de "Tara-Océans".

"L'étude biologique et génétique de ces organismes marins peut révéler un considérable trésor de bioressources, dont la possible application dans les domaines biomédical et biotechnologique (par exemple les carburants) est encore insoupçonnée", souligne-t-il.

"D'autant, renchérit Colomban de Vargas, que le domaine maritime français, et sa zone d'économie exclusive (ZEE) représente 8% de la surface des océans et constitue, sur la planète bleue, le deuxième en importance derrière celui des Etats-Unis".

"La France planctonique est 20 fois plus étendue que sa surface terrestre", conclut le chercheur.

Après une escale à New-York où elle a accueilli à son bord le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, la goélette Tara vogue pour retrouver la France et son port d'attache, Lorient, où elle est attendue le 31 mars prochain.

PF/ban/gv

Rédigé par Par Patrick FILLEUX le Mardi 28 Février 2012 à 04:55 | Lu 680 fois