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Rougeole : "Une épidémie de faible ampleur est possible" en Polynésie


Soixante-dix personnes sont mortes de la rougeole au Samoa. CREDIT AFP PHOTO _ UNICEF _ ALLAN STEPHEN
Soixante-dix personnes sont mortes de la rougeole au Samoa. CREDIT AFP PHOTO _ UNICEF _ ALLAN STEPHEN
Tahiti, le 11 décembre 2019 -Une grave épidémie de rougeole touche actuellement les Samoa occidentales. Déjà 70 personnes sont décédées, principalement des enfants en bas âge. Cette épidémie est due à un faible taux de vaccination de la population de cet archipel. Si la couverture vaccinale est très bonne au fenua, le Pays reste vigilant quant à une éventuelle épidémie de cette maladie très très contagieuse.

"La Polynésie française pourrait connaître une circulation de la rougeole compte tenu des nombreux déplacements qui ont lieu dans le Pacifique et de la présence de foyers de rougeole dans de nombreux pays au monde. En effet, même si notre couverture vaccinale infantile est reconnue comme étant l'une des meilleures au monde, une épidémie de faible ampleur est possible, sans aucune mesure avec la situation actuelle aux Samoa", explique le ministre de la Santé, Jacques Raynal, à l'occasion de la conférence de presse donnée suite aux deux missions de soignants polynésiens pour lutter contre l'épidémie de rougeole aux Samoa.

En effet, ce petit archipel, situé à vol d'oiseau à 2 500 kilomètres de Tahiti, est victime depuis octobre d'une sévère épidémie de rougeole, qui a déjà tué 70 personnes, dont 61 enfants de moins de quatre ans. La raison de la propagation de cette maladie est incontestablement due à la faible couverture vaccinale de la population de cet archipel océanien avoisinant les 30%. Or, il faut un taux autour de 95% pour assurer la protection de la population. Le vaccin permet non seulement de se protéger soi-même, mais également de protéger les autres, notamment les personnes les plus fragiles comme les nouveau-nés, les femmes enceintes et les personnes âgées. Les bébés sont immunisés si la mère a été vaccinée.

Très contagieuse, une personne atteinte de la rougeole peut contaminer entre 15 et 20 personnes, alors qu'à titre d'exemple, une personne ayant attrapé le virus de la grippe ne la transmettra, elle, qu'à une, deux, voire trois personnes de son entourage.

LE DERNIER CAS DE ROUGEOLE DECLARE DATE DE 2001

Face à cette maladie virale, le seul moyen de se protéger efficacement est donc de se faire vacciner. La vaccination est obligatoire en Polynésie française depuis 1985."95% de la population née après 1985 est vaccinée. Il y avait une dose jusqu'en 1997, puis une deuxième dose en 1997, car il y a eu une épidémie en 1997. Avant 1985, on ne sait pas, il faut essayer de retrouver si on a été vacciné ou pas", conseille le docteur Philippe Biarez, médecin chef de la circonscription médicale de Moorea-Maiao, qui a participé à la première mission aux Samoa.

Si le taux de vaccination est donc élevé en Polynésie française et que le dernier cas de rougeole déclaré date de 2001, certaines personnes peuvent néanmoins ne pas être vaccinées ou être mal vaccinées. En effet, pour que le vaccin trivalent ROR (rougeole-oreillons-rubéole) soit efficace, il est nécessaire d'avoir reçu deux injections. La première se fait à l'âge de 12 mois et la seconde aux alentours de 18 mois.

LES PROFESSIONNELS DE SANTE ET LES VOYAGEURS

Pour faire face à une éventuelle circulation de la maladie et éviter une épidémie, le Pays a établi un plan de préparation, visant les professionnels de santé et les voyageurs.

Tout d'abord, le plan passe par la vaccination de tous les professionnels de santé qui pourraient être en contact avec une personne souffrant de cette maladie virale. Ils recevront également un rappel des caractéristiques de cette maladie, dont aucun cas n'a été recensé au fenua depuis 18 ans. S'ils détectent un cas de rougeole, ils devront également le signaler.

Enfin, à l'aube des vacances de Noël, le Pays recommande à tous les voyageurs, notamment à destination des Fidji, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie de vérifier l'état de leurs vaccinations. En cas de doute, le Pays recommande d'en parler à son médecin et de se faire vacciner si besoin. Le ministre de la Santé a rappelé que le stock de vaccins est suffisant.


Deux missions sanitaires polynésiennes apportent leur soutien aux Samoa

La Polynésie française a envoyé deux missions sanitaires aux Samoa pour apporter son soutien à cet archipel en proie depuis plus d'un mois et demi à une grave épidémie de rougeole. Soixante-dix personnes sont mortes, dont 61 enfants de quatre ans ou moins sur les 200 000 habitants que compte l'archipel.
Une première mission de reconnaissance et d’évaluation a eu lieu du 22 au 27 novembre avec l'envoi d'un médecin en santé publique et d'un médecin inspecteur en santé publique de la Polynésie française. Cette mission, préparée et suivie en coordination avec les services de l’État et en concertation notamment avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a permis d’identifier les besoins en termes de ressources humaines, en particulier des épidémiologistes, médecins en santé publique et experts en communication du risque. La gestion des vaccins nécessaires est effectuée en partenariat avec l’OMS et l’UNICEF.
Une seconde mission s'est déroulée du 29 décembre au 8 décembre. Une dizaine de médecins et d'infirmiers polynésiens ont participé à la campagne de vaccination lancée par les Samoa et ont apporté leur soutien et expertise aux malades.
"On a travaillé conjointement avec les équipes australiennes sur place qui sont arrivées en même temps. Il y avait une situation d'urgence car toutes les structures étaient dépassées. Il y avait plus de 150 passages par jour aux urgences au lieu des 40 habituellement. Cette épidémie est due au manque de couverture vaccinale de la population et au fait que cette maladie est très contagieuse. (…). On a l'impression que la situation tend à stabiliser, mais cela reste à confirmer", insiste Charline Leick-Courtois, médecin pédiatre en réanimation néo-natale.

le Mercredi 11 Décembre 2019 à 16:17 | Lu 3440 fois