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Un candidat unique de la Nupes en 2027, oui mais lequel?


Thomas SAMSON / AFP
Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 25/05/2023 - Les dirigeants de la coalition de gauche Nupes s'entendent désormais à peu près sur l'idée d'une candidature commune à la présidentielle de 2027, mais se heurtent vite à la question épineuse de la personne.

"Vous croyez que je suis assez bête pour dire haut et fort que notre candidat en 2027 c'est Jean-Luc Mélenchon?", s'emportait récemment un chef insoumis, questionné sur les allégations de ses partenaires.

Car beaucoup, parmi les socialistes, écologistes et communistes, flairent le piège d'une Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) construite par les Insoumis pour servir le déjà triple candidat à la présidentielle. "Que leur condition d'une candidature unique soit Jean-Luc Mélenchon, ça transpire, c'est l'éléphant au milieu de la pièce", peste un cadre écologiste.

"On nous dit +Il faut que Mélenchon arrête de parler autant+, je leur dis +vous n'avez qu'à faire 22%+", grince l'insoumis susmentionné, comme pour mettre au défi la gauche de "faire mieux" que son champion.

M. Mélenchon, 71 ans, a déclaré en janvier qu'il ne se présenterait pas à une quatrième présidentielle, ménageant toutefois la possibilité que des "circonstances" futures en décident autrement.

Bon an mal an, en dehors du communiste Fabien Roussel, qui ménage la possibilité d'y aller seul, la candidature unique fait consensus au sein de la Nupes. Du moins pour l'instant, puisque beaucoup usent à foison de la formule "2027 c'est tellement loin".

En avril, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a demandé la construction d'un "contrat de coalition" pour la présidentielle. Puis en mai, Marine Tondelier, cheffe d'EELV, a dit son souhait d'une candidature unique - pour mieux refuser une alliance aux européennes, où les écologistes espèrent être premiers à gauche et se replacer dans la course au leadership présidentiel.

Néanmoins tout est bon à prendre, pour le député LFI Paul Vannier: "Tondelier appartient à un courant qui pense qu'on peut gagner en mettant l'écologie au centre. Donc quand elle se dit prête à ce qu'il n'y ait pas de candidat EELV en 2027, c'est un tournant majeur".

L'insoumis semble en déduire que les écologistes abandonnent l'idée de pousser un des leurs pour représenter la gauche. "Pour l'instant je ne vois personne d'EELV à être raisonnablement victorieux à la présidentielle", concède l'eurodéputé vert David Cormand.

Embuscade 

Mais il contre-attaque: "Le récit Nupes perd face à Marine Le Pen au second tour. LFI ne veut surtout pas qu'on ouvre ce débat-là. Il faut quelqu'un qui arrive à faire voter les gens de gauche et les abstentionnistes, mais dans le même temps ne pousse pas certains macronistes et électeurs de droite à voter Le Pen ".

Aux yeux de Marine Tondelier, "il faut se demander quelles sont les qualités requises pour gagner, le portrait-robot du candidat": "apaiser, fédérer, dialoguer".

Un nom revient ces derniers mois pour synthétiser d'une part la rupture avec le libéralisme prônée par une France insoumise dominante, d'autre part ce besoin de rondeur loin du "bruit et de la fureur" de Jean-Luc Mélenchon: François Ruffin.

De cette dynamique, l'intéressé est à la fois le moteur - il a récemment lancé un appel aux dons - et le bénéficiaire silencieux: toute la gauche hors LFI n'en finit plus de lui trouver des qualités pour mieux souligner les défauts de Jean-Luc Mélenchon.

Dans les récents baromètres des personnalités de gauche, les deux hommes sont au coude-à-coude. Mais Fabien Roussel aussi tire son épingle du jeu.

Les socialistes, eux, considèrent qu'une union de la gauche inédite à la présidentielle favorise mécaniquement la désignation d'une personnalité de centre-gauche, puisque l'enjeu devient moins de passer le premier tour que de gagner le second. Exit donc Jean-Luc Mélenchon, tandis que le premier secrétaire Olivier Faure se tient en embuscade.

Qui remportera le trophée du candidat de l'union de la gauche? "J'en sais rien, et d'une certaine manière il faut s'en foutre" et travailler sur les équilibres idéologiques, répond David Cormand.

D'autant que la gauche n'a pas le luxe de se déchirer sur la personne, abonde un autre ancien chef écolo, Julien Bayou: "Il n'y a pas de guerre possible, car tout le monde a une capacité de nuisance délétère".

Rédigé par RB le Jeudi 25 Mai 2023 à 07:14 | Lu 454 fois