Plongée dans la science à l’Ifremer


Les microalgues sont à la base de plusieurs productions aquacoles (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 9 octobre 2025 - Trois cent cinquante élèves du sud de Tahiti ont découvert le quotidien des agents de l’Ifremer de Vairao et ses partenaires, ce jeudi, lors d’une journée portes ouvertes organisée dans le cadre de la Fête de la science. Une occasion unique d’échanger avec de nombreux spécialistes, dont un phytotechnicien, une technicienne aquacole et un chercheur en radioécologie. 

 
À l’occasion de la Fête de la science, l’Université de la Polynésie française (UPF), Météo-France, l’institut Louis-Malardé (ILM) et le Criobe ouvrent leurs portes au public. Ce jeudi, c’était au tour de l’Ifremer de Vairao d’accueillir 350 élèves des écoles, collèges et lycées du sud de Tahiti. Une dizaine d’ateliers ludiques étaient animés par des agents de l’Ifremer et ses partenaires pour présenter les enjeux liés à chaque filière, des holothuries aux crevettes, en passant par des thématiques ciblées sur l’ADN environnemental, la ponte des coraux ou l’aquaculture restaurative, sans oublier les métiers supports à la science. “C’est trop cool !”, pouvait-on régulièrement entendre sur les stands en réaction aux informations partagées et aux expériences proposées.
 
Phytotechnicien à l’Ifremer, Maxime Forget avait déménagé une partie de son laboratoire à l’extérieur pour présenter sa spécialité. “Dans les ballons en verre et les colonnes, ce sont des microalgues qui servent à nourrir des productions de poissons, d’huîtres ou d’oursins. Ce sont des micro-organismes essentiels, mais sensibles au développement bactérien, donc le travail doit être rigoureux. J’essaie de m’adapter au public pour expliquer comment on s’organise pour produire de gros volumes et donner un peu de culture générale autour des microalgues”, précise le jeune homme, qui s’est passionné pour le sujet après des études dans le domaine de la santé. “J’ai découvert l’aquaculture à l’Ifremer. C’est un domaine très important pour la Polynésie, donc j’espère pouvoir susciter des vocations.”

Mesure de la température, de la salinité et du pH à l’aide d’une sonde.

​Différents outils


Les scientifiques en herbe et leurs professeurs ont pu visiter l’ensemble du site jusqu’aux bassins côté montagne. Sur un stand de la Direction des ressources marines (DRM), ils ont participé au nourrissage et ont été initiés au suivi des paramètres de l’eau, comme la température, la salinité ou encore le pH. “On est en train de relancer la filière de l’huître de roche, dédiée à la consommation. Nous utilisons différents outils pour suivre la croissance des huîtres. On fait manipuler les élèves pour que ce soit concret pour eux”, souligne Tuani Toussaint, technicienne aquacole. “J’ai toujours beaucoup aimé la mer, mais je ne pensais pas en faire mon métier. Je me suis orientée vers un BTS agricole, puis je me suis lancée dans l’aquaculture en passant un concours de la fonction publique. En expliquant nos objectifs, j’encourage les jeunes à faire des métiers en lien avec la mer pour continuer à développer l’alimentation locale.”
 
Parmi les services basés dans les locaux de l’Ifremer, on retrouve le Laboratoire d’étude et de suivi de l’environnement (LESE) de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Son responsable, Hugo Lepage, a également présenté un aperçu de son quotidien de chercheur : “La discipline s’appelle la radioécologie et c’est l’étude du devenir de la radioactivité dans l’environnement. Notre objectif, c’est de mesurer la radioactivité dans les denrées alimentaires, les sols, l’eau de pluie, l’eau de mer et l’air par rapport aux résidus qui proviennent de l’époque des essais nucléaires français et des essais globaux des autres puissances nucléaires. J’apprécie le contact avec le public. La vulgarisation, ça fait partie de nos métiers. Dans le contexte particulier de la Polynésie française, il faut parler de ces sujets en lien avec l’histoire.”
 
L’Ifremer ne manquera pas de rouvrir ses portes au public dans les prochaines années, la précédente occasion remontant à juin 2024 pour les 40 ans de l’institut et la Journée mondiale de l’océan.

Isabelle Forge-Allegret, directrice du centre Ifremer du Pacifique : “La recherche n’est pas inaccessible”

“L’Ifremer est un institut dédié à la recherche océanographique et dont l’ADN est tourné vers les filières économiques. Les sujets sont nombreux en Polynésie comme en Nouvelle-Calédonie. On travaille en lien avec les entreprises et plusieurs services pour amorcer de futures filières. (...) Le site de Vairao compte une centaine d’agents tous services confondus, dont une cinquantaine de l’Ifremer. Le cœur du réacteur, c’est l’équipe scientifique, qui est soutenue par les équipes administrative et logistique. Tout le monde est sur le pont pour la journée portes ouvertes. (...) Les chercheurs sont toujours partants pour ce type d’événement, malgré leur emploi du temps chargé. La jeunesse, c’est l’avenir, donc faire le lien le plus tôt possible avec la science, c’est important. Ils peuvent s’identifier à travers toutes les fonctions présentées et peut-être se projeter dans un futur métier. La recherche a du sens par rapport à des enjeux du quotidien et ce n’est pas inaccessible.”

Focus sur les modalités de suivi de la radioactivité.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 9 Octobre 2025 à 15:14 | Lu 1136 fois