Un traitement contre la constipation prolonge la vie de cancéreux


Washington, Etats-Unis | AFP | mardi 27/10/2015 - Un médicament pour traiter la constipation provoquée par des antidouleurs opiacés a doublé le temps de survie de malades atteints d'un cancer avancé, montre l'analyse de deux essais cliniques présentée mardi.

De plus, ce médicament, le Relistor (méthylnaltrexone) commercialisé depuis 2008, a apparemment freiné la progression de leur tumeur, ont précisé les chercheurs dans une présentation à la conférence annuelle des anesthésistes américains réunis à San Diego en Californie.

C'est la première fois qu'une étude clinique montre un lien entre un traitement visant à bloquer l'effet constipant des analgésiques opiacés et une amélioration de la survie des cancéreux, soulignent les médecins. Ce lien suggère que la molécule présente dans le traitement pourrait jouer un rôle thérapeutique contre le cancer.

Des expériences sur des animaux de laboratoire menées au cours des dix dernières années avaient déjà révélé des effets anticancéreux de cette molécule.

La nouvelle étude analyse les données de 229 patients atteints d'un cancer avancé et traités avec le Relistor pour des problèmes de constipation provoqués par des antidouleurs opiacés, un effet secondaire courant.

Dans ce groupe, 117 malades ont été traités avec le Relistor et 112 avec un placebo.

Les chercheurs ont constaté que 57% des patients qui avaient pris du Relistor ont été soulagés de leur constipation.

Ceux pour qui le traitement contre la constipation a été efficace ont survécu en moyenne deux fois plus longtemps (118 jours contre 58 jours) que ceux qui n'avaient pas réagi au médicament ou bien pris le placebo.

De plus, les malades qui ont bien répondu au médicament ont été moins nombreux à voir leur tumeur progresser (7,6% d'entre eux) que ceux qui n'ont pas été soulagés de leur constipation par ce traitement (22%) ou ceux qui ont pris le placebo (25,4%).

Les chercheurs ont également analysé les effets du Relistor sur un autre groupe de 135 malades atteints d'autres maladies à un stade avancé, comme l'insuffisance cardiaque congestive, la congestion pulmonaire chronique ou des pathologies neurologiques, mais pas de cancer.

Le Relistor a été efficace pour plus de 50% de ces patients mais sans prolonger leur vie.

"Cela montre qu'il est très improbable qu'une amélioration des fonctions intestinales explique le gain de survie chez les malades atteints d'un cancer avancé", observe le Dr Filip Janku, professeur de médecine au Centre du cancer Anderson à l'Université du Texas et co-auteur de l'étude.

Si les chercheurs ignorent les raisons des vertus anticancéreuses du méthylnaltrexone, l'une de leurs hypothèses est que cette molécule pourrait agir de façon combinée avec les opiacés.

Rédigé par () le Mercredi 28 Octobre 2015 à 06:00 | Lu 810 fois