Quarante classes menacées : le Stip quitte la réunion et réclame d’être entendu


Ce jeudi, le syndicat des enseignants Stip-AEP a quitté la séance du comité de carte scolaire dès son ouverture. ©AFP
Tahiti, le 5 décembre 2025 - Alors que l’administration envisage la fermeture d’une quarantaine de classes pour la rentrée 2026-2027, le Stip-AEP dénonce un dialogue de façade et a quitté le comité de carte scolaire dès son ouverture. Le syndicat, furieux de voir ses propositions ignorées malgré cinq heures de travail préparatoire, réclame désormais d’être entendu directement par le ministre de l’Éducation.
 
Ce jeudi 4 décembre, le comité de carte scolaire ne s’est pas déroulé comme prévu. Le syndicat des enseignants Stip-AEP a quitté la séance dès son ouverture, “aucune réponse favorable n’ayant été apportée” à ses propositions. Pourtant, la secrétaire générale du syndicat, Diana Yieng Kow, souligne : “On a travaillé pendant cinq heures plus tôt dans la semaine avec la DGEE (Direction générale de l'éducation et des enseignements, NDLR), pour trouver des solutions en amont. Et finalement aucune de nos propositions n’a été retenue. C’est très frustrant.”
 
Selon elle, le syndicat avait tenté de limiter l’impact des “quarante fermetures de classes” envisagées pour la rentrée 2026-2027. “On a essayé de voir où on pouvait sauver des classes. On n’est pas dans le déni : on sait qu’il y a une baisse démographique. Mais pour nous, cette baisse devrait permettre d’alléger les effectifs, pas de pénaliser davantage les écoles”, explique-t-elle. La réunion technique préparatoire, menée avec une représentante de la DGEE, aurait pourtant laissé entrevoir des pistes. “De 8 à 13 heures, on a travaillé poste par poste. Et en plénière, tout est balayé d’un revers de main. À quoi bon travailler si on n’est pas entendus ?


“Sauver au moins la moitié”
 
Le Stip-AEP évoque également des situations locales sensibles, en particulier dans les îles éloignées. L’exemple de Rapa revient dans la discussion. “Depuis l’arrivée de deux titulaires, les résultats montent. On nous propose une fermeture mathématique parce qu’il n’y a pas assez d’élèves. Mais si on ferme, les deux enseignantes repartent car il s’agit de deux sœurs”, détaille la secrétaire générale. Des difficultés similaires existeraient ailleurs. 
 
Pour le syndicat, les conséquences des fermetures ne concernent pas seulement les élèves mais aussi les personnels. Les enseignants “victimes de fermeture” doivent alors chercher une affectation ailleurs, parfois loin de leur commune ou de leur île d’origine. D’où la volonté du Stip de “sauver au moins la moitié” des classes menacées.
 
Ce manque de concertation a également poussé une deuxième organisation syndicale à quitter la séance. Le message est clair : les représentants souhaitent être réellement écoutés, par le ministre de l’Éducation. 
 
La prochaine étape est fixée au 11 décembre, nouvelle réunion rendue obligatoire par les textes. Le Stip-AEP espère y reprendre, “point par point”, l’examen des écoles susceptibles d’être préservées. “On veut une lisibilité dès mars, pas en septembre. On se bat pour les enfants et les élèves à besoins particuliers de plus en plus nombreux. Les enseignants ne peuvent pas absorber ça sans moyens”, insiste la syndicaliste. Si aucun progrès n’est constaté, le syndicat n’exclut pas des actions, mais préfère “laisser la porte ouverte au dialogue”.
 
Sollicité par nos soins, le cabinet du ministre de l’Éducation indique que “des réunions doivent avoir lieu” et qu’“une réponse sera apportée dans une semaine, à l’issue de ces discussions”. 

Rédigé par Darianna Myszka le Vendredi 5 Décembre 2025 à 13:15 | Lu 788 fois