Va’a – Vaka Ani Archipels : Une nouvelle course proposée le 22 juin

Chanteur mais également passionné de va’a, le Marquisien Rataro Ohotua organise la première édition de la Vaka Ani Archipels le 23 juin au Taaone. Il s’agira d’une course V1 en relais par équipe de deux sur un parcours de deux fois quatre kilomètres. Qualification d’un team marquisien pour les Jeux du Pacifique en juillet, participation à la Moloka’i Hoe d’un team marquisien renforcé par Shell Va’a en octobre, Hawaiki Nui Va’a en novembre… « Les étoiles sont alignées » pour le va’a marquisien en 2019, fruit d’un travail de longue haleine au sein de son école de va’a. Interview.


Rataro, un artiste engagé également dans le développement du va'a
Parole à Rataro Ohotua, organisateur :
 
Une course qui allie sport et culture ?
 
« L’idée, c’est de porter vers Tahiti l’organisation de la Vaka Ani qui se déroulait aux Marquises. L’événement va s’appeler « Vaka Ani Archipels », l’idée c’est de mettre en valeur la masse des athlètes issus des archipels qui habitent à Tahiti mais aussi ceux qui voudraient bien venir des archipels pour participer. En plus de la partie sportive, il y aura aussi une partie culturelle que l’on va mettre en place pendant la journée. On va préparer des objets sculptés par des artisans marquisiens qui vont venir exposer leurs produits et des rames qui seront remises en tant que trophées à ceux qui monteront sur le podium ce jour-là. »
 
« Il y aura également la fabrication sur place au Taaone d’une pirogue en bois. Ce sera une façon de montrer aux jeunes comment nos ancêtres fabriquaient une pirogue. Ce sera fait avec les moyens d’aujourd’hui, l’idée étant malgré tout de faire comprendre aux rameurs que c’est bien de faire des compétitions mais c’est bien aussi de comprendre d’où on vient. Il y aura aussi des danseurs, des musiciens, des chanteurs qui complèteront cette touche culturelle, une fois que les rameurs seront partis. »
 
Au niveau du format de la course ?
 
« La date choisie est celle du 22 juin, une période où il y a beaucoup de courses. Notre but n’est pas de fatiguer les rameurs. Le but est de faire une course qu’ils vont apprécier, sur courte distance. Les rameurs s’inscriront par deux pour une course en relais de deux fois quatre kilomètres. Chacun des deux rameurs fera donc quatre kilomètres. Chaque rameur vient avec sa pirogue et devra passer un bracelet à son binôme à la fin de sa boucle de quatre kilomètres. Il y aura des prix intéressants que les sponsors ont mis en place. »
 
« Pour les séniors, il y aura 150 000 xpf à dispatcher sur le podium. Il y aura des tirages au sort pour gagner des pirogues, des rames ou d’autres lots. Il y aura même des billets d’avion pour les Marquises à gagner pour que les meilleurs rameurs de chaque catégorie (vétéran, jeune et sénior) viennent s’imprégner du mana de chez nous en fin de saison. Ce sera un séjour culturel, n’oublions pas que le Festival des Marquises se déroulera à Ua Pou du 16 au 19 décembre prochain. »

Un team marquisien représentera la Polynésie aux Jeux du Pacifique de Samoa en juillet
Qu’est ce qui te pousse à œuvrer pour le développement du va’a ?
 
« Le va’a est également un outil culturel. La musique n’est pas si loin. Le mana qui nous anime est le même. C’est la façon de l’exprimer qui change. Un artiste est aussi un sportif et c’est aussi un bon orateur, un chanteur. Aux Marquises, je voulais me rendre utile pour les jeunes après ma retraite. Il n’y a pas grand-chose à faire aux Marquises à part regarder les montagnes, la chasse tout ça…mais après, on est en 2020, les jeunes aspirent à autre chose. Je préfère proposer du va’a ou la culture comme support d’accompagnement pour ces jeunes. Quand tu donnes, tu n’es jamais vide. Le ciel m’a transmis cette énergie alors je la transmets. J’ai des petits-enfants, je pense à eux, j’ai des amis…c’est intéressant pour le Pays d’avoir des gens comme nous. »
 
Une V6 marquisienne s’est qualifiée pour les Jeux du Pacifique ?
 
« Avant d’obtenir ce Graal, cette qualification pour représenter la Polynésie aux Jeux du Pacifique de Samoa, c’est une longue histoire. Il y a cinq ans, j’ai monté une école de va’a aux Marquises, Tuhuna Vaka, pour enseigner le sport mais aussi la culture du va’a. Les jeunes avaient dix-quinze ans. Maintenant, ils ont vingt ans. Ils sont passés de l’apprentissage à la performance. Lors des Jeux de Polynésie en décembre dernier, ils ont eu la capacité de faire exister les Marquises grâce à leur talent. On nous avait dit que pour aller plus loin, il fallait gagner la médaille d’or dans l’épreuve reine, le 500 mètres. On voulait continuer pour les Marquises, donc on a mis les moyens qu’il fallait pour gagner. »
 
« Il fallait donner aussi un sens à notre école de va’a. On n’était pas venus juste pour se balader. Les garçons étaient chargés d’énergie et ils ont gagné devant Moorea et Bora. Le comité olympique de Polynésie française nous a appelés pour nous dire qu’on avait gagné cette ouverture vers l’extérieur. C’était une opportunité de développer notre expérience vers le haut niveau. Ces garçons vont bénéficier d’un coaching approprié, personnalisé car il faut qu’on gagne à Samoa ! Nous venons donc enrichir la sélection de Tahiti. C’est une première pour les Marquises. Je suis content pour ces jeunes, pour notre école de va’a et pour les Marquises. »

Rataro veut apporter une touche culturelle forte lors de sa course Vaka Ani Archipels
Vous allez également participer à Moloka’i ?
 
« L’énergie, la puissance qui va habiter nos sportifs ne va pas rester éternellement, il faut accepter qu’à un moment la phase va être descendante. On a terminé à la 8e place lors du Marathon Polynésie la 1e, derrière Shell et Team Opt. J’ai envie de continuer avec cette énergie. Cette année, les étoiles sont alignées pour nous, du fait de notre participation à Samoa. Les maires des Marquises nous soutiennent pour financer notre voyage à Moloka’i pour représenter les Marquises. Là aussi, il y a un cachet culturel que j’ai envie de partager avec eux, à Hawai’i. »
 
« Certains savent comment gagner là-bas, moi j’ai envie de mettre le premier pas, un premier pas culturel. Les Hawaïens ne sont pas loin de nous culturellement. Je vais me servir de ce lien pour amener le haka et les contenus culturels à partager avec eux, avec ce lien fort qui nous relie, et après participer à Hawaiki Nui Va’a pour boucler l’année. On fera un compte-rendu de toutes ces expériences pour enrichir notre école de va’a. On a cinq moniteurs qui ont été formés avec Gordon Barff mais l’expérience du terrain ne s’acquiert que lors de ce genre de sorties. »
 
Un renfort de Shell à Moloka’i est prévu, on peut en parler ?
 
« Oui, on a déjà avancé sur ce point-là. C’est sûr que nous aurons six rameurs marquisiens avec un remplaçant. On a négocié avec Shell Va’a, avec David Tepava qui est mon beau-fils. Quand ils y vont, ils ont toujours trois ou quatre rameurs qui ne rament pas, en accord avec le règlement qui limite l’équipe à neuf, d’où l’idée de les recruter. Ce sera une vraie pirogue marquisienne mais avec cette touche en provenance de Shell Va’a. Shell, c’est tout d’abord une partie de ma famille. J’ai beaucoup d’affinités avec David. »
 
« Alors s’il me tend la main pour me soutenir avec trois rameurs, pourquoi pas. David a toujours gagné. Je suis son beau-père mais on parle comme deux frères, deux amis. Il m’a dit un jour « celui qui gagne, c’est celui qui sait, celui qui perd, c’est celui qui n’a pas su. » Tout est une question de mana. Lorsque tu as bien étudié ton sport, le va’a…c’est quoi le va’a ? Ce n’est pas le paka, en tous cas. Il y a une ligne de conduite quand tu entends nos Tupuna en parler. C’est une fusion d’énergie positive. Celui qui gagne, c’est celui qui a su se connecter aux énergies positives, à ce mana qui va t’amener vers la victoire. »
 
« Le mana sait où il veut aller et il sait que cette personne est bien pour porter un message sain. Quand tu gagnes, les médias sont là et veulent savoir pourquoi tu as gagné. Si tu n’as pas les épaules costauds pour être un support de cette victoire, pour la promotion des valeurs, ce n’est pas la peine. Certains, se mettent avant la pirogue. Non, la pirogue est sacrée. Ta pirogue, c’est ton premier mana. C’est cette vision que je partage avec David Tepava. »

La Vaka Ani Archipels sera une course V1 en relais par deux sur 2x4 km
Un dernier mot, un message, un remerciement ?
 
« Lors de cette course Vaka Ani Archipels, j’ai envie qu’on se connecte autour de cette idée qu’en fusionnant les énergies de chaque archipel cela va être un moment de partage pour le va’a. Dire aux rameurs « venez, vous allez gagner ceci ou cela »…Ils savent qu’il y a des prix. J’ai envie qu’ils s’imprègnent de la partie culturelle ce jour-là. La première année, je sais que ce sera difficile mais j’ai envie d’asseoir cette course-là dans le calendrier car je veux faire exister les Marquises à Tahiti. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Mardi 16 Avril 2019 à 20:10 | Lu 1451 fois