Tahiti, le 13 octobre 2025 - Congestion et sécurité routière, réduction des émissions de gaz à effet de serre ou de la dépendance énergétique du Pays, développement économique et social durable... La Chambre territoriale des comptes (CTC) a transmis à l'assemblée son rapport d'observations définitives concernant la politique des transports terrestres depuis 2020. Il en ressort huit recommandations. La CTC pointe notamment du doigt une “absence de coordination” entre le Pays et les communes qui doivent mieux s'organiser.
Ce jeudi, les élus de l'assemblée s'exprimeront sur le dernier rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC), que Tahiti Infos s'est procuré, relatif au contrôle de la politique des transports terrestres depuis 2020, soit depuis la fin de mandature d'Édouard Fritch et le début de celle de Moetai Brotherson en 2023. Comme le rappelle d'emblée la juridiction financière, de nombreux enjeux entourent cette politique publique, à commencer par la réduction de la congestion routière, conséquence directe d'une urbanisation concentrée. La zone de Papeete concentre en effet 70 % de l'emploi ainsi que la majorité des services publics (en attendant que le plan de décentralisation de l'administration souhaitée par le gouvernement Brotherson n'aboutisse). Résultat des courses, le trafic est saturé, notamment le matin et le soir, avec un flux estimé à 530 000 déplacements quotidiens, dont 94 % uniquement liés à cette zone.
Mais cette congestion routière est aussi fortement influencée par les trajets scolaires, notamment aux heures de pointe. La réforme des rythmes scolaires dans le 1er degré initiée l'an dernier par le ministre de l'Éducation pour échelonner le début des cours avait notamment vocation à créer une cadence positive sur la mobilité routière. L'état des lieux des mobilités réalisé en décembre dernier met surtout en évidence “un phénomène de décalage dans le temps du trafic”. Comme le souligne la CTC, c'est une “première étape” et le Pays doit aller plus loin en réfléchissant à “de nouvelles approches pour les horaires scolaires, professionnels et administratifs”.
Un verdissement du réseau routier “incertain”
Le schéma directeur des transports collectifs et déplacements durables adopté en 2017 a notamment pour ambition de transformer la mobilité à l'horizon 2035 en développant les transports en commun avec, à terme, la création d'une ligne reliant Arue à Punaauia. La refonte du réseau pour améliorer la couverture géographique et la fréquence des bus doit passer par un renouvellement de la flotte de véhicules mais aussi par un aménagement des infrastructures de transport. La CTC souligne par ailleurs que sur les 240 bus en circulation dans le cadre de la délégation de service public, seuls 24 peuvent s'abaisser jusqu'à la bordure du trottoir pour faciliter l'embarquement. Dans sa réponse, le président du Pays affirme qu'en complément des “huit bus à plancher bas prévus pour 2026” pour une meilleure accessibilité aux personnes à mobilité réduite, “le renouvellement nécessaire et programmé de 60 bus par le délégataire de service public du réseau de transport en commun de Tahiti, RTCT, inclura 15 nouveaux véhicules accessibles, portant leur nombre total à 47 contre 24 actuellement”.
Des orientations qui doivent s'articuler avec le plan climat 2030 adopté en 2024, qui fixe un objectif “particulièrement ambitieux” de diminution de 50 % des émissions de gaz à effet de serre, “très incertain sauf volontarisme fort de la part du Pays”. La CTC insiste longuement dans son rapport de 82 pages sur ce volet environnemental lié au secteur du transport terrestre qui représente le plus gros contributeur en matière d'émission de gaz à effet de serre. C'est d'ailleurs l'une de ses recommandations, la CTC encourageant de surcroît le Pays à renforcer le ciblage des mesures d'exonération fiscale appliquées aux véhicules hybrides et électriques, après avoir remis en cause ces avantages fiscaux. Le mix énergétique de la Polynésie étant encore “fortement carboné”, le recours aux véhicules électriques “est contraint”, souligne la Chambre qui estime ainsi que les véhicules hybrides sont aujourd'hui “plus pertinents”.
Absence de coordination entre le Pays et les communes
En matière de politique publique des transports terrestres, la CTC met l'accent sur les compétences que le Pays et les communes partagent. Chacun doit travailler en bonne intelligence avec l'autre et ne doit pas prêcher pour sa seule paroisse. Ainsi, la gouvernance “doit être davantage organisée puisque les communes ont la qualité d'autorité organisatrice de la mobilité à l'intérieur de leur territoire tandis que le Pays a compétence pour les liaisons intercommunales”. Or, “l'absence de coordination entre les différents niveaux freine la mise en œuvre d'une stratégie globale” tendant à favoriser le report vers des modes de déplacement autres que la voiture particulière, note encore le rapport qui souligne que, dans sa réponse, le Pays assure qu'un “projet d'arrêté est en cours d'élaboration afin d'en définir les modalités”.
Côté finances, la CTC invite le Pays à réviser progressivement le dispositif du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH) qui pèse lourdement sur le budget du Pays. Car s'il permet de stabiliser le prix des carburants et de “préserver le pouvoir d'achat des ménages polynésiens” dont le deuxième poste de dépenses est lié au transport, ce fonds a dû être abondé de 13,3 milliards de francs entre 2022 et 2024, et il a “un effet dissuasif tant sur le recours à des alternatives à la voiture individuelle que sur la transition énergétique”. Au total, la CTC émet huit recommandations dont “certaines sont déjà pleinement intégrées à la stratégie de mise en œuvre opérationnelle de la politique publique des transports terrestres”, affirme le président Brotherson dans sa réponse transmise à la juridiction financière.
Ce jeudi, les élus de l'assemblée s'exprimeront sur le dernier rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC), que Tahiti Infos s'est procuré, relatif au contrôle de la politique des transports terrestres depuis 2020, soit depuis la fin de mandature d'Édouard Fritch et le début de celle de Moetai Brotherson en 2023. Comme le rappelle d'emblée la juridiction financière, de nombreux enjeux entourent cette politique publique, à commencer par la réduction de la congestion routière, conséquence directe d'une urbanisation concentrée. La zone de Papeete concentre en effet 70 % de l'emploi ainsi que la majorité des services publics (en attendant que le plan de décentralisation de l'administration souhaitée par le gouvernement Brotherson n'aboutisse). Résultat des courses, le trafic est saturé, notamment le matin et le soir, avec un flux estimé à 530 000 déplacements quotidiens, dont 94 % uniquement liés à cette zone.
Mais cette congestion routière est aussi fortement influencée par les trajets scolaires, notamment aux heures de pointe. La réforme des rythmes scolaires dans le 1er degré initiée l'an dernier par le ministre de l'Éducation pour échelonner le début des cours avait notamment vocation à créer une cadence positive sur la mobilité routière. L'état des lieux des mobilités réalisé en décembre dernier met surtout en évidence “un phénomène de décalage dans le temps du trafic”. Comme le souligne la CTC, c'est une “première étape” et le Pays doit aller plus loin en réfléchissant à “de nouvelles approches pour les horaires scolaires, professionnels et administratifs”.
Un verdissement du réseau routier “incertain”
Le schéma directeur des transports collectifs et déplacements durables adopté en 2017 a notamment pour ambition de transformer la mobilité à l'horizon 2035 en développant les transports en commun avec, à terme, la création d'une ligne reliant Arue à Punaauia. La refonte du réseau pour améliorer la couverture géographique et la fréquence des bus doit passer par un renouvellement de la flotte de véhicules mais aussi par un aménagement des infrastructures de transport. La CTC souligne par ailleurs que sur les 240 bus en circulation dans le cadre de la délégation de service public, seuls 24 peuvent s'abaisser jusqu'à la bordure du trottoir pour faciliter l'embarquement. Dans sa réponse, le président du Pays affirme qu'en complément des “huit bus à plancher bas prévus pour 2026” pour une meilleure accessibilité aux personnes à mobilité réduite, “le renouvellement nécessaire et programmé de 60 bus par le délégataire de service public du réseau de transport en commun de Tahiti, RTCT, inclura 15 nouveaux véhicules accessibles, portant leur nombre total à 47 contre 24 actuellement”.
Des orientations qui doivent s'articuler avec le plan climat 2030 adopté en 2024, qui fixe un objectif “particulièrement ambitieux” de diminution de 50 % des émissions de gaz à effet de serre, “très incertain sauf volontarisme fort de la part du Pays”. La CTC insiste longuement dans son rapport de 82 pages sur ce volet environnemental lié au secteur du transport terrestre qui représente le plus gros contributeur en matière d'émission de gaz à effet de serre. C'est d'ailleurs l'une de ses recommandations, la CTC encourageant de surcroît le Pays à renforcer le ciblage des mesures d'exonération fiscale appliquées aux véhicules hybrides et électriques, après avoir remis en cause ces avantages fiscaux. Le mix énergétique de la Polynésie étant encore “fortement carboné”, le recours aux véhicules électriques “est contraint”, souligne la Chambre qui estime ainsi que les véhicules hybrides sont aujourd'hui “plus pertinents”.
Absence de coordination entre le Pays et les communes
En matière de politique publique des transports terrestres, la CTC met l'accent sur les compétences que le Pays et les communes partagent. Chacun doit travailler en bonne intelligence avec l'autre et ne doit pas prêcher pour sa seule paroisse. Ainsi, la gouvernance “doit être davantage organisée puisque les communes ont la qualité d'autorité organisatrice de la mobilité à l'intérieur de leur territoire tandis que le Pays a compétence pour les liaisons intercommunales”. Or, “l'absence de coordination entre les différents niveaux freine la mise en œuvre d'une stratégie globale” tendant à favoriser le report vers des modes de déplacement autres que la voiture particulière, note encore le rapport qui souligne que, dans sa réponse, le Pays assure qu'un “projet d'arrêté est en cours d'élaboration afin d'en définir les modalités”.
Côté finances, la CTC invite le Pays à réviser progressivement le dispositif du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH) qui pèse lourdement sur le budget du Pays. Car s'il permet de stabiliser le prix des carburants et de “préserver le pouvoir d'achat des ménages polynésiens” dont le deuxième poste de dépenses est lié au transport, ce fonds a dû être abondé de 13,3 milliards de francs entre 2022 et 2024, et il a “un effet dissuasif tant sur le recours à des alternatives à la voiture individuelle que sur la transition énergétique”. Au total, la CTC émet huit recommandations dont “certaines sont déjà pleinement intégrées à la stratégie de mise en œuvre opérationnelle de la politique publique des transports terrestres”, affirme le président Brotherson dans sa réponse transmise à la juridiction financière.
Covoiturage : Wigo ne remplit pas ses promesses
L'une des solutions à la décongestion routière et à l'amélioration de la mobilité des usagers est le développement de solutions alternatives telles que le covoiturage. C'est en ce sens qu'à la suite d'un appel à projets lancé fin 2023, le Pays a retenu un lauréat chargé de développer une application mobile, Wigo. Une subvention de 49 millions de francs lui a ainsi été attribuée, comme le rappelle la CTC, et un portefeuille virtuel permet de verser un crédit mensuel de 500 francs aux utilisateurs de cette application. Mais force est de constater que cette plateforme de covoiturage ne remplit pas ses promesses. “Bien que le mois de mars 2025 affiche de meilleurs résultats depuis le lancement de l'application, ce résultat est encore loin de l'objectif de 5 000 trajets mensuels qui conditionne, avec six autres indicateurs, l'octroi de la cinquième fraction de 4 % de la subvention, soit 2,1 millions de francs”. Parallèlement à la mise en place de cette application, le Pays a fait appel à un bureau d'études pour poser un diagnostic de la politique de covoiturage, et cette étude “exclut qu'un opérateur privé puisse être en mesure de construire un modèle économique rentable à court terme”. La CTC invite ainsi le Pays à “produire le bilan de la pertinence de l'application Wigo” afin notamment de “décider des suites à apporter à cette expérimentation”.