Tractations pour trouver des majorités après les élections en Nouvelle-Calédonie


NOUMÉA, 12 mai 2014 (AFP) - Les négociations entre états-majors ont commencé dès lundi en Nouvelle-Calédonie où au lendemain des élections provinciales aucun parti n'a à lui seul la majorité dans les différentes assemblées de cet archipel, en cours de décolonisation.

"Les discussions commencent dès aujourd'hui. Tout le monde a appelé à l'union pendant la campagne et au regroupement, il faut y travailler", a déclaré à l'AFP, Philippe Michel, septième sur la liste de Calédonie Ensemble (CE,centre droit) dans la province Sud.

Les deux grandes familles politiques du Caillou - droite non indépendantiste, majoritairement européenne, et indépendantistes, essentiellement kanak - se sont présentés dans la dispersion.

Ce mandat est crucial pour l'avenir de l'archipel car il est le dernier de l'accord de Nouméa (1998), au cours duquel un référendum d'autodétermination doit être organisé d'ici 2018.

Au Congrès, l'écart est resserré avec 29 sièges non indépendantistes et 25 indépendantistes, contre 31 et 23 dans la précédente mandature mais aucun parti ne dispose à lui seul de la majorité absolue. Idem dans les provinces où il va falloir trouver des alliances.

En nombre de voix, le rapport demeure toutefois pratiquement inchangé depuis plus de 30 ans, avec en gros près de 60% d'opposants à l'indépendance et un peu plus de 40% de partisans.

Dans la province Sud, pivot économique où se trouve Nouméa, Calédonie Ensemble, dirigée par le député UDI Philippe Gomes, est largement en tête avec 16 élus sur 40 (36,44%).

Pour emporter la présidence de la collectivité dont l'élection a lieu vendredi, CE devra s'entendre avec le Front pour l'Unité (UMP) de Cynthia Ligeard, présidente sortante, sévèrement battue avec 9 sièges ou l'Union pour la Calédonie dans la France (8 élus), qui est aussi affiliée à l'UMP, tendance copéiste.

"L'esprit d'ouverture et de responsabilité est nécessaire. Il faut tendre la main aux partis non indépendantistes mais aussi aux indépendantistes", a déclaré M. Gomes, qui plaide pour une répartition "plus équitable des richesses" du territoire.

'condamnés à s'entendre'

Dans la province Nord, qui connait un fort développement sous l'effet de la mise en service l'an dernier d'un usine métallurgique de nickel de taille mondiale, le président sortant indépendantiste Paul Néaoutyine (Palika-FLNKS) est à jeu égal avec son rival indépendantiste de l'Union Calédonienne, Gilbert Tyuienon, chacun 9 sièges sur 22.

Selon les observateurs, M. Néaoutyine devrait sauver sa tête grâce à l'appui des trois élus de CE et de son avance en termes de voix.

Dans les îles Loyauté, exclusivement indépendantistes et peu développées, l'Union Calédonienne, qui domine, devra former une majorité avec quatre autres formations séparatistes.

Au Congrès, qui réunit 54 des 76 élus, les trois partis de droite sont condamnés à s'entendre s'ils veulent gagner la présidence de l'assemblée, dont l'élection est fixée au 23 mai. Dans la mandature sortante, le

R-UMP du sénateur UMP Pierre Frogier avait porté un indépendantiste de l'UC à la présidence du Congrès, mais cette entente a été sanctionnée dans les urnes dimanche.

"Je crois que cette alliance est morte et enterrée, les loyalistes doivent se réunir", confie une responsable du R-UMP.

Entre le 3 et le 13 juin, le Congrès élira selon un scrutin de liste proportionnel le gouvernement collégial. Si la droite présente plus de deux listes, et que les indépendantistes s'unissent, ils pourraient être en mesure de contrôler l'exécutif.

"Il faudra un accord sur le fond car il y aura des mesures impopulaires à prendre", anticipe un élu.

Quelque 10 milliards de CFP (83 millions euros) seront en effet à trouver pour boucler le prochain budget tandis que la vie chère, le logement, la relance de la croissance actuellement à zéro, la diversification de l'économie, phagocytée par le nickel ou encore la lutte contre la pauvreté figurent au rang des dossiers prioritaires.

Parallèlement, l'avenir institutionnel devrait être au centre de la mandature alors que la sortie de l'accord de Nouméa suscite de profondes incertitudes.

"Il faut que sur ce sujet l'État prenne des initiatives, qu'il cesse de rester en retrait", recommande un haut fonctionnaire.

Rédigé par () le Lundi 12 Mai 2014 à 05:50 | Lu 335 fois