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Réforme de la réglementation : Pe'ape'a chez les clubs de plongée


Réforme de la réglementation : Pe'ape'a chez les clubs de plongée
PAPEETE, le 02 mai 2017 - Vendredi 28 avril, les organisations responsables de la plongée de loisir en Polynésie française ont adressé une lettre ouverte à Nicole Sanquer, ministre de la Jeunesse et des Sports et à Nicole Bouteau, ministre du Tourisme, afin de dénoncer un projet de loi de Pays réformant la réglementation de la plongée.

La colère des clubs de plongée a éclaté vendredi 28 avril. Les organisations responsables de la plongée de loisir en Polynésie française – la Fédération polynésienne d’études et de sports sous-marins (FPESSM), la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM), l’Association nationale des moniteurs de plongée (ANMP), le Syndicat national des moniteurs de plongée (SNMP), et le Groupement des moniteurs de plongée de Polynésie française (GMPP) – ont écrit une lettre ouverte à la ministre de la Jeunesse et des Sports et à la ministre du Tourisme, chargées de la réforme de la réglementation de la plongée. Le but de ce courrier est de faire connaître publiquement leur désaccord et leur mécontentement face à ce texte considéré comme "une coquille vide" élaboré "sans la participation des organismes professionnels représentatifs". Une réunion consultative avait pourtant été réalisée courant mars. Isabelle Klein, du GMPP, regrette néanmoins "que certains points essentiels n'ont pour la plupart pas été pris en compte lors de la consultation éclair de deux heures ayant eu lieu en mars". Elle ajoute : "Nous sommes, professionnels de la plongée, pour une mise à jour des textes, mais pas à l'encontre de la sécurité, du nivellement par le bas et de la précarisation des moniteurs et guides de palanquée polynésiens. Le changement doit se faire dans l'intérêt des professionnels, qu'ils soient exploitants de structure ou moniteurs, mais aussi dans l'intérêt des plongeurs de tout bord."

Réforme de la réglementation : Pe'ape'a chez les clubs de plongée
Les principaux points de désaccord des professionnels de la plongée concerne l'autorisation sans condition des moniteurs des écoles PADI (Professional Association of Diving Instructors), SSI (Scuba Schools International) et NAUI (National Association of Underwater Instructors) à exercer contre rémunération ; l'autorisation de prendre simultanément deux plongeurs en baptême, sans restriction ; la modification des profondeurs d’évolution, la limitation de la plongée à l’air à 50 mètres ; l'obligation de la présence systématique d'un pilote à bord hors lagon, ainsi que la mise en place d'un certificat médical "renforcé" pour les moniteurs patentés, qui n’auront pas les moyens d’assurer une telle dépense.

Jérôme est cogérant du club de plongée Scubatek. Pour lui, "certains points de ce projet de loi sont un peu aberrants pour les petites structures. Cela va nous forcer à aligner nos prix avec les gros clubs qui sont plus chers que nous." Pour le plongeur, la démarche de la réforme est claire : "Le but de cette réforme, c'est de faire la chasse aux petites structures pour nous forcer à entrer en concurrence avec des grosses structures face auxquelles on ne fait pas le poids." Arnaud, son cogérant, s'agace : "Je trouve choquant que des particuliers et des privés décident de la réglementation plutôt que des associations ou des fédérations. Cette réforme n'apporte rien du tout. Et pour les instructeurs PADI, c'est simple, je n'en recruterai pas", tranche-t-il. Les personnes ayant participé à l'élaboration de ce projet de loi sont fortement décriées par la plupart des professionnels de plongée.

Frédéric Thibur, cogérant d'Eleuthera, mais également représentant de la PADI, a participé à cette commission. "Je n'ai pas écrit le texte en termes légaux. J'ai été amené à donner des avis, mais cette loi me convient très bien par ailleurs." Quant aux accusations d'exclusion des fédérations, il s'explique : "Essayer de construire la loi en faisant un congrès avec l'ensemble des fédérations, rien n'aurait abouti. Les positions sont trop vindicatives les unes par rapport aux autres. Elles n'ont pas pour missions d'écrire la loi, eux ils forment des plongeurs. Le territoire a consulté ses services qui eux sont compétents pour juger de ce qui est bien par rapport à ce qui se fait."

Réforme de la réglementation : Pe'ape'a chez les clubs de plongée
Aujourd'hui le monde de la plongée sous-marine en Polynésie est plus divisé que jamais. "Nous nous trouvons confrontés, aujourd'hui, avec regret, à une opposition entre l'école française et les standards internationaux", regrette Frédéric Thibur. Il ajoute : "Petits clubs ou grands clubs, aux termes de la loi, cela ne change rien. Il y a un point, effectivement, pour lequel le territoire n'a pas voulu en démordre : la nécessité d'avoir quelqu'un sur le bateau en sécurité surface. Je l'ai dit au territoire, c'est lourd pour les petites structures, mais aussi pour les grosses. J'étais contre. J'avais demandé qu'on redonne que la responsabilisation au directeur de plongée. Cela va coûter cher à toutes les structures."

Christophe Serin est moniteur de plongée patenté. Il résume la situation : " je trouve que cette réforme a été faite sans aucune concertation avec les institutions faites pour cela. Sous couvert de sécurité, c'est surtout un projet fait pour défendre des intérêts privés."

La direction de la Jeunesse et des Sports répond à tout cela par la voix d'Anthony Pheu, son directeur. "Le Pays répondra à la lettre ouverte aujourd'hui. Il faut comprendre que, dans ce projet de loi, les axes du Pays sont la rénovation d'un texte qui est obsolète, favoriser l'emploi polynésien et répondre à une demande touristique en toute sécurité pour des pratiquants qui viennent de l'international." Pour ce qui est de la participation d'acteurs privés dans la rédaction et l'élaboration du projet de loi, Anthony Pheu indique que "le texte a été écrit par la DJS, prérédigé par le Tourisme en amont". "Nous l'avons écrit, nous avons consulté les professionnels en mars et nous l'avons fait passer en conseil des ministres pour pouvoir espérer avoir un maximum de sécurité et de rénovation pour la campagne de juillet. C'est légitime qu'ils craignent et qu'ils soient inquiets, mais nous ne consultons pas plus les uns que les autres.", précise-t-il. Et de conclure : "En tant que directeur de la Jeunesse et des Sports, je ne laisserai pas quelqu'un qui a des intérêts économiques, personnels, partisans, peu importe, écrire une loi de Pays à la place du Pays, ce n'est pas possible."

Les représentants des organismes signataires de la lettre ouverte sont convoqués demain de 10 heures à 11h30 au Conseil économique, social et culturel (CESC) pour être entendus par la commission "éducation-emploi". Le CESC devrait étudier ce texte lors de l'assemblé plénière, le mardi 16 mai à 8h30. Les professionnels du secteur seront présents.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mardi 2 Mai 2017 à 18:54 | Lu 6982 fois
           



Commentaires

1.Posté par J’dis ça, j’dis rien le 03/05/2017 09:03 | Alerter
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Donc si je comprends bien, et sans même parler de la sécurité des usagers, liée à la pratique de la plongée sous-marine, une décision qui peut remettre en cause toute l'organisation d'une profession, ainsi que la vie économique de sociétés, a été prise par une commission réunie par " La direction de le Jeunesse et des Sports", et composée des responsables de certaines structures privées, en évinçant les autres et sans tenir compte de l'avis des organismes professionnels, des fédérations, des représentant des salariés et des syndicats ? Non, il doit y avoir une erreur; je pense que cet article de presse a été très mal écrit, car cela signifierait que l'on assiste, en direct, à la naissance d'un " territoire bananier ", au sein de la République. Et dans ce cas, je me pose la question de savoir " qui touche et qui paye" ?

2.Posté par NOUNOURS le 03/05/2017 11:15 | Alerter
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Je viens de prendre connaissance de l'article de Tahiti info qui m'amène à me poser deux questions:

1) Qui sont les touristes plongeurs majoritairement accueillis en Polynésie française ? Réponse: des américains. Et quel brevet de plongeurs ont-ils en poche: PADI
.
2) Si les moniteurs " PADI" ne sont pas a la hauteur de l'attente des Brevets d'état, pourquoi ne refuse-t-on pas dans les palanquées polynésiennes les plongeurs ne disposant QUE d'un brevet PADI, délivré en Egypte, USA, Thaïlande ou ailleurs ?

Conclusion: les BEES en réalité cherchent à protéger leur pré carré, même si, nul doute, leur diplôme a pu leur coûter très cher. Dimanche on vote, alors "on mondialise ou on se repli sur nous mêmes" ? Éternelle question de protectionnisme.

UN VIEUX PLONGEUR

3.Posté par vetea1 le 03/05/2017 12:26 | Alerter
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la guerre des moniteurs qui roule en Twingo contre ceux qui roule en Cayenne... on voit qui a été écouté par les décideurs...

4.Posté par teopuit le 03/05/2017 13:16 | Alerter
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PEA PEA c'est sur car la plus part des plongeurs n'ont pas le niveau qualifié ou les structures necessaires pour un meilleur encadrement, c'est pour cela qu'il y a des accident !!!!!!

IL FAUT PLUS DE REGLEMENTATION, FAITES APPLIQUEZ LA LOI !!!!!!!!

Vous le savez ce n'est pas le premier accident ni le dernier ce ce genre !!!!!!!


5.Posté par J’dis ça, j’dis rien le 03/05/2017 17:14 | Alerter
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Pour revenir sur cet article, que j'ai découvert ce matin, je reviens avec peut-être un début d'explication. C'est le Directeur de la jeunesse et des Sports qui s'exprime, dans cet article, mais évidemment ce n'est pas lui qui a suivi le dossier et construit cette proposition de modification de la législation: c'est le responsable au sein du ministère de l'activité " Plongée sous-marine " et c'est bien normal. Ce qui l'est peut-être moins, c'est qu'Il s'agirait non pas d'un fonctionnaire de Jeunesse et Sport ( et donc totalement neutre ), mais d'un intervenant pour le ministère, qui, dans le même temps, gère une structure, qui entretien de très bonne relation avec un grand centre de plongée de Polynésie. J'espère que cela ne répond pas à la question que je me posais ce matin: " Qui paye et qui touche ? ". Pour lever le doute, il serait bien qu'un journaliste puisse vérifier cette info, car si c'est bien le cas, c'est grave et ce n'est pas dans la presse qu'il faut débattre, mais devant un tribunal.

6.Posté par Tukula le 04/05/2017 10:41 | Alerter
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Je cite Fred Thibur dans l'article : "Essayer de construire la loi en faisant un congrès avec l'ensemble des fédérations, rien n'aurait abouti" Faux : en 2012 un projet de loi de pays a été rédigé en accord avec les fédérations et les syndicats, qui avaient parfaitement réussi à travailler ensemble, étrangement ce texte n'a jamais été promulgué... Aujourd'hui encore les fédérations et les syndicats parlent d'une seule voix pour dénoncer les aberrations du projet ; celle des professionnels du terrain, les fédés et les syndicats sont les seuls qui ont fait une enquête pour connaitre leur opinion.

7.Posté par isabelle le 04/05/2017 18:39 | Alerter
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Nounours, tu sais, PADI c'est comme MacDo, ils sont partout mais c'est bon mais c'est de la junkfood. Ce n'est pas un gage de qualité et de sérieux. La Polynésie a mis en place des Guides de Palanquée Polynésiens depuis quelques années, accessibles à tous et dont l'objectif est de permettre aux polynésiens de travailler sans avoir à aller en France passer de Diplôme d'Etat, long, cher (et très souvent financé pour ceux qui n'ont pas d'emploi ou en reconversion...) mais a contrario je ne pense pas que former un instructeur PADI en 2 semaines ce soit aider le future moniteur, c'est même le mettre en difficulté! Ne pas oublier qu'on est dans un environnement à risque, le risque 0 n'existant pas et encore moins en plongée il faut une formation rigoureuse donc de quelques mois.
Et comme partout malheureusement il y a des gens sécu et des gens moins sécu, qui causent du tort à la majorité.
Bref, pourquoi ouvrir à tout va aux moniteurs du monde entier alors qu'il y a des moniteurs et des guides de palanquée qui ne peuvent pas vivre de leur métier sous nos yeux. Le jour où il y aura un manque de moniteur, pourquoi pas, à condition que ce ne soit pas de l'instructeur de passage formé dans les usines à plongeurs à qui on promet de passer du "Zero Hero" en 3 mois" à KhoTao ou partout ailleurs, qui encadre gratos en échange de plongées.... Des bons, des pro oui mais que des gens dont c'est le métier. Assurer déjà la plein emploi ici en Polynésie, salarier les faux salariés, etc... il y a tellement de choses à faire pour dé précariser les gens qui essayent d'en vivre ici ...
Le vrai problème c'est que les professionnels à travers la voix des organismes auxquels ils adhèrent ont été relégués au second plan devant le lobbying de firmes commerciales faisant passer le business avant le reste.

8.Posté par Anthony RIBO le 29/05/2017 13:52 | Alerter
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Bonjour Isabelle
Cette réflexion est totalement absurde. PADI, c'est comme Macdo.
PADI, ce sont les standards internationaux... Le DEJEPS c'est national...
PADI, c'est bien plus récréationel et bien plus encadré... A la limite, on pourrait dire que les formations PADI dispensées en France sont médiocres, OUI, un grand OUI, mais cela est dû au "j'enfoutisme" des structures qui restent sur leurs "certitudes" comme quoi la France c'est mieux... car c'est de cela qu'il s'agît... Il y a tellement d'accidents en France et dans les DOM TOM si l'on compare à PADI dans le monde que dire aujourd'hui que les diplômes Français sont plus aboutis et plus sécurisants me fait dresser les poils... quelle mauvaise foi :).
A la limite, protéger l' emploi local en acceptant que des nationaux ou des locaux avec des diplômes PADI et Le fermer aux étrangers, why not...
Mais dire que PADI c'est moins bien, qu'il faut que deux semaines pour former un instructeur... oh la la la... n'oublie pas qu'avant d'être instructeur, il était divemaster, souvent un ou deux ans à plonger tous les jours avec des instructeurs expérimentés...
Je suis instructeur PADI et ... DEJEPS, certes chez PADI, on t'apprend pas à faire des plans de financement, on plonge ;)
Je t'encourage donc à passer ton instructeur PADI à l'étranger et non pas en France, tu changeras certainement d'avis...

9.Posté par Anthony RIBO le 30/05/2017 09:34 | Alerter
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... des bilans comptables ou des budgets prévisionnels... on plonge et on limite les risques, plus qu'avec la fédé Française...
Allez, il faut s'ouvrir et évoluer, quand on ne représente que 1%, on doit bien se rendre compte qu'on a tord quand même ;)

10.Posté par Thomas Calmos le 10/07/2017 18:40 | Alerter
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Bonjour, je suis un instructeur PADI et étant français je m'intéresse de près á cet article étant donné que je souhaiterais avoir la possibilité d'exercer mon métier en Polynésie et même en France sand nécessiter un brevet d'état.
Pour moi, je rigolerais toujours á ceux qui critique le système PADI et mettent en avant des points de sécurité.
Je pense que comme partout, cela dépend de la maturité et compétences de la personne ainsi que la qualité du centre de plongée.
Le système PADI est basé sur des standards sécuritaires, notamment avec une limitation de la profondeur à 40 mètres absolu pour la plongée loisir, des ratios instructeur/plongeur qui sont des maximums donc qui doivent être adapté et réduit selon le jugement de l'instructeur.
Je travaille pour ma part depuis 3 ans en Thaïlande pour un padi 5 star idc center, et nous mettons le point sur la sécurité et le confort de nos plongeurs, en limitant la taille des groupes, en ne dépassant pas les ratios et en restant sécuritaire sur les temps de plongée, autrement dis comme PADI l'indique, on reste dans des plongées sans décompression, ce qui réduit le risque d'avoir un ADD.
En appliquant les normes comme ecritent, le système est sécuritaire.
J'ai eu l'occasion de plonger en France avec des clubs FFESSM, et pardonnée moi mais j'ai pris peur quand j'ai vu la médiocrité des briefings qui m'ont été donné par les instructeurs.
J'ai également vu beaucoup de centre à la base FFESSM, utilisant le nom PADI pour attirer plus de clients ( car il faut se rendre à l'évidence que PADI attire plus de touristes étranger), mais donnant des cours n'ayant rien à voir avec les standards PADI.
Bref, je pense qu'il est temps d'une ouverture du marché... ce n'est que mon avis