Quatre ans de prison ferme pour un prédateur sexuel multirécidiviste


Le tribunal de Papeete a condamné le prédateur sexuel multirécidiviste à quatre ans de prison ferme.

Tahiti, le 2 décembre 2025 - Un homme de 56 ans a été condamné ce mardi à quatre ans de prison ferme pour l’agression sexuelle d’un adolescent de 14 ans à Arue en 2021. Malgré un dossier jugé solide, il a nié les faits tout au long de l’audience.

Le prévenu, un homme de 56 ans originaire de Papeete, se présente devant le tribunal correctionnel affaibli par la maladie, mais c’est un casier judiciaire lourd qui domine son portrait : vingt condamnations, dont trois pour agression sexuelle et exhibition. Ce mardi, il était jugé pour une nouvelle affaire, une agression sexuelle commise sur un adolescent de 14 ans à Arue entre août et septembre 2021.

Dès le début de l’audience, la présidente l’interroge : reconnaît-il sa responsabilité ? “Je n’ai rien fait, ça ne s’est jamais passé”, répond-il sans hésiter. Pourtant, en octobre 2021, la mère du garçon a porté plainte. Son fils, présentant un retard cognitif important, a décrit comment l’adulte l’aurait entraîné à plusieurs reprises dans la brousse pour lui imposer une fellation. Il parle de cinq épisodes. Les experts indiquent que malgré un léger retard et un âge mental d’environ 7 ans, le jeune homme ne fabule pas.

Après avoir nié, le prévenu propose une version alternative : selon lui, c'est l'adolescent qui l'aurait abordé pour qu'il lui “suce le sexe”, mais il serait reparti “sans rien faire”“Il m'a proposé ça une fois”, affirme-t-il, prétendant que le garçon le suit “partout où je vais”.

La présidente le confronte : “Pourquoi vous n'avez pas averti les parents de son comportement pour le protéger contre les autres ?” Réponse laconique : “Je ne parle jamais avec ses parents”. Concernant la témoin qui dit l'avoir vu commettre les faits ainsi que la mère de la victime, il rétorque : “Elles racontent n'importe quoi”.

Dans le quartier, des rumeurs circulaient pourtant depuis longtemps sur l’attirance supposée du prévenu pour les enfants. “Ça se disait qu'il était pédophile”, révèlent les notes d'audience.

 Un casier judiciaire accablant

Le tribunal rappelle aussi qu’il a déjà été condamné pour une affaire similaire impliquant une jeune fille, stagiaire dans la société dans laquelle il avait travaillé. À l’époque et encore aujourd’hui, il déclare avoir touché la fille “sans faire exprès”.
Deux condamnations pour exhibition complètent son casier, ainsi que des faits de violence, de conduite alcoolisée et d’usage de stupéfiants. L’expertise relève un problème massif d’alcool. Lui-même reconnaît désormais boire “moins”, c’est-à-dire quatre bières chaque soir. “Avant c’était plus”, admet-il.

Son avocate tente de mettre en avant les incohérences du dossier : dates imprécises, variations dans le récit de la victime, contradictions d’un témoin. Elle rappelle que le prévenu souffre d’une leucémie, que sa compagne l’a quitté et qu’il est facile, selon elle, de le pointer du doigt en raison de ses condamnations passées. “On fait de lui un violeur parce qu’il a déjà été condamné. Je demande la relaxe”, plaide-t-elle.

L’avocat de la partie civile évoque le fait que le prévenu qualifie la victime de “mahu”, ce qui aurait laissé penser au prévenu que l'adolescent voulait lui faire une fellation, “mais n'a pas d'autres éléments dans ce qu'il raconte pour prouver ça”. Il révèle les conséquences dramatiques pour la famille : “La famille a quitté Tahiti pour s'installer dans les îles”. La victime, qui a depuis compris ce qui lui est arrivé – “j’ai été violé” – ne veut même pas d'excuses, souhaitant simplement tourner la page. 


La procureure est catégorique : “Le prévenu est un menteur et un grand malade. Le témoignage du mineur est précis, corroboré. La négation et le déni, c'est le mode de fonctionnement du prévenu”. Elle requiert quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis, sans aménagement.

Le tribunal suit ces réquisitions et va plus loin. Il condamne le quinquagénaire à quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt immédiat. À sa sortie, il devra respecter un suivi socio-judiciaire de quatre ans avec injonction de soins, sous peine de retour en détention pour deux ans. Il est inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais). L’indemnisation est aussi accordée : 1,5 million de francs pour la victime et 400 000 francs pour la mère. 


Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 2 Décembre 2025 à 15:15 | Lu 1646 fois