Tahei auti ia Moorea veut être reconnue d’utilité publique


Manifestation du 13 novembre 2021 à Temae ©Fédération Tahei auti ia Moorea
Tahiti, le 5 octobre 2025 - La fédération Tahei auti no Moorea a entamé les démarches pour être reconnue comme étant une association d’utilité publique. Elle souhaite ainsi éviter, lorsqu’elle porte des actions en justice, que ses détracteurs l’attaque sur la forme. Une démarche “fastidieuse” mais les dossiers sont presque prêts et vont être déposés au Pays et à l’État. 
 
Le 13 novembre prochain, la fédération Tahei auti ia Moorea fêtera ses quatre ans. Celle-ci a vu le jour en 2021 lorsque plus de 2 000 personnes s’étaient rassemblées pour dire non à la privatisation de la plage To’atea par le groupe Wan. La fédération a fait savoir à plusieurs reprises au Pays ainsi qu’au maire de Moorea-Maiao, Evans Haumani, qu’elle souhaiterait que l’emprise réservée à Tema’e, classée depuis 2013 par l’ancien tāvana Raymond Van Bastolaer, reste ainsi et surtout que la population puisse toujours en profiter.   
 
Et pour organiser cette manifestation, plusieurs personnes, collectifs et associations s’étaient regroupés pour mettre en place cette fédération car “on avait bien vu que les collectifs étaient dispatchés un peu sur l'ensemble de l’île. C'était bien mais en même temps, c'était compliqué de pouvoir rassembler tout le monde et de pouvoir être efficace sur le terrain. Et quand la fédération s'est montée, on a tout de suite vu que sur certains dossiers, on n'allait pas trouver de consensus ou qu'on n'était pas entendu par les promoteurs, la commune ou le Pays et qu'à un moment donné, il fallait qu'on engage des actions en justice”, se souvient le président de la fédération Tahei auti ia Moorea, Rahiti Buchi

Une démarche “fastidieuse”

“Lors des premiers procès sur lesquels on s'est engagé, les parties adverses ont toujours critiqué et attaqué sur la forme, c’est-à-dire savoir si on a un intérêt à agir et est-ce qu'on est légitime”, poursuit-il.
 
Raison pour laquelle, la fédération a entamé les démarches pour qu’elle soit reconnue d’utilité publique. Ainsi, “la question de notre intérêt à agir ne sera plus d'actualité. Il faudra vraiment que les parties adverses cherchent autre chose. Comme ce qui s'est passé dernièrement au tribunal administratif (sur le dossier du projet Manutea Lodge à Pihaena, NDLR). ”
 
Dans cette affaire opposant la fédération à Jean-Michel Monot, Rahiti Buchin assure d’ailleurs être vraiment “satisfait” que le tribunal administratif ait décidé que la fédération avait intérêt à agir.
 
“Notre action dans l'affaire Manutea Lodge, c'est que vraiment le tribunal administratif ait reconnu notre intérêt à agir eu égard à notre statut et à notre prise de position, donc c'est une belle jurisprudence pour nous”, ajoute Rahiti Buchin qui espère que la cour administrative d'appel “va en tenir compte”

Des “projets de développement” en cours

Mais avoir le sésame, ce n’est pas facile, explique Rahiti Buchin. “Toute démarche judiciaire et administrative, c'est toujours long et périlleux. Notre démarche pour que notre fédération ait un intérêt à agir est fastidieuse, mais en tout cas, notre point fort, c'est que l'équipe technique qui travaille sur ce dossier a fait un peu le point sur toutes les prérogatives demandées et la fédération remplissait pratiquement tout et cette décision du tribunal administratif va venir appuyer notre demande.”
 
Il ajoute que c'est comme en justice, “on monte le dossier et on pense que tout est parfait, que tout est bon, mais des fois, on oublie une virgule ou un point et on se fait retoquer, donc on a appris à être prudent dans ces démarches (…). Nous avons travaillé tous les points pour pouvoir répondre au mieux à toutes les demandes”, assure le président de Tahei auti ia Moorea.


La décision d’entamer les démarches pour être reconnue comme une fédération d’intérêt publique a été entérinée l’an dernier par l’assemblée générale de la fédération.
 
Le dossier est d’ailleurs “déjà prêt, nous avons décidé avec le comité directeur d'attendre la décision du tribunal administratif pour pouvoir étayer notre demande. Donc pour nous, à partir du moment où le tribunal administratif a reconnu notre intérêt à agir, c'est un bon point dans notre demande de reconnaissance.”   
 
Rahiti Buchin précise que les demandes vont être adressées au Pays ainsi qu’à l’État. “Celle au niveau du Pays est prête et pour celle au niveau de l'État, il nous reste quelques formalités à compléter et on sera prêt aussi”.
 
Pour le président de la fédération Tahei auti ia Moorea, ester en justice les promoteurs, comme dans l’affaire Paetou ou celle du Manutea Lodge, “on n'aime vraiment pas car c'est beaucoup de travail, on aimerait se concentrer un peu plus sur nos projets de développement comme celui de Ohuraa tau, mais à un moment donné, puisque le Pays ne réagit pas, on a décidé de prendre les choses en main comme on l'a fait pour Paetou.”
 
Il précise que concernant l’affaire Manutea Lodge, “il n’y a rien de personnel, tout comme pour Paetou, le visuel était tellement fort que cela nous prenait tellement aux tripes. Et on voyait bien que malgré les discussions et les signalements, cela ne bougeait pas comme on voulait alors qu'on aurait aimé que ça bouge. Alors on a décidé de prendre l'affaire en main.”
 
La fédération Tahei auti ia Moorea a d’autres dossiers dans “les tiroirs” mais rappelle que ses membres agissent bénévolement “et on ne peut pas être sur tous les fronts”. Effectivement, la fédération a également des projets de développement comme le peho uru ou encore le fare aru à Opunohu.
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 6 Octobre 2025 à 04:30 | Lu 1051 fois