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Une chaise vide polynésienne à Ypres, en Belgique


La chaise a été commandée par l’association Mémoire polynésienne, elle a été conçue et fabriquée par la menuiserie Castellani. La plaque en laiton a été réalisée par Tahiti Sign.
La chaise a été commandée par l’association Mémoire polynésienne, elle a été conçue et fabriquée par la menuiserie Castellani. La plaque en laiton a été réalisée par Tahiti Sign.
PAPEETE, le 19 juin 2018 - Dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, une chaise vide a été pensée et fabriquée à Tahiti pour symboliser le sacrifice des Poilus natifs de Tahiti. Elle partira en Belgique d’ici quelques semaines pour être exposées à Ypers, en Belgique, en novembre prochain.

"C’est une chaise en bois de mahogany", indique Moetia Castellani, la directrice de l’entreprise Menuiserie Castellani. Le mahogany (acajou du Honduras ou Swietenia macrophylla) est une espèce de bois précieux qui vit en Polynésie. "C’est un beau bois." Un bois dont la teinte va du brun foncé au rouge. Il vient de Moorea.

La chaise (94 cm x 54 cm x 44 cm) qui sort des ateliers de la menuiserie de la Punaruu est une commande passée par l’association Mémoire polynésienne. Elle va voyager jusqu’en Belgique pour être exposée dans le cadre des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Elle va, parmi d’autres, symboliser le sacrifice des Poilus natifs de Tahiti.

120 nations combattantes recensées

En novembre prochain, Ypres, en Belgique, accueillera plusieurs milliers de visiteurs dans le cadre de ses commémorations. Le musée In Flanders Fields réunira l’ensemble des pays qui ont été engagés en Belgique. Ainsi, quelque 120 nations combattantes en Belgique ont été recensées dont la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, les îles Cook, les îles Fidji et Niue.

Une exposition itinérante intitulée "assembly-memorial chairs", sera présentée en 2018 centrée sur l’image de chaises vides pour symboliser le vide laissé dans le foyer du soldat par son sacrifice.

La chaise polynésienne s’inscrira dans la grande "assemblée" de chaises vides dans le parc Astrid, au centre de la ville. Une plaque indiquera l’origine de la chaise et témoignera de la distance parcourue. Un court-métrage consacré au projet mentionnera les contributions particulières des pays et de leurs enfants qui appartiennent désormais à l’histoire de la Belgique en guerre.

Les hommes, mobilisés en France continentale ou à Tahiti et qui ont combattu en Belgique, sont identifiés dans l’ouvrage de Jean-Christophe Shigetomi, Poilus tahitiens, les Établissements français d’Océanie dans la Grande Guerre paru chez ‘Api Tahiti en 2017.

3 semaines de travail

Il y a un mois, lorsque la commande a été passée, Pascal Castellani, le père de Moetia, s’est mis à imaginer la chaise pour le musée. "On nous a demandé une chaise des années 1950, sauf que nous n’avons pas d’ouvrages sur le mobilier de ces années-là. Difficile donc de trouver un modèle. Mon père s’est basé sur sa mémoire. Il est menuisier depuis plus de quarante ans."

La chaise compte parmi les objets de menuiserie les plus compliqués à réaliser. "Il y a de nombreux éléments à travailler séparément, puis à assembler, pas moins de huit. On usine le bois, on le ponce, on le rabote puis on le coupe aux bonnes dimensions." Les pièces des accoudoirs et du dossier sont, elles, cintrées. Le tout est poncé, puis vernis.
Pour cette opération, "la première du genre pour notre entreprise, nous n’avons encore jamais réalisé de pièce pour un musée, c’est une très grande fierté", la menuiserie fait dont de son œuvre. "C’est un objet d’une valeur de près de 80 000 Fcfp."


Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 19 Juin 2018 à 08:54 | Lu 1342 fois