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L'AFD ouvre les vannes des crédits aux communes


Publiée à l'issue des municipales, l'observatoire des communes présentée ici par Céline Gilquin, directrice de l'agence à Papeete, permet de dresser un bilan de la mandature (2014 – 2020), et de donner une vision globale de leurs finances. (Crédit photo EC)
Publiée à l'issue des municipales, l'observatoire des communes présentée ici par Céline Gilquin, directrice de l'agence à Papeete, permet de dresser un bilan de la mandature (2014 – 2020), et de donner une vision globale de leurs finances. (Crédit photo EC)
Tahiti, le 3 septembre 2020 - Devant une certaine "frilosité" des communes pour le recours à l'emprunt, l'agence française de développement (AFD) rappelle leur "rôle clé dans la relance". Notamment via les dépenses publiques. Un soutien à l'investissement qui passe par des prêts à taux bonifiés.
 
Des recettes en hausse d'un côté, des dépenses de fonctionnement qui se stabilisent de l'autre, et un taux d'endettement plutôt faible. Présentée hier par l'AFD, l'observatoire des communes de Polynésie française salue l'équilibre "renforcé" des finances communales entre 2015 et 2018. En décalage avec le contexte de crise actuelle, la tendance favorable de l'époque y est bien-sûr pour beaucoup.
"La trajectoire financière des communes s'apprête vraisemblablement à connaître des bouleversements" introduit Céline Gilquin, directrice de l'agence de Papeete. Se faisant écho du plan de relance du Pays, l'AFD invite les communes "acteurs clés" à participer à l'effort collectif en "revenant aux fondamentaux" : l'investissement, "moteur de la reprise". C'est d'ailleurs la thématique de cette 7e édition. "A l'heure où les communes s'apprêtent à dresser la feuille de route de la nouvelle mandature, on espère les inciter à engager des programmes ambitieux, et faire des dépenses publiques en soutien du monde économique" poursuit la responsable. Un soutien à l'investissement qui passe par l'emprunt.

Le prêt bonifié, un "levier" sous-exploité

Avec 15% de taux d'endettement, les municipalités du fenua sont loin derrière les moyennes de la Nouvelle-Calédonie (62%) ou de la métropole (80%), qui ont davantage intégré l’emprunt dans leur système de financement en investissement. "Les communes ici ont tendance à thésauriser et accumuler, elles ont du mal à aller vers l'emprunt alors qu'elles ont une marge de manœuvre importante" abonde Céline Gilquin. En témoigne la courbe des investissements davantage tirée par la hausse des subventions que par le recours - stable d'une année à l'autre - à l'emprunt de l'ordre de 1,3 milliards. Celui-ci n’affiche d'ailleurs aucune progression en 2018.

Une capacité d'épargne "amplifiée"

Elle leur a toutefois permis de dégager une épargne brute de 3,5 milliards de francs, soit 26% de plus qu'en 2017, "un record sur la décennie" commente l'AFD. Au 31 décembre 2018, les communes disposaient ainsi de 15,7 milliards de trésorerie disponible. Une différence quasi exclusivement du fait des communes de plus de 10 000 habitants.  
L'épargne vient au passage gonfler un fonds de roulement déjà conséquent : 17,8 milliards de francs. Preuve que les capacités dégagées par les communes « sommeillent », ce fonds atteint 152 jours de dépenses budgétaires. Soit plus de 5 mois durant lesquels les collectivités pourraient théoriquement maintenir leur niveau de charges avec leur seule réserve.

Des dépenses de fonctionnement "maîtrisées"

"Pour la première fois au cours de la décennie, les charges réelles de fonctionnement se stabilisent" poursuit l'observatoire. Des efforts de gestion salués par l'AFD, qui nuance toutefois une stabilité portée par les îles du vent, et notamment les communes de plus de 10 000 habitants qui enregistrent une baisse de leurs dépenses de fonctionnement (-2 %). "Dans le détail, ce sont les charges de personnel de l'ordre de 60% qui pèse le plus dans ces dépenses, précise Sévane Marchand, chargée de mission. En contrepartie, on note une baisse des charges courantes de 3%".

Des recettes en fonctionnement tirées par les subventions

En hausse de 3% depuis 2014, les recettes de fonctionnement sont elles aussi à mettre en rapport avec les dotations de l’Etat et du Pays, de l'ordre de 63 %. En 2018, elles atteignent 36,3 milliards. "L'autonomie des communes est extrêmement tributaire de ces versements" commente Sévane Marchand. Des niveaux de dotation qui n'incitent pas les communes à se tourner vers l'emprunt.

L'appel du pied de l'AFD

Malgré des dépenses d'investissement un peu plus ambitieuses en 2018 (9,1 milliards), une certaine "frilosité" à la perspective de s'endetter ne permet pas aux politiques d'investissement de vraiment décoller. "Nous sommes bien-sûr très attentifs à ne pas sur-endetter les communes, argumente Sévane Marchand. L'emprunt oblige à se projeter dans l'avenir et oblige à se poser la question du remboursement, c'est un catalyseur pour structurer son projet."  
L’investissement communal contribue d'ailleurs à "l’amélioration du cadre de vie et du bien-être de la population et témoigne du dynamisme de l’équipe municipale, renchérit Céline Gilquin. Il faut qu'il y ait une prise de conscience des communes. Elles ont un rôle clé à jouer dans la relance."    
 

Rédigé par Esther Cunéo le Jeudi 3 Septembre 2020 à 20:03 | Lu 1435 fois