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Teiva Manutahi sous "protocole de partenariat" avec Gaston Flosse


Teiva Manutahi, entouré de ses colistiers Pierre Marchesini et Christiane Ticchi
Teiva Manutahi, entouré de ses colistiers Pierre Marchesini et Christiane Ticchi
PAPEETE, vendredi 26 avril 2013 – Après une semaine à la recherche d’une issue de secours pour transformer le plébiscite de 5,71% de suffrages exprimés en sa faveur, le 21 avril dernier, le leader de la liste Tous Polynésiens Porinetia Ora appelle finalement à voter orange, le 5 mai prochain, au second tour du scrutin des élections Territoriales 2013.

Teiva Manutahi annonce qu’il réintègre son poste dans l’administration territoriale, au service des Affaires sociales, dès le 7 mai prochain mais qu'il ne cesse pas le combat "pour les plus démunis", se donnant une capacité d'influence sur les décisions de Gaston Flosse, si celui-ci était finalement président de la Polynésie française. "Si par quelque hasard, nous nous apercevions que nous n'avons pas été respectés, nous partirions", a-t-il prévenu.

Il a expliqué dans la matinée, lors d’une conférence de presse, avoir signé un "protocole de partenariat" avec Gaston Flosse par lequel il s’engage à aiguillier les 7 293 suffrages exprimés en sa faveur dimanche dernier, sur un choix Tahoera’a Huira’atira, le 5 mai prochain, en échange de l'oreille de l'éventuel futur Président.

Le leader de Porinetia Ora entretien une certaine rancœur à l’égard de Teva Rohfritsch. "Nous avons attendu un appel du pied de Teva Rohfritsch qui n’est jamais venu", déplore Teiva Manutahi. "J’ai envoyé mes collaborateurs lui faire du charme : rien ! (…) Avec le Tahoera’a nous avons signé un accord de partenariat. J’ai préféré l’autonomie ouverte de Flosse à l’autonomie de censure de Rohfritsch".

La liste A Ti’a Porinetia (19,97%) est qualifiée pour le second tour des Territoriales et participera au scrutin fasse à l’UPLD (24,09%) et le Tahoera’a Huiraatira (40,16%), le 5 mai prochain.

Pas sûr que les 7 293 électeurs du parti mauve comprennent tous bien l’attitude de leur leader politique, qui a axé sa communication sur le thème de "la relève", ni son appel à voter pour un homme dont il n’a pas ménagé la critique, au fil de ses meetings de campagne.

Teiva Manutahi sous "protocole de partenariat" avec Gaston Flosse
Teiva Manutahi : "M. Rohfritsch aurait fait ce pas, nous n’en serions pas là"

Pourquoi ne pas avoir laissé la liberté de vote à vos électeurs, puisque si Teva Rohfritsch vous avait reçu vous seriez aujourd’hui avec lui ? Votre choix ressemble à une décision prise par défaut.

Teiva Manutahi : Si M. Rohfritsch ne se rend pas compte que nous avons travaillé et qu’il y a 8 000 pauvres de notre côté, pensez-vous qu’il s’en rendra compte après les élections, s’il gagne ? Je suis triste de vous dire que deux personnes ont fait ce pas : Flosse et Oscar. (…) Ce que je veux c’est que nos électeurs ne soient pas oubliés (…).
C’est une question de respect du travail accompli depuis 7 ans (…). Monsieur Rohfritsch n’a pas daigné faire d’effort pour me permettre de poursuivre mon combat. (…) Nous avions la possibilité de composer. Ils se prétendent la relève et le changement : pourquoi alors avoir fermé la porte ?
Je suis autonomiste et républicain, je ne l’ai jamais caché (…). Mon choix de toutes manières aurait été à l’autonomie. Mais laquelle ? L’autonomie-censure de Monsieur Teva Rohfritsch qui ne veut pas me voir, qui fait comme si on n’existait pas ? Ou bien l’autre autonomie, d’ouverture, prônée par M. Flosse ? Eh bien j’ai fait abstraction de mes propres représentations, tout simplement parce qu’il me permettait de défendre cette idée de justice, d’inégalité et de pauvreté. M. Rohfritsch aurait fait ce pas, nous n’en serions pas là. (…)


Gaston Flosse vous a-t-il fait une offre avantageuse, au service des Affaires sociales ?

Teiva Manutahi : Pas du tout. Je suis fonctionnaire, je gagne très bien ma vie. Je n’ai demandé aucun poste au gouvernement ni à l’Assemblée. Gaston Flosse m’a simplement dit qu’il prendrait en compte le travail engagé avec les pauvres et que je pourrai poursuivre mon travail pour les défendre. (…) Le problème c’est que vous pensez à chaque fois que les choses sont monnayées. (…) Je suis éducateur, cadre A dans la fonction publique : je gagne bien ma vie.

Vous avez prôné la relève durant toute votre campagne. Vous allez aujourd’hui vers celui qui incarne l’anti-relève, n’est-ce pas une marche à reculons ?

Teiva Manutahi : Ce n’est pas moi qui y vais : 51 000 polynésiens y sont allés, 51 000. (…) Tant qu’il prendra en considération ces électeurs, j’ai le sentiment d’avoir fait le bon choix. Et de toutes manières, Flosse ou pas Flosse j’aurais voté autonomiste : je suis autonomiste. (…)

Cela veut-il dire aussi que vous mettez de côté le recours que vous annonciez contre le bulletin de vote du Tahoera’a ?

Teiva Manutahi : Il n’y a pas de recours possible avant l’issue du second tour et 5 jours de la proclamation des résultats officiels. Nous avons adressé un courrier au haut-commissaire. On attend la réponse. Selon ses interprétations et ses juristes, les choses ont été faites convenablement. En fonction des articles de loi qu’il nous proposera, nous nous réservons le choix d’entamer l’action ou de ne rien en faire.

Vous avez déclaré sur le plateau de A vous la parole que "les aînés ont ruiné le pays" et vous appelez maintenant à voter Gaston Flosse. N’avez-vous pas peur de perdre vos électeurs ?

Teiva Manutahi : Voyez en moi le garant, celui qui permettra d’éviter les dérives. Pourquoi ne serai-je pas le rempart à toutes ces dérives ? Si mon rôle est d’être celui qui sera dans la médiation et tentera d’éviter qu’il y ait toujours plus de pauvreté et de précarité, pourquoi ne serait-ce pas un bon choix ? Vous savez bien que je n’ai pas fait le choix du Tahoera’a au premier tour. Mais je ne peux pas faire comme Teva Rohfritsch et effacer 51 000 électeurs en prétendant qu’ils n’ont rien compris. Je n’ai pas fait le choix : ce sont eux qui me l’imposent.

Quels sont donc les points de ce partenariat avec Gaston Flosse ?

Teiva Manutahi : Une terre, un travail et un logement. Je défendrai toute ma vie – parce que ce sont mes convictions – celles et ceux qui n’ont rien.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 26 Avril 2013 à 12:12 | Lu 5717 fois