“Te Moana Nui Ancestral Heritage”, l'avenir des sports traditionnels


La course de porteurs de fruits est une épreuve qui rencontre un vif succès à l'étranger, et la fédération internationale des sports ancestraux entend bien faire respecter les règles et coutumes en vigueur.
Tahiti, le 15 juillet 2025 - Les Tū'aro Mā'ohi ont annoncé la création officielle d'une nouvelle fédération internationale des sports ancestraux : “Te Moana Nui Ancestral Heritage”. Composé de la Nouvelle Zélande, Hawaii, Rapa Nui, les Îles Cook et Tahiti, le comité entend renforcer les liens entre ces territoires insulaires, protéger l'essence culturelle de ses pratiques, et inciter ses pays membres à valoriser leurs propres disciplines régionales.
 
L'idée d'une fédération internationale des sports ancestraux ne date pas d'hier. L'engouement pour les Tū'aro Mā'ohi ne cesse de croître et se manifeste même au delà du bassin Pacifique. Un travail de longue haleine mené par Enoch Laughlin et ses équipes qui, aujourd'hui, doit répondre à des sollicitations étrangères toujours plus nombreuses : “Nous avons déjà énormément de demandes d'intégration”, assure-t-il alors qu’il prend la présidence de cette nouvelle fédération pour les deux années à venir. “Mais pour le moment, nous voulons nous structurer durablement avec la Nouvelle Zélande, Hawaii, Rapa Nui et les Îles Cook avec qui nous partageons une réelle amitié et surtout une vision commune.”
 
Un point d'honneur sur lequel le président de Te Moana Nui Ancestral Heritage insiste : “Nous créons cette fédération pour protéger les Tū'aro Mā'ohi, ainsi que les différents sports traditionnels des pays membres. Nous ne voulons pas qu'ils soient dénaturés. Dernièrement, nous avons été invités à Miami où, là-bas, les gens veulent lancer ces sports. Nous avons eu des difficultés à leur faire comprendre que ces sports sont un héritage de nos ancêtres et qu'il y a une façon de les pratiquer. Un exemple très simple : Nous avons eu énormément d'inscriptions là-bas pour la course de porteurs de fruits, mais ces personnes venaient en tennis, avec des shorts. On leur a dit : ‘Désolé. Vous voulez faire les Tū'aro Mā'ohi ? Il y a des règles.’ Dans d'autres pays, certains voulaient faire des javelots en kevlar. Tout ça, ce n'est pas possible.”
 
Raviver la pratique des sports ancestraux régionaux
 
Autre motif pour la création de cette fédération internationale des sports ancestraux : la recherche de fonds pour soutenir l'organisation d'événements majeurs au sein des différents pays membres. Et à ce titre, la fédération Te Moana Nui Ancestral Heritage devrait pouvoir compter sur les différentes aides octroyées par le Forum du Pacifique, l'Unesco, et le haut-commissariat. “Nous voulons faire des événements de grande ampleur et cela a un coût. Nous, Tahiti, ne pouvions pas bénéficier seuls de ces soutiens”, confie Enoch Laughlin. Et pour cause : si pour le moment le Heiva Tū'aro Mā'ohi de Tahiti représente le point culminant de ces pratiques sportives ancestrales, la fédération internationale ambitionne, quant à elle, de valoriser chaque destination pour, peut-être un jour, créer un championnat en plusieurs étapes, ou déplacer le Heiva Tū'aro Mā'ohi tous les ans dans un pays différent. Les possibilités sont nombreuses et dépendront des moyens financiers à disposition.
 
Mais pour l'heure, le comité se donne surtout pour mission de raviver la pratique des sports ancestraux propre à chacun des pays membres : “Nous voulons non seulement développer nos sports à nous, les Tū'aro Mā'ohi, mais aussi les sports de nos cousins du Pacifique. La Nouvelle Zélande possède ses propres sports, mais ils ont tendance à disparaître. Grâce à ces rencontres que nous faisons chaque année, ils se disent qu'il faudrait les faire vivre de nouveau et c'est formidable. Dans d'autres îles, comme Rapa Nui, la culture est encore très forte, préservée, et donc leurs sports traditionnels aussi. Il faut s'en inspirer et faire vivre tout ça.”

Composé de représentants originaires de Nouvelle-Zélande, Hawaii, Rapa nui, des Îles Cook et de Tahiti, le comité tient tout d'abord à se structurer davantage avant d'ouvrir sa table aux autres pays.

Réaction  
Tiffany Te Moni, représentante de la Nouvelle Zélande au sein du comité Te Moana Nui Ancestral Heritage : “Cette année, cela fait dix ans que nous venons, mon mari et moi, à Tahiti pour les Tū'aro Mā'ohi. C'est un privilège de venir ici et d'avoir ce lien entre nous, entre nos familles. Nous faisons ces compétitions ensemble, nos enfants y participent ensemble également. Nous voulons que cette tradition se perpétue de générations en générations. Cette volonté de succession est un sentiment fort pour nous qui sommes originaires de Aotearoa. Dans 30 ans je veux être une grand-mère et voir mes enfants perpétuer cette connexion avec les gens d'ici. Nous espérons bientôt accueillir sur nos terres un événement “Tū'aro Maori”. L'année prochaine peut-être. Nous prenons les Tū'aro Mā'ohi très au sérieux en tant qu'athlètes et il en sera de même en tant que pays hôte.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 15 Juillet 2025 à 17:11 | Lu 1791 fois