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Télé, théâtre, internet: la psychanalyse s'empare de Buenos Aires


Télé, théâtre, internet: la psychanalyse s'empare de Buenos Aires
BUENOS AIRES (Argentine), 17 août 2012 (AFP) - Séries télé, pièces de théâtre à succès, boom sur le net : la thérapie, déjà bien ancrée à Buenos Aires, réputée comme étant la capitale mondiale de la psychanalyse, s'est désormais transformée en véritable ras-de-marée.

"Nous, les Porteños (habitants de Buenos Aires), nous préférons parler plutôt que d'écouter, c'est sans doute pourquoi celui qui fait de l'écoute une profession a autant de succès", dit à l'AFP le psychanalyste Marcelo Peluffo.

Pour Andrés Rascovsky, président de l'Association Argentine de Psychanalyse (APA), "la nostalgie des origines européennes et cette pensée triste que l'on retrouve dans le tango se sont sans doute retrouvées dans cette quête qu'est la psychanalyse".

La ville de Buenos Aires, monstre bruyant, chaotique et pollué de trois millions d'habitants (12 millions avec sa banlieue) "nous fait souffrir", fait valoir M. Peluffo.

"Nous souffrons et nous parlons beaucoup : nous sommes donc un parfait client pour un psy", ajoute-t-il dans son bureau du quartier de Palermo, appelé "Villa Freud" en raison du nombre important de cabinets de psychanalyse qu'il abrite.

En Argentine, plus de 50.000 psys cohabitent, soit un professionnel pour 690 habitants, trois fois plus qu'aux Etats-Unis. A Buenos Aires, on compte un psy pour 120 Porteños, selon l'APA.

La thérapie elle-même est en pleine mutation : un tiers des psychanalystes argentins ont désormais recours au chat sur internet et à la communication par Skype, selon l'APA. Cela permet de gagner du temps et d'éviter le stress des embouteillages et de la pollution urbaine.

"On retrouve le même engouement au théâtre, dont une dizaine de pièces traite du sujet actuellement, ou à la télévision dans la série +En terapia+", explique M. Rascovsky, dont les murs du cabinet sont couverts de bois de cerf, symboles de sagesse et de vie spirituelle.

A Buenos Aires, des pièces telles que "Toc, Toc" (Trastorno Obsesivo Compulsivo ou Trouble obsessionnel compulsif), "La dernière session de Freud" ou "Presque normaux", jouent à guichets fermés depuis des mois.

"Les gens se retrouvent dans ces drames qui sont au fond ceux de chacun de nous, c'est ce qui fait le succès de ces pièces", assure à l'AFP Florencia Otero, 22 ans, l'une des actrices de "Presque normaux".

"Oui", répondent à l'unisson les acteurs lorsqu'on leur demande s'ils suivent une thérapie. "C'est, pour un acteur, un outil de plus", dit l'un d'eux, Mariano Chiesa, quelques minutes avant le début de la pièce. "Mon maître me disait : plus tu te connaîtras, meilleur acteur tu seras !".

Aujourd'hui, la thérapie gagne de nouvelles couches sociales en Argentine, où elle n'est plus la chasse gardée de la classe moyenne intellectuelle ou cultivée.

Des gens à revenus très modestes ont la possibilité de suivre une thérapie remboursée partiellement par la Sécurité Sociale. Soit beaucoup moins cher que les 200 pesos (35 euros) que coûte en moyenne une séance de thérapie.

"Il y a des pays qui ont eu d'importants courants psychanalytiques, comme la France, où l'on ne voit pourtant guère, comme ici, un chauffeur de taxi suivre une thérapie ou, comme moi l'autre jour, un ami vous demander de lui recommander un psy pour sa femme de ménage", explique M. Rascovsky, fils d'Arnaldo Rascovsky, l'un des pionniers de la psychanalyse en Argentine.

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Rédigé par Par Oscar LASKI le Vendredi 17 Août 2012 à 06:39 | Lu 466 fois