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Suppression de la radio AM : État et Pays montent au créneau


PAPEETE, le 9 janvier 2016 - Suite à une décision du groupe France Télévisons, Polynésie Première n'émet plus en ondes moyennes depuis le 1er décembre. Pour les îles les plus éloignées, c'est une catastrophe. Habitants, association des consommateurs et autorités souhaitent que le groupe revienne sur sa décision.

1er décembre 2016, sur l'île de Makatea. Elie allume sa radio comme tous les matins. Il tend l'oreille mais rien ne sort. Pas une voix, pas une information. Seul un bruit sourd et agaçant. Le sexagénaire descend alors chez ces cousins, de l'autre côté de l'île. Ils essaient là aussi de capter la radio : en vain. "Au départ, je croyais que j'étais le seul à ne plus avoir de radio, je me suis dit que mon appareil était peut-être en fin de vie… Mais quand nous avons essayé avec mes cousins et que ça ne marchait pas non plus, nous avons appris que la bande AM (modulation d'amplitude), sur laquelle nous écoutons la radio, avait été supprimée", se souvient Elie.

Le moyen de communication le plus efficace de l'île vient d'être enlevé aux habitants. Difficile dans ces conditions de s'informer, de savoir la météo et de connaître les dates d'arrivée et de départ des navires. "Pour moi qui n'a pas internet et qui n'a qu'une très mauvaise ligne de téléphone, la radio est un moyen sûr d'avoir des nouvelles du monde, de savoir ce qu'il se passe…"

La bande AM est essentielle. Même si les habitants possèdent parfois d'autres moyens de communication comme la télé ou internet, ceux-ci ne sont pas toujours très efficaces. "Nous sommes en panne d'internet depuis plusieurs jours, la télé ne marche pas toujours très bien alors la radio, pour nous, c'est un bon moyen de savoir ce qu'il se passe", confirme Sylvana, une autre résidente de Makatea.

L'arrêt de la bande AM plonge cette île des Tuamotu et ses habitants dans le silence. Beaucoup se sentent isolés voire coupés du monde. "C'est aussi une question de sécurité. La bande AM est le seul moyen de communication que nous avons avec le haut-commissariat et Tahiti en cas de cyclone, de grosses tempêtes ou d'orage, comment allons-nous faire maintenant?", s'inquiètent les habitants.

UN ACTE "CRIMINEL"

L'association de défense des consommateurs Te Tia Ara, a relayé les inquiétudes des locaux dans un communiqué de presse. "L'information des habitants des îles éloignées est une mission de service public. L'association des consommateurs déplore que cette décision ait été prise, à l'échelon national, en totale méconnaissance des réalités du terrain et des nécessités des populations défavorisées de nos archipels", fustige le président de l'association Makalie Folituu.

Il continue : "Ces décideurs ont-ils pensé à ces gens qui vivent durement et se déplacent en speed boat d'île en île? Ont-ils pensé à nos petits pêcheurs qui prennent la mer, à nos travailleurs qui se rendent dans les secteurs pour cultiver le coprah et qui ont besoin d'être rassurés. Ont-ils pensé à ces populations qu'on veut priver de lien, murer dans le silence. A-t-on oublié où conduit l'isolement? Veut-on recréer des drames comme les bûchers de Faaite? Cette décision est d'autant plus grave que beaucoup de ces habitants ont pour seul moyen de s'informer un petit poste radio sur batteries et cette radio AM. Les autorités ont invité ces habitants à se munir de cette radio pour rester informés, écouter la météo et prendre les mesures nécessaires pour éviter de partir en mer en cas de dépression ou de cyclone et aussi se prémunir, se réfugier en cas de nécessite. C'est criminel de les priver du seul moyen de s'informer. Ce lien est vital. Il en va de la cohésion de notre société et de la sécurité de ces habitants."

Le 6 janvier, Edouard Fritch s'est fendu, à son tour, d'un communiqué. "Le gouvernement partage totalement les inquiétudes de l’association et plus largement des populations des îles éloignées." Plus loin, il y explique avoir saisi la présidence de France Télévisions pour "lui demander de reconsidérer sa décision."

A la fin du communiqué, la présidence précise : "Dans le cadre de la mission de service public qui lui est dévolue, le groupe France Télévisions se doit de prendre en compte les particularités géographiques de la Polynésie française et de maintenir ce vecteur d’information unique et indispensable aux populations isolées."

Fin décembre, le haut-commissaire a lui aussi envoyé un courrier à la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte. René Bidal lui fait part de ses inquiétudes quant à l'impact de cette décision sur la sécurité des habitants. Il rappelle à la présidente que, en 2013, le ministre des Outre-Mer et le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale avaient émis un avis défavorable à la suppression de cette bande AM.

Dans un reportage diffusé cette semaine, Polynésie Première a indiqué que "La majeure partie des îles sont couvertes par la bande FM. Il ya 48 émetteurs mais des zones restent non accessibles. Pour pallier cette suppression (des ondes longues), cinq émetteurs FM ont été déployés dans les archipels. La radio peut alors être captée sur la FM."

Les doléances des habitants et des autorités seront-elles entendues?

Internet bientôt de retour à Makatea

Le service communication de l'OPT a confirmé la panne Internet à Makatea depuis le 25 décembre dernier. Cette coupure est due à un équipement qui est hors service, entraînant un dysfonctionnement du système ADSL. Le matériel de rechange va être expédié par le prochain bateau reliant Tahiti à Makatea

AM ou FM, quelle différence?

Selon l'encyclopédie Larousse, les premiers programmes radiophoniques ont été diffusés en modulation d'amplitude, bande AM. C'était le seul système bien connu au début de la radio et c'était aussi le moins coûteux car il utilise les récepteurs les plus simples. La modulation d'amplitude utilise le moins de place dans le domaine des radiofréquences. Dans les années 1960, la modulation de fréquence (FM) s'est développée. La qualité des signaux en est devenue meilleure. La portée des émetteurs est de 100 kilomètres pour les plus puissants. Il faut plusieurs émetteurs pour couvrir un large territoire, contrairement à la modulation d'amplitude.

Rédigé par Amelie David le Lundi 9 Janvier 2017 à 17:07 | Lu 2702 fois
           



Commentaires

1.Posté par utupapa le 10/01/2017 17:26 | Alerter
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Il est plus que temps que l'ONU s'empare du dossier Polynésien pour mettre la France face à ses responsabilités de colonisateur.

2.Posté par Tuams TUAMS le 10/01/2017 07:37 | Alerter
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on fera comment en cas de cyclone ?

3.Posté par Teva le 10/01/2017 10:39 (depuis mobile) | Alerter
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Utupapa avec des gens comme toi la polynesie est stigmatisee par le racisme...on ira jamais devant ..ta faute...idiot...

4.Posté par Chaval le 10/01/2017 11:03 | Alerter
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@Utupapa tout de suite on fait appel à l'ONU qui a d'autres chats à fouetter que de s'occuper des problèmes de radio de la Polynésie. Cela doit être réglé par le Président et la direction de France Télévisions et c'est la seule manière de régler le problème, alors arrêtez de chialer à l'ONU.

5.Posté par utupapa le 11/01/2017 11:42 | Alerter
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Vous trouvez raciste de s'élever contre une décision qui pénalise fortement les habitants des archipels éloignés et fragilise les dispositifs de préservation et de secours ? Une décision prise de manière unilatérale à 20.000 km d'ici, sans la moindre concertation, sans la moindre considération pour les populations concernées. Pas besoin de pleurer auprès de l'ONU les relations entre l'état et la Polynésie font déjà partie de son spectre d'étude ce qui dérange certains semble-t-il.

6.Posté par REY Ethode le 11/01/2017 10:00 | Alerter
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La Polynésie compte 79 îles habitées réparties sur une surface grande comme l'Europe
Avant que chaque île puisse avoir Internet
MAINTENEZ à tout prix CE LIEN VITAL qu'est LA RADIO
Dans ce dossier, nous avons encore affaire à des bureaucrates déconnectés de la REALITE . . .
Merci à Fritch et Bidal pour leurs interventions en ce sens

7.Posté par indépendance le 11/01/2017 10:45 | Alerter
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Il faut qu'on se prépare à l'indépendance. Radio Tefana n'a qu'à reprendre la fréquence libre pour porter la bonne parole dans les îles

8.Posté par Fiu!!! le 11/01/2017 12:06 | Alerter
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D’'accord avec Ethode REY, post 6.

Le service MTO marine sur la radio fut créé il y a 40 ans, à la demande de l'école de voile des Glénans, en Bretagne.
Ce service à été plébiscité par tous les usagers de la mer, amateurs et professionnels, quelles que soient leurs nationalités.
La simplicité d'utilisation, le faible coût des équipements, embarqués comme à terre, comparé aux supports satellites et informatiques du système supposé le remplacer, plaide en faveur de son maintien.
Sans parler de l'impossibilité de certaines de nos îles ou de nos usagers, à détenir les équipements nécessaires pour remplacer la simple radio habituelle.

Cette décision concerne toute la France, métropole et tous les OM.

Une décision de technocrates décérébrés, sur fond d’intérêts financiers.

9.Posté par Chaval le 11/01/2017 15:22 | Alerter
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@indépendance : La bonne parole ??? Radio Tefana, radio subversive qui a fait un "beau" travail d'appel à la révolte et aux exactions en 1995 avec un Marere aux commandes, bravo faisons donc appel au désordre dès qu'il y en aura la possibilité, les thuriféraires d'Oscarito sont aux taquets si leur gourou les sollicite. Ce problème se réglera, nous avons un Président qui saura faire le nécessaire pour mettre en avant les arguments en faveur des îles qui ne sont pas touchés par la FM.