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Tramway aérien : un transport en commun à 15 milliards de Fcfp, en un an ?


Le métrocâble de Medellin en Colombie comporte désormais quatre lignes.
Le métrocâble de Medellin en Colombie comporte désormais quatre lignes.
PAPEETE, jeudi 6 mars 2014. L’association 2D Attitude a mené à son terme son étude sur la faisabilité d’un tramway aérien ou métro-câble dans la zone urbaine de Papeete (d’Arue à Punaauia). La mise en place de deux lignes (est et ouest) coûterait 15,5 milliards de Fcfp pour 15 km de tracé. Ce projet de métro-câble à Tahiti n’est pas une utopie. François Paul-Pont et Jean-Claude Foglia ont mené cette étude, «par démarche citoyenne» appuyés par un expert reconnu de ce monde de transport, venu en mission à Tahiti en juin 2013. Ce ne sont pas des originaux. L’un est enseignant dans le supérieur, l’autre ingénieur, mais tous deux sont convaincus que le tramway aérien est une bonne solution pour Tahiti. «Ce que nous voulons c’est que ce mode de transport soit étudié par le Pays avec le même niveau d’études que les autres, qu’on ne le balaie pas du revers de la main. Notre but est, avec le rapport que nous présentons, qu’une étude de faisabilité complète sur ce projet puisse être menée» expliquent-ils. Une étude de faisabilité qui a obtenu l'aval de la Commission des transports de l'assemblée de Polynésie française : son président Henri Flohr a écrit un courrier dans ce sens tout récemment au ministre des transports Albert Solia.

Pour cette étude dont le financement pourrait être partagé entre Etat et Pays, 20 millions de Fcfp sont nécessaires. Le rapport sur un transport en commun par télécabines à Tahiti que les deux membres de l'association 2D Attitude viennent d’achever reste en effet incomplet. Il est néanmoins très convaincant : le tramway aérien évite les encombrements de la route, consomme peu d’électricité (un moteur seulement par ligne), n’est pas soumis à des horaires mais fonctionne à flux continu, n’est pas polluant, ne fait pas de bruit et est très sûr, enfin, les tracés imaginés par 2D Attitude suivent les grands axes routiers pour ne pas survoler les maisons.
Selon le rapport que l’association a établi, le coût de fonctionnement de ce tramway aérien est bien meilleur marché que les autres modes de transport : pour 300 personnes transportées par métro-câble il faut compter entre 180 à 385 Fcfp par kilomètre ; le tramway terrestre est à 840 Fcfp/km et le bus, gros consommateur d’énergie fossile est à 1800 Fcfp/km.

Pour autant, ce système de télécabines, bien connu des montagnards et des stations de ski, souvent mis en place pour des sites touristiques en altitude, est encore trop peu souvent envisagé comme mode de transport. Jusqu’ici, seules des villes sud-américaines comme Medellin en Colombie ou Caracas au Vénézuela l’ont véritablement adopté comme moyen de déplacement quotidien. A Medellin, le fabricant français de télécabines, Poma, a installé quatre lignes entre 2004 et 2012. L’avantage majeur est que la mise en place est aisée. Pour les deux lignes tahitiennes il faudrait compter à peine un an de travail pour l’implantation des pylônes et des gares sans empiéter sur l’espace actuel des chaussées. Presque un miracle !

Mais les inconvénients existent aussi avec la nécessité d’implanter un pylône tous les 150 mètres. Même s’ils restent positionnés sur les grands axes routiers, il n’est pas certain que les riverains adhérent volontiers à cette nouvelle pollution visuelle. Enfin, ce mode de transport très automatisé n’est que très faiblement créateur d’emplois. François Paul-Pont et Jean-Claude Foglia assurent avoir le soutien du haussariat, de l’AFD (agence française de développement) et même de quelques conseillers de l’entourage présidentiel pour qu’une étude complète soit réalisée.

Lire la présentation complète du projet

Une gare du Métrocâble de Medellin.
Une gare du Métrocâble de Medellin.
EN CHIFFRES


14 gares sur la côte Est (une tous les 500 mètres), d’Arue à Tipaerui (en passant par l’avenue du Prince Hinoi, le front de mer via les Jardins de Paofai) jusqu’au stade de Tipaerui et, interconnectée, la ligne Ouest entre Tipaerui et Taapuna (route des Plaines à Punaauia) au-dessus de la RDO pour éviter la zone –interdite- de l’aéroport de Faa’a, avec également 14 gares (une tous les 600 mètres). Voilà le projet complet étudié par l’association 2D Attitude. Dans chacune des gares, une télécabine est disponible pour les passagers chaque 30 secondes, en flux continu. Alors que le métro-câble avance à 21 km/h, la vitesse est extrêmement ralentie en gare pour permettre aux passagers (y compris ceux à mobilité réduite) d’entrer et sortir des cabines sans jamais stopper la rotation des machines. Les lignes sont capables de transporter 3600 personnes par sens et par heure.

Les deux lignes de tramway aérien pourraient fonctionner de 5h à minuit, tous les jours.
Quelques exemples de durées de parcours ont été calculées : 12 minutes entre le camp d’Arue et le bas de l’avenue du Prince Hinoi ; 16 minutes entre Tipaerui et l’Université à Outumaoro ; 26 minutes entre Taapuna et Tipaerui.
Coût de fonctionnement estimé : 1 milliard de Fcfp/an. Dans l’optique de 30 000 trajets effectués chaque jour sur ces deux lignes avec un ticket à 150 Fcfp, les recettes pourraient être environ de 1,6 milliard de Fcfp annuellement.

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 6 Mars 2014 à 15:37 | Lu 5479 fois