Un “village rose” pour sensibiliser Tautira


Des stands et des ateliers à la mairie, au plus près de la population (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 30 octobre 2025 - Danser, créer et s’informer. C’était l’objectif de la journée organisée à Tautira pour clore ce mois d’Octobre rose, dédié à la prévention autour du cancer du sein. Une initiative de proximité qui a permis à des femmes de tous âges d’échanger avec des patientes et des professionnels de santé.

 
À Tahiti et dans les îles, Octobre rose s’achève au terme de cinq semaines axées sur la prévention autour du cancer du sein, le plus fréquent au Fenua. À la Presqu’île, plusieurs initiatives ont été menées à Taravao et à Teahupo’o, sans oublier Tautira, ce jeudi. Rendez-vous était donné à la mairie où un “village rose” a pris place autour de huit stands d’information et ateliers ludiques, organisés par les sages-femmes de l’hôpital de Taravao, en partenariat avec l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF), l’association Amazones Pacific et la commune de Taiarapu-Est.

Les sages-femmes de l’hôpital de Taravao ont piloté ce projet.

​Proximité et accessibilité


Pour varier les approches, l’équipe organisatrice avait imaginé des activités autour du bien-être et de la santé mentale. “L’atelier ‘ar’tītī’stique’ où l’art-thérapie vise à exprimer ses émotions autour du cancer, qu’il s’agisse de patientes ou de personnes qui ont des malades dans leur entourage ou qui sont tout simplement solidaires. Elles ont le choix entre l’écriture, la peinture et le dessin, selon leur inspiration. En plus des cercles de parole sur le cancer, l’atelier ‘sein-biose’ aborde plusieurs thématiques féminines comme la grossesse et la contraception, ou les premières règles chez les jeunes filles, toujours dans l’optique d’apprendre à connaître son corps. C’est l’occasion d’échanger avec des soignants dans un autre contexte que l’hôpital”, souligne Annabelle Pujo en tant que sage-femme et patiente, dont le cancer du sein a été détecté en octobre 2022. “Octobre rose a une valeur particulière pour moi”, poursuit-elle.
 
Cette démarche aux confins de Tahiti a reçu le soutien de l’ICPF, qui se mobilise pour “aller vers” la population, comme il y a deux semaines, aux Australes. “C’est important dans un souci d’équité : quand les gens n’ont pas accès à l’information, ça génère beaucoup de craintes et ils n’ont pas conscience des bénéfices du dépistage. Plus on ira dans des endroits éloignés, plus le message va passer”, remarque le docteur Laurent Stein, responsable du pôle de dépistage et de prévention. Dans cette optique, le concept du Tarona Tere tend à devenir mensuel dans de plus en plus de communes, en partenariat avec des cabinets de radiologie. “On n’a que 40 % de taux de couverture dans la tranche d’âge 50-74 ans, donc il faudrait qu’on arrive à doubler ce chiffre”, souligne le médecin pour augmenter les chances de guérison.  
 
Entre les chants et les notes de ‘ukulele, quatre Amazones ont aussi pris le temps d’échanger avec les femmes, documentation à l’appui. “J’ai eu un cancer du sein en 2023. Je montre comment il faut faire l’autopalpation, j’explique en quoi consiste la mammographie et je présente les activités qu’on propose pour les patientes. Je réponds à leurs questions, tout simplement”, confie Ponihana Spies, membre de l’association, régulièrement mobilisée en faveur de la sensibilisation. L’occasion de rappeler qu’en plus de Papeete, Moorea et Taravao, Amazones Pacific devrait prochainement inaugurer une antenne à Raiatea, et possiblement à Bora Bora.

Les Amazones Pacific et l’ICPF se sont également mobilisés.

​“Une première”


Cette démarche de proximité coïncide avec ce rendez-vous à Tautira, qui s’est tenu en présence de plusieurs élus de Taiarapu-Est. “Il faut que les mamans et les jeunes femmes profitent de ce type d’initiative : c’est un message d’espoir, mais aussi un appel à la vigilance”, encourage le maire délégué de Tautira et premier vice-président de l’assemblée de la Polynésie française, Ueva Hamblin, qui s’attendait à davantage de participantes. “C’est une première fois chez nous, mais ce ne sera pas la dernière ! On va soutenir les prochaines éditions pour les pérenniser une fois par an, quitte à compléter avec d’autres actions.”
 
Point de vue partagé par Rebecca, résidente de Tautira de 47 ans venue profiter de l’initiative avec sa cousine, Yolande : “Je voulais aller à la journée organisée à Taravao le 17 octobre, mais je n’ai pas pu m’y rendre, donc je ne voulais pas manquer celle-ci ! Je suis venue participer à la sensibilisation et entendre d’autres malades, ayant moi-même été diagnostiquée d’un cancer du sein en 2008. J’avais 30 ans et aujourd’hui, j’en suis sortie. Cette initiative, c’est merveilleux : il faut le refaire tous les ans ! Ça permet de rencontrer des professionnels et des associations au même endroit, en même temps. Il faut attirer l’attention de davantage de femmes sur le sujet.”
 
Après un tāmūrē marathon animé par Tefanae Putoa, directrice de l’école de danse Aumaire, les ateliers ont repris jusqu’en début d’après-midi. Ce mois de sensibilisation s’achève ce vendredi : rendez-vous est notamment fixé au parc Outuarea, à Faa’a, de 15 à 17 heures, pour d’autres moments de partage.

La culture comme porte d’entrée vers la prévention.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 30 Octobre 2025 à 16:41 | Lu 1088 fois