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Retraites: Delevoye veut inciter à travailler plus longtemps


Paris, France | AFP | jeudi 18/07/2019 - Inciter "au prolongement de l'activité" avec un "âge d'équilibre" de départ à la retraite assorti d'un dispositif de décote/surcote: le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye a dévoilé jeudi ses préconisations pour le futur "système universel" promis par Emmanuel Macron.

Ce système par points doit être mis en place en 2025. Il remplacera les 42 régimes de retraite actuels, actant la disparition des régimes spéciaux, selon les préconisations que M. Delevoye a remises en fin de matinée au Premier ministre Edouard Philippe.
Les assurés pourront "toujours" partir à la retraite à l'âge légal de 62 ans, mais avec le dispositif de décote/surcote, il s'agit d'inciter "au prolongement de l'activité" pour garantir l'"équilibre du système".
Le haut-commissaire préconise que l'"âge d'équilibre", ou "âge du taux plein" permettant une retraite complète, devienne "le même pour tous", alors qu'"aujourd'hui il est compris entre 62 et 67 ans en fonction de la durée travaillée".
L"âge d'équilibre", qui sera fixé à 64 ans pour la génération née en 1963, la première concernée par cette réforme, devra évoluer "comme l'espérance de vie".
Ceux qui partiront avant cet âge pivot verront le rendement de leur retraite diminuer de 5% par année d'écart, quand ceux qui prolongeront leur activité bénéficieront d'un rendement majoré de 5% par an.
Il n'y aura pas de mesures budgétaires à court terme mais "un engagement qui est le mien de réfléchir aux moyens de parvenir à l'équilibre en 2025", a assuré le haut-commissaire devant la presse.
Parmi ses autres préconisations, M. Delevoye propose un minimum de retraite égal à 85% du Smic net, contre 81% pour les salariés et 75% pour les agriculteurs actuellement.

- Un seul système pour tous -

 
Le haut-commissaire souhaite que les pensions de réversion versées aux conjoints survivants, le plus souvent des femmes, leur assurent 70% du total des retraites perçues par le couple.
Il suggère aussi de majorer les droits à la retraite de 5% par enfant dès la première naissance, contre 10% actuellement pour les parents de trois enfants et plus.
Un départ à la retraite "anticipé" restera possible pour les assurés aux carrières longues, métiers pénibles ou "les militaires et fonctionnaires ayant des fonctions dangereuses".
"Chaque jour travaillé permettra d'acquérir des points", note le haut-commissaire, qui juge ce nouveau système "plus juste" car "un euro cotisé vaudra les mêmes droits pour tous".
M. Delevoye assure que le "niveau des retraites sera sécurisé dans le temps" car "la valeur du point ne pourra pas baisser" et sera revalorisée en fonction de "l'évolution des revenus moyens en France, plus favorable que l'inflation". Les pensions resteront revalorisées selon l'inflation.
La transition vers le système unique sera progressive et les évolutions "seront achevées environ 15 ans après l'entrée en vigueur du système", en 2025.
Ce nouveau système, "c'est la reconnaissance du travail, la valorisation du travail", a estimé M. Delevoye devant la presse. Cela "permet de répondre aux parcours heurtés, aux longues études".
 

- Accueil mitigé -

 
Son rapport devrait servir de base au projet de loi sur les retraites, maintes fois repoussé. Une "deuxième phase de concertation s'ouvre à partir de maintenant" afin de "définir les conditions de la transition vers ce système-cible", a assuré Agnès Buzyn au Sénat.
Les organisations syndicales et patronales seront de nouveau reçues à partir de la semaine prochaine. "Le Premier ministre tirera les enseignements de cette première série de réunions bilatérales", a indiqué Matignon.
Les préconisations du haut-commissaire ont reçu un accueil mitigé des partenaires sociaux.
"Le Medef soutiendra les grands principes de cette réforme", mais sera "vigilant" sur la gouvernance du nouveau régime, a indiqué son patron, Geoffroy Roux de Bézieux.
Le rapport de M. Delevoye "prouve que la mise en place d'un système universel est possible", s'est félicité le leader de la CFDT, Laurent Berger, qui a toutefois jugé "totalement stupide" de fixer un âge d'équilibre à 64 ans.
La CGT, qui a dénoncé un "projet de régression sociale", et FO prévoient déjà de mobiliser dès septembre contre la réforme.

le Jeudi 18 Juillet 2019 à 06:10 | Lu 330 fois