Plus de 6 000 militants du Tahoeraa présents ce samedi au congrès du parti


Moorea, Rapa, Tautira, Mahina... Ils étaient plus de 6 000 militants à s'être déplacés ce samedi matin
FAAA, le 28/11/2015 - Pari réussi pour Gaston Flosse, qui a rassemblé du monde samedi sur le site de Vaitupa. Parents, jeunes et enfants étaient tous vêtus de tricots orange. L'occasion pour le Vieux Lion de se faire réélire en tant que président du parti et d'élire Marcel Tuihani, en tant que président délégué. Durant les différents discours de certains dirigeants, les actes commis par Edouard Fritch étaient sur le bout des lèvres. Mais Gaston Flosse reste confiant pour la suite.

Tricots et drapeaux orange avec une marée humaine aux couleurs du Tahoeraa, le Vieux Lion a réussi son pari. Plus de 6 000 personnes se sont déplacées, samedi pour le congrès du parti politique, sur le site de Vaitupa, 8 502, selon le parti orange. L'occasion pour l'ensemble des participants d'élire le président du parti ainsi que son président délégué. Et c'est sans surprise que Gaston Flosse a été reconduit dans ses fonctions de Président du Tahoeraa Huiraatira et Marcel Tuihani remplace Edouard Fritch, au poste de Président délégué.

Durant son discours, la vice-présidente du parti, Teura Iriti a tenu à présenter les membres du conseil politique, ainsi que les élus de l'assemblée. Elle est également revenue sur les modifications qui ont été portées sur le règlement intérieur du parti politique, comme l'article 38, qui a permis l'éviction de plusieurs élus du parti : "Depuis 2014 jusqu'en 2015, plusieurs réunions ont été mises en place, notamment, envers le conseil politique, le grand conseil. Il y a eu des convocations qui ont été envoyées à ces personnes, mais ils n'ont jamais répondu à cette invitation du président. D'où cette modification du statut, parce qu'il est vrai que, quand on veut servir sa population, il faut se baigner dans les réflexions menées par le parti et les grandes instances de ce parti". Une modification qui a été validée par l'ensemble des personnes présentes, samedi.

Depuis la division au sein du parti orange, 19 élus y sont encore représentés à l'assemblée. Mais aujourd'hui, une nouvelle élue semblerait avoir rejoint le groupe Tapura Huiraatira, il s'agirait d'Isabelle Sachet, la grande absente de ce congrès. "Je ne sais, je l'ai pas vue, seule sa maman est venue ce matin et elle m'a assuré de son soutien", explique Gaston Flosse, qui n'est pas convaincu par ces allées et venues. "Ils sont en train de se battre, de se diviser entre eux, à moins d'intérêts personnels importants, je ne vois pas quel intérêt à aller au Tapura Huiraatira. Quand on sait qu'à l'intérieur du groupe à l'assemblée, il y a un autre groupe, semble-t-il de non-inscrits, organisé par Jacquie Graffe et Moehau de Rangiroa, qui réclament des ministères pour eux".

Pour le président du Tahoeraa, plus question de travailler avec ces élus. "Ce sont des traitres", a-t-il martelé samedi en appelant les militants à ne plus voter pour "ces personnes".

LES BLESSURES NE CICATRISERONT PEUT-ÊTRE JAMAIS

Depuis quelques années, beaucoup d'élus du Parti orange ont quitté le navire, tels que Gaston Tong Sang, Teva Rohfritsch, Armelle Merceron, Chantal Galenon et bien d'autres. Des démissions qui ont renforcé le clan orange, jusqu'à la "trahison" d'Edouard Fritch, qui en a largement fait les frais dans le discours du Vieux Lion.

"J'avais confiance en lui et je suis un homme de parole. Certains m’ont mis en garde. J’ai maintenu mon choix, par conviction et par affection. La déception n’en est que plus grande. J’ai eu tort. Je vous le dis, j’en ai souffert", s'est-il justifié samedi matin, avant d'ajouter. "Après 14 mois au pouvoir, nous pouvons dire sans nous tromper, qu’Edouard est un incapable, un incompétent. Il ne pourra pas sortir notre Pays de la crise".

Le Vieux Lion n'a pas mâché ses mots : "Il donne le sentiment qu’il est partout, qu’il s’occupe de tout, alors qu’en réalité il ne s’occupe de rien, il se disperse. Son agenda n’est fait que de rencontres et d’inaugurations, de salons et de cocktails, de conférences et de séminaires, de voyages et de visites sur le terrain !", et de continuer "notre président est un ventilateur, il brasse de l’air !"

Aujourd'hui, Gaston Flosse affirme avoir tourné la page, "le congrès d’aujourd’hui démontre avec force et vigueur que nos militants sont toujours présents et toujours avec nous".

UN AUTRE CONGRES SE TIENDRA L'AN PROCHAIN

Pas question pour Gaston Flosse de baisser les armes, il pense déjà aux futures élections, avec de nouveaux élus. "Comment savoir s’ils nous resteront fidèles ou si au contraire, comme Nuihau Laurey, comme Jean-Paul Tuaiva, comme Maina sage, comme Lana Tetuanui et comme tous les autres représentants qui ont basculé, comment savoir s’ils ne nous trahiront pas aussi ? C’est Impossible", s'est-il contenté de dire.

Gaston Flosse est également revenu sur les coups bas portés à l'encontre de quelques élus toujours Tahoeraa : "Ils ont subi des pressions, des chantages, comme le maire de Moorea ou le maire de Tubuai qui ont préféré être exclus de l’assemblée après que le président Edouard Fritch ait décidé de faire descendre deux de ses ministres, plutôt que de nous trahir".

Alors que ces derniers temps, Gaston Flosse ne cachait pas sa déception vis-à-vis du gouvernement français. Samedi matin, il a tenu des propos quelques peu convaincants : "Nous devrons également améliorer nos relations avec la France. Quand je dis améliorer, je veux dire la clarifier, tout en restant au sein de la République". Cependant, le président du Tahoeraa souhaiterait également que la Polynésie ait plus de compétences. "Il est venu le temps de faire murir l’autonomie qui a plus de 30 ans. Le projet que je proposerai le moment venu est celui de "Pays associé au sein de la République". Ce sera la prochaine étape que notre statut doit franchir". Pour lui, il faudrait qu'il y ait un partage des compétences plus claires entre la Polynésie et l'Etat, "notamment sur les accords internationaux, sur la question de visas pour nos touristes, sur les investissements étrangers, ou encore sur la protection de l’emploi local".

Un sujet qui sera débattu plus longuement, lors du prochain congrès du parti en 2016.



LE TAHOERAA PRÉPARE LE TERRAIN POUR LES PROCHAINES ÉLECTIONS

En avril 2017, se tiendront les élections présidentielles. Selon les sondages métropolitains, Marine Le Pen devancerait l'actuel Président de la République, François Hollande.

Le parti orange, pour sa part, a déjà annoncé le candidat qu'il soutiendra, s'il est choisi pour représenter les républicains, il s'agit d'Alain Juppé. "C'est un des collaborateurs les plus proches de Jacques Chirac qui a également dit : "c'est le meilleur d'entre nous, c'est un vrai Gaulliste qui a une politique pour l'outre-mer et il saura nous parler, nous écouter et il fera tout ce qui est de son possible pour nous aider. Je pense qu'il fera passer les Français que nous sommes, avant les migrants qui sont étrangers en France", explique Gaston Flosse.

Suivront ensuite les législatives, puis les territoriales en 2018 et les municipales et sénatoriales en 2020. Vu le nombre de militants présents samedi, le Vieux Lion reste serein. "Le résultat de ce congrès est encourageant pour nous, mais il faut se remettre au travail pour préparer ces élections."

Gaston Flosse, président du Tahoeraa

Est-ce que ce fort rassemblement de vos militants vous réjouit ?

"En 2011, nous avons réussi et c'était une grande surprise déjà pour nous, à réunir 7 400 personnes, au Tahara'a. Et aujourd'hui, nous avons mis en place 8 445 chaises et ça n'a pas été facile et nous étions 8 202 vers 8 heures – 9 heures et on pense que vers 11 heures, nous étions 8 445, en comptant les chaises vides, on fait le décompte".

Le Tahoeraa Huiraatira est toujours le premier parti politique ?

"Plus que jamais, oui".

Une démonstration de force dont vous avez besoin ?

"Oui tout à fait. Ca fait déjà un bon moment que nous préparions ce congrès mais il était difficile avec les problèmes internes au Tahoeraa Huiraatira. Donc, il fallait absolument regrouper les troupes, les instances de base du parti, comme les sections avec leurs adhérents, les fédérations pour qu'elles restent vraiment unies et nous avons réussi cette opération".

Combien de membres composent aujourd'hui, ce grand parti politique ?

"Les personnes qui ont des cartes et qui ont signé leur bulletin d'adhésion, nous sommes un peu plus de 11 000 membres, mais nous n'avons pas terminé notre travail".

Il y a aussi des départs, on n'a pas vu par exemple aujourd'hui, Isabelle Sachet, représentante à l'assemblée ?

"J'ai vu sa maman qui m'a dit qu'il n'y avait aucun problème".

Mais est-ce qu'Isabelle Sachet fait encore partie du parti ?

"Je ne sais pas, elle ne me l'a pas dit. Je ne l'ai pas vue, parce que j'étais ici à suivre les travaux".

À entendre votre discours, vous avez toujours de l'amertume pour les élus qui ont quitté le Tahoeraa ?

"Ce n'est pas de l'amertume, ce sont des traitres. Ils ont trahi leurs électeurs qui m'ont fait confiance, puisque j'étais la tête de liste. En dehors de Faaa et Pirae, parce qu'elle a habité un peu à Pirae, mais je ne sais pas si les gens de Mahina, par exemple, connaissent Isabelle Sachet. Ils ont tous été élus grâce au Tahoeraa Huiraatira. Joseph Ah-Scha et Jeanine Tata des Marquises, deux illustres inconnus, ont été élus grâce au Tahoeraa, s'ils se représentent demain, ils n'ont aucune chance de passer, comme plusieurs autres élus".

Il y a des nouvelles têtes dans le bureau exécutif. Est-ce que ces gens-là vont compter pour 2018 ?

"On a encore deux ans pour voir le travail qu'ils sont capables de faire, parce qu'au Tahoeraa c'est une question de travail, d'efficacité, c'est l'activité de chacun qui compte".

Quelle sera votre stratégie puisque l'ensemble des maires soutiennent Edouard Fritch ?

"Je pense que les maires verront d'eux-mêmes qu'Edouard n'est pas un homme qui tient ses engagements et puis d'abord, il n'a pas les moyens. C'est un brasseur d'air".

Vous avez parlé également d'un prochain congrès ?

"Oui parce que vous avez vu que le congrès est assez long. J'ai demandé à un groupe de travail dirigé par Geffrey Salmon, de se réunir tous les mercredis, et de mettre à jour le programme de 2011 et 2012, de l'actualiser et de l'adapter à la situation du Pays et par rapport à nos ambitions".

Une tranche qui sera différente de celle d'Edouard Fritch ?


"Edouard Fritch ne m'intéresse pas, ce qui m'intéresse, ce sont les besoins de la population, ce que nous connaissons déjà".


Rédigé par Corinne Tehetia le Samedi 28 Novembre 2015 à 20:17 | Lu 8316 fois