Rencontre territoriale des lauréats du ’ōrero des écoles du 1er degré et des CJA


PAEA,le 1er juin 2015. (COMMUNIQUE) La rencontre territoriale des lauréats du ’ōrero ou d’art oratoire des écoles primaires et des centres des jeunes adolescents (CJA) aura lieu au centre culturel Manuiti à Paea le vendredi 12 juin 2015 à 18h. Cet évènement sera l’occasion pour 30 orateurs, originaires des archipels de la Polynésie française, de Hawaii et de Wallis et Futuna, de révéler au public leur maîtrise de cet art oratoire ancestral. Enfants et adolescents âgés de 9 à 16 ans se produiront sur scène pour déclamer, leur île, leur archipel, leurs héros légendaires au travers d’élocutions prononcées dans leur langue polynésienne d’origine.

Afin d'impulser une dynamique régionale, le Ministère de l’Education et de l’Enseignement supérieur de la Polynésie française a proposé aux pays des sommets du triangle polynésien (Nouvelle-Zélande, Hawaii et Iles de Pâques) et aux collectivités territoriales françaises d’Outre-Mer (Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna) de se joindre à cette manifestation d’art oratoire. Pour cette 7ème édition, une école de Hawaii et un collège de Wallis et Futuna ont répondu favorablement à cette invitation. Le 12 juin prochain, la Polynésie française aura alors l’honneur d’accueillir deux orateurs extérieurs : un hawaiien et un futunien.

L’ouverture de la rencontre ’ōrero au Pacifique, une aubaine pour découvrir le patrimoine linguistique et culturel des pays et collectivités océaniens

Cette ouverture au Pacifique est avant tout motivée par la volonté de tisser des liens avec ces pays et collectivités territoriales certes, mais elle s’appuie également sur des éléments historiques, linguistiques et culturels. En effet, les langues polynésiennes en usage en Polynésie française ainsi que les langues océaniennes des pays cités-sus sont issues d’une même langue-mère et appartiennent à la famille austronésienne. S’il existe des différences lexicales sensibles, sur le plan morphosyntaxique, ces langues sont très proches. La rencontre ’ōrero se voit être une belle opportunité pour tous d’apprécier les différences mais aussi les similitudes de cette diversité linguistique et culturelle présente dans tout le Pacifique.

Au-delà des échanges linguistiques et culturels, ces déplacements seraient aussi l'occasion pour les élèves extérieurs, comme pour les élèves de nos 5 archipels, de découvrir les institutions, l’histoire, la géographie de la Polynésie française et de nouer des liens d’amitié. En outre, l’arrivée des délégations d’autres pays est l’occasion pour tous les acteurs éducatifs de la Polynésie française de partager des pratiques et expériences pédagogiques mises en oeuvre quant à l’enseignement de l’art oratoire dans d’autres régions du Pacifique.

La rencontre ’Ōrero, un évènement qui met en exergue la diversité linguistique de la Polynésie française

Comme pour toutes les éditions précédentes, cette rencontre territoriale d’art oratoire vient clôturer une année de travail mené dans le cadre de l’enseignement des langues et culture polynésiennes à l’école. C’est une action forte pour la promotion, la valorisation, la vivification et la préservation de nos langues favorisant ainsi la continuité de la transmission du patrimoine culturel et linguistique aux élèves et par les élèves. En effet, lors de cette manifestation, chaque orateur, porte-parole de son district, de son île, de son archipel, déclamera talentueusement, avec courage et conviction dans sa langue polynésienne d’origine.

Rappelons ici qu’il ne s’agit pas d’un concours, mais bien d’une rencontre des langues polynésiennes : pas question de mettre celles-ci en compétition, chacune ayant son originalité.

Lors de la rencontre ’ōrero nous aurons l’occasion d’apprécier les langues de la Polynésie française, désignées par le terme générique reo mā’ohi qui sont réparties sur cinq archipels.
-Reo tahiti pour l’archipel de la Société ;
-Eo enaena (nord) ou eo enata (sud) pour l’archipel des Marquises ;
-Reo mangareva pour l’archipel des Gambier ;
-Reo tuha’a pae pour l’archipel des Australes où on recense cinq aires de langues réparties sur les cinq îles : le Tupua’i, le Rurutu, le Ra’ivave, le Rimatara et le Rapa.
-Reo pa’umotu pour l’archipel des Tuamotu où on recense sept aires linguistiques regroupant les atolls : le Mihiroa, le Vahitu, le Napuka, le Tapuhoe, le Parata, le Fagatau, le Maragai.

Bien entendu, grâce à la présence des orateurs extérieurs, nous aurons aussi le privilège de découvrir une déclamation en langue futunienne et d’apprécier une oraison en langue hawaiienne.

« 'A 'ōrero i tō 'āi’a » ou « Parle-moi de ta terre », un thème riche et inépuisable

Le terme 'ōrero désigne deux réalités : le discours et celui qui le porte. C’est l'art de manier les mots de manière à capter l’attention et à convaincre une assistance. C’est une pratique ancestrale mettant en exergue la parole, l'éloquence, la rhétorique.

Le thème retenu pour cette 7ème édition est décliné dans les différentes langues polynésiennes, en français et anglais :

« 'A 'ōrero i tō 'āi’a »
« 'A tapatapa mai nō tō 'oe henua »
« Ka tīporoporo to atoga »
« Ka kōrero ki tō kāiga »
« 'A 'ōrero mai i te parau o tō 'oe 'enua »
« Parle-moi de ta terre »
« Tell me about your homeland »

Ce thème, au contenu riche et inépuisable, inspire chaque année de nombreux auteurs connus ou méconnus. Certains manient la plume pour écrire l’histoire propre à leur terre certes, mais aussi pour raviver les mémoires au travers de légendes ou de discours rhétoriques mettant en exergue un personnage, un héros civilisateur, un fait, une action ; éléments marquants de l’histoire d’une terre, d’un peuple. D’autres auteurs, au travers de leurs écrits, appellent les générations antérieures au partage de leurs savoirs et connaissances sur nos langues, nos us et coutumes qu’il convient de préserver pour les transmettre aux générations futures.

Ainsi, les 30 ti’a ’ōrero ou orateurs qui se produiront sur scène le 12 juin déclameront, pour mettre en exergue les lieux fondateurs et prestigieux de leur île au travers des paripari fenua. Ils révèleront et glorifieront les exploits des héros au travers de leur fa’ateni ou de leur ’ā’ai . Ils glorifieront avec défiance pour s’assurer le respect de l’autre en déclamant des fa’atara .

Evidemment, durant la déclamation de nos orateurs, il ne serait pas étonnant de retrouver d’autres genres littéraires en présence dans nos écoles: tōtī - comptines amusantes ou piri , qui se rapprochent de la devinette ou de la charade ; ou encore les pāta’uta’u , discours scandés, rythmés, utilisés pour compter, énumérer ou lister un procédé, une technique, un savoir-faire. Nos élèves se livreront aussi à la poésie en récitant des pehepehe . Tels des messagers, au travers de poro’ira’a ils tenteront d’éveiller ou de réveiller les consciences des uns et des autres pour rappeler à tous qu’il est fondamental de préserver et de sauvegarder notre patrimoine linguistique, culturel, naturel et humain. Enfin, afin d’informer le public de ses origines, l’orateur de Hawai’i nous déclamera l’histoire de ses ancêtres au travers de son papara’a tupuna ou récitation de sa généalogie.

Au fil des éditions, de nombreux genres littéraires sont remis au goût du jour. Les textes sont plus riches et de nouveaux auteurs : personnes ressources, enseignants et élèves s’approprient la puissance de la plume pour s’exprimer, jouer avec les mots manipulant ainsi sa langue d’origine avec délicatesse et finesse pour traduire une pensée, une émotion, faire passer un message ou encore faire voyager.

Autres informations utiles

Entrée : 300 XPF – Tarif unique
Billets en vente au pôle LCP – DGEE

Noëlle FAAHU-VAKI : 40.54.98.06 – 87. 72.64.42 noelle.vaki@education.pf
Samantha BONET-TIRAO : 40.54.98.08 – 87. 22.00.59 bonet.s@mail.pf

Rédigé par () le Lundi 1 Juin 2015 à 15:20 | Lu 610 fois