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Violences conjugales : l’amnésie sélective du prévenu à la barre


PAPEETE, le 24 septembre 2018 - L’homme, un multirécidiviste de 43 ans, était poursuivi pour des violences commises sur sa compagne et ce, alors que le couple était particulièrement éméché. Au regard de son casier judiciaire qui comporte déjà cinq condamnations pour violences sur conjoint, l’homme a écopé d’une peine de prison de dix mois fermes assortie d’un mandat de dépôt.

Le 22 septembre dernier, les gendarmes interviennent à Mahina suite à un signalement des pompiers. Sur place, les forces de l’ordre constatent que cinq personnes sont présentes dont une femme qui a perdu connaissance. Son compagnon, qui est complètement ivre, se montre très agité et indique qu’il n’a « rien fait à la victime. »


Les auditions du couple et du fils de la victime se contredisent toutes. Entendue à l’hôpital, la femme explique qu’elle fréquente le prévenu depuis deux ans. Elle reconnaît qu’elle a porté le premier coup, blessant ainsi son compagnon à la lèvre. Puis, les choses se sont envenimées. L’homme l’aurait frappée avec une guitare en bois avant qu’elle ne détruise la vitre-arrière de sa voiture sous le coup de la colère. La victime bénéfice d’une incapacité totale de travail de quatre jours.


« Chef de la maison »

A la barre du tribunal ce lundi, le prévenu nie les faits, il dit de sa conjointe qu’elle est le « chef de la maison. » «Je la laisse me taper mais parfois, ça dépasse» ajoute-t-il. L’intéressée avoue qu’ils s’insultent et se frappent mutuellement au moins une fois par semaine : « il me dit des choses, ça plaît pas aux oreilles de les entendre. » Le président du tribunal interroge le prévenu: «Avez-vous pensé à vous séparer ?» « Non, on s’aime », assure le mis en cause. « Vous faites ce que vous voulez mais un jour, l’un va tuer l’autre», prévient le magistrat.

Vient ensuite l’évocation de la personnalité du prévenu. Si sa mémoire flanche sur les faits, ses propos sont cohérents sur son parcours. Il se dit « non violent » mais son casier comporte déjà cinq condamnations pour violences dont des violences avec un fusil de chasse pour lesquelles il a écopé de trois ans de prison ferme en 2014.

Pour le procureur de la République, qui requiert dix mois de prison ferme, « le prévenu apporte des réponses cohérentes sauf quand on parle des faits. »

Après en avoir délibéré, les magistrats ont condamné le prévenu à la peine requise par le représentant du ministère public.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 24 Septembre 2018 à 15:54 | Lu 2602 fois