Crédit MANAN VATSYAYANA / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 10/07/2025 - Une loi anti fast-fashion, une amende de 40 millions d'euros par la Répression des fraudes, et désormais le risque imminent d'une amende de 150 millions d'euros par le gendarme du numérique (Cnil): le géant asiatique de la mode éphémère Shein continue son chemin de croix en France.
Jeudi, le rapporteur de l'autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil) a requis 150 millions d'euros d'amende contre ce poids lourd de l'e-commerce pour non respect de la législation sur les cookies.
Il reproche à Shein "plusieurs manquements à ses obligations prévues par la loi" concernant ces fichiers informatiques utilisés pour tracer la navigation des internautes et leur proposer des publicités ciblées, notamment en matière de "consentement des utilisateurs" et de respect de ce consentement.
Lors d'un contrôle effectué le 10 août 2023, la Cnil a constaté que le site internet de Shein publiait "des cookies publicitaires sans recueillir le consentement des utilisateurs" ou avec "un mode de recueil du consentement qui portait à confusion", a expliqué le rapporteur.
"Le mécanisme de refus de cookie était défaillant", a-t-il indiqué, pointant "la négligence dont a fait preuve la société qui a pourtant les moyens humains et techniques d'être en conformité".
- "On est dans du spectacle" -
Or, "l'économie de la société repose sur l'achat en ligne de ces vêtements et donc en particulier de la publicité en ligne", a insisté le rapporteur, mentionnant la forte audience de Shein en France, avec "en moyenne, 12 millions de visiteurs uniques par mois".
Il a précisé ne pas demander "d'astreinte de 100.000 euros par jour", Shein s'étant mis en conformité "récemment".
Présent à l'audience jeudi, Quentin Ruffat, porte-parole de la marque asiatique en France, a contesté l'analyse du rapporteur, arguant que le modèle économique de Shein "ne repose pas sur les données personnelles", mais sur "les vêtements".
Tentant d'obtenir une réduction du montant de l'amende requis, Shein a contesté la légitimité de calculer celle-ci à partir du chiffre d'affaires mondial de Shein, comme l'a fait le rapporteur, et non de celui de Shein en France.
Face à la "formation restreinte" de la Cnil, organe chargé de prononcer des sanctions lorsque des infractions aux législations du numérique sont constatées, Sonia Cissé, avocate de Shein, a déploré un montant "parfaitement disproportionné".
Mais le rapporteur a rétorqué qu'"il faut prendre en compte l'entièreté" de l'économie du groupe "car c'est Shein maison mère qui tire bénéfice de ces publicités".
"Depuis août 2023, nous collaborons activement avec la Cnil pour garantir notre conformité et répondre à ses interrogations", a fait savoir Shein à l'AFP dans un communiqué, et "l'audience restreinte de ce jour constitue une étape dans ce processus continu".
Me Cissé a dénoncé "la sévérité exceptionnelle" de l'amende requise, liée selon elle au fait qu'"en France, compte tenu de la mauvaise presse de la marque, il y a la volonté d'adopter des sanctions fortes". Elle a estimé qu'"on n'est plus dans du droit, on n'est plus dans la conformité, on est dans du spectacle".
Lancée en France en 2015, Shein n'y connaît une ascension fulgurante que depuis quelques années. En 2024, la marque y représentait 3% des dépenses d'habillement et de chaussures en valeur (contre moins de 2% en 2021), une proportion énorme sur un marché très fragmenté.
Accusé tour à tour de pollution environnementale, de pratiques commerciales trompeuses, de concurrence déloyale et de travail indigne par des responsables politiques, des acteurs du commerce ou par des associations, Shein symbolise selon ses détracteurs tous les maux de "l'ultra fast fashion".
Jeudi dernier, Shein s'est vu infliger une amende de 40 millions d'euros pour "pratiques commerciales trompeuses" par la Répression des fraudes (DGCCRF), pour avoir notamment majoré certains prix "avant de leur appliquer une réduction".
La délibération de la Cnil doit être rendue dans les prochaines semaines et le rapporteur a demandé qu'elle soit publique.
Si la Cnil infligeait 150 millions d'euros d'amende à Shein, il s'agirait d'un quasi record: seul Google en 2022 a écopé d'une telle sanction par la Cnil, lui aussi à cause de pratiques concernant les cookies.
Jeudi, le rapporteur de l'autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil) a requis 150 millions d'euros d'amende contre ce poids lourd de l'e-commerce pour non respect de la législation sur les cookies.
Il reproche à Shein "plusieurs manquements à ses obligations prévues par la loi" concernant ces fichiers informatiques utilisés pour tracer la navigation des internautes et leur proposer des publicités ciblées, notamment en matière de "consentement des utilisateurs" et de respect de ce consentement.
Lors d'un contrôle effectué le 10 août 2023, la Cnil a constaté que le site internet de Shein publiait "des cookies publicitaires sans recueillir le consentement des utilisateurs" ou avec "un mode de recueil du consentement qui portait à confusion", a expliqué le rapporteur.
"Le mécanisme de refus de cookie était défaillant", a-t-il indiqué, pointant "la négligence dont a fait preuve la société qui a pourtant les moyens humains et techniques d'être en conformité".
- "On est dans du spectacle" -
Or, "l'économie de la société repose sur l'achat en ligne de ces vêtements et donc en particulier de la publicité en ligne", a insisté le rapporteur, mentionnant la forte audience de Shein en France, avec "en moyenne, 12 millions de visiteurs uniques par mois".
Il a précisé ne pas demander "d'astreinte de 100.000 euros par jour", Shein s'étant mis en conformité "récemment".
Présent à l'audience jeudi, Quentin Ruffat, porte-parole de la marque asiatique en France, a contesté l'analyse du rapporteur, arguant que le modèle économique de Shein "ne repose pas sur les données personnelles", mais sur "les vêtements".
Tentant d'obtenir une réduction du montant de l'amende requis, Shein a contesté la légitimité de calculer celle-ci à partir du chiffre d'affaires mondial de Shein, comme l'a fait le rapporteur, et non de celui de Shein en France.
Face à la "formation restreinte" de la Cnil, organe chargé de prononcer des sanctions lorsque des infractions aux législations du numérique sont constatées, Sonia Cissé, avocate de Shein, a déploré un montant "parfaitement disproportionné".
Mais le rapporteur a rétorqué qu'"il faut prendre en compte l'entièreté" de l'économie du groupe "car c'est Shein maison mère qui tire bénéfice de ces publicités".
"Depuis août 2023, nous collaborons activement avec la Cnil pour garantir notre conformité et répondre à ses interrogations", a fait savoir Shein à l'AFP dans un communiqué, et "l'audience restreinte de ce jour constitue une étape dans ce processus continu".
Me Cissé a dénoncé "la sévérité exceptionnelle" de l'amende requise, liée selon elle au fait qu'"en France, compte tenu de la mauvaise presse de la marque, il y a la volonté d'adopter des sanctions fortes". Elle a estimé qu'"on n'est plus dans du droit, on n'est plus dans la conformité, on est dans du spectacle".
Lancée en France en 2015, Shein n'y connaît une ascension fulgurante que depuis quelques années. En 2024, la marque y représentait 3% des dépenses d'habillement et de chaussures en valeur (contre moins de 2% en 2021), une proportion énorme sur un marché très fragmenté.
Accusé tour à tour de pollution environnementale, de pratiques commerciales trompeuses, de concurrence déloyale et de travail indigne par des responsables politiques, des acteurs du commerce ou par des associations, Shein symbolise selon ses détracteurs tous les maux de "l'ultra fast fashion".
Jeudi dernier, Shein s'est vu infliger une amende de 40 millions d'euros pour "pratiques commerciales trompeuses" par la Répression des fraudes (DGCCRF), pour avoir notamment majoré certains prix "avant de leur appliquer une réduction".
La délibération de la Cnil doit être rendue dans les prochaines semaines et le rapporteur a demandé qu'elle soit publique.
Si la Cnil infligeait 150 millions d'euros d'amende à Shein, il s'agirait d'un quasi record: seul Google en 2022 a écopé d'une telle sanction par la Cnil, lui aussi à cause de pratiques concernant les cookies.