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Pe'ape'a au centre artisanal de Bora Bora


Le centre artisanal de Bora Bora est mis à la disposition de la fédération des artisans de l'île (crédit photo : service de l'artisanat).
Le centre artisanal de Bora Bora est mis à la disposition de la fédération des artisans de l'île (crédit photo : service de l'artisanat).
BORA BORA, le 4 février 2019 - Des discordes auraient éclaté au centre artisanal de Bora Bora. Au cœur de ces problèmes, des désaccords entre un ancien artisan, Yvan Bolidum, et certaines māmā. Selon les artisanes, ce dernier créait des tensions au sein du fare, ce qui a conduit la commune à l'exclure des lieux. Une affaire qui a été portée devant le tribunal administratif, mais qui est restée en suspens. Ni la commune, ni l'artisan n'ont obtenu gain de cause.

"La requête de M. Bolidum et de l'association "Tapehaa Piti" est rejetée", "les conclusions de la commune de Bora Bora sont rejetées", le tribunal administratif a tranché fin janvier.

Dans cette affaire, Yvan Bolidum, un artisan de bijouterie d'art réclamait à la justice l'annulation de la décision du tāvana de Bora Bora datant du 9 avril 2018, au sujet de son exclusion du centre artisanal, situé au quai de Vaitape.

En effet, Gaston Tong Sang avait pris cette décision suite aux nombreux témoignages d'autres artisans à l'encontre d'Yvan Bolidum. "Il mentait aux touristes en leur disant que les perles que les artisanes vendaient étaient fausses, seules les siennes avaient de la valeur. Heureusement que nos māmā comprenaient l'anglais. Du coup, il y avait des conflits entre certaines artisanes et ce monsieur. Depuis qu'il est arrivé dans notre fare rima'ī, en 2008, les problèmes ont commencé. Il n'arrêtait pas de nous chercher des poux", raconte māmā Maara, présidente de la fédération des artisans de Bora Bora.

"C'est faux, c'est une affaire qui est montée de toutes pièces. Pour moi, il y a un problème de racisme", se défend Yvan Bolidum. Ce que réfute, bien entendu, la directrice générale des services de Bora Bora : "Pas du tout, il y a une autre artisane étrangère dans le centre et sa nationalité n'a jamais été remise en cause par les māmā".

Autre problème mis en avant par Yvan Bolidum, le fait que les artisanes n'aient pas de patente. "Le travail au noir est légalisé en Polynésie française, puisque tout acte de commerce est soumis à l'imposition. Et, on autorise des gens à travailler au noir. C'est hallucinant. Dans ce fare rima'i, j'étais le seul à déclarer mes revenus, en tant que patenté. Et je rappelle que le marché de Papeete oblige les gens à être patentés, comme tous les marchés de Polynésie. Et en fait c'est utilisé comme outil politique pour le maire de Bora Bora", indique-t-il.

Aujourd'hui, ce local municipal est géré par la fédération des artisans de l'île, et comme dans tous les établissements, un règlement intérieur a été mis en place. "Il aime dire qu'il est le seul à être en règle, c'est sûrement vrai. Mais nous, nous sommes au sein de diverses associations. Et la règle de la mairie est claire, les personnes qui n'honorent pas leurs cotisations, sont priées de sortir," explique māmā Maara.

"Le maire avait demandé aussi à ce que les produits qui sont vendus dans ce fare artisanal soient entièrement faits à la main, ce qui n'était pas le cas de ce monsieur, puisqu'il vendait des produits importés", ajoute Maireraurii Leverd, directrice générale des services de Bora Bora.

Yvan Bolidum avait repris, en 2008, le stand de sa belle-mère, au sein du centre artisanal. Aujourd'hui, avec son épouse, ils ont créé une autre entreprise. "On nous a enlevé le pain de la bouche très clairement", affirme-t-il.

Les māmā, de leur côté, se sentent mieux. "Avec tous ces pe'ape'a, beaucoup de māmā ont arrêté leurs activités parce qu'elles ne supportaient plus cette situation. Ce sont donc leurs enfants qui ont pris la relève. Mais depuis le départ de ce monsieur, elles sont revenues. L'ambiance est plus sereine désormais", indique la présidente de la fédération des artisans de Bora Bora.

À Bora Bora, on compte 17 associations d'artisans locaux, toutes sont regroupées au sein d'une fédération. "Nous recevons la clientèle des bateaux de croisière, des hôtels… Quand il n'y a pas de bateaux, les māmā peuvent gagner, en moyenne, 2 000 francs par jour", conclut māmā Maara.


le Lundi 4 Février 2019 à 16:26 | Lu 3705 fois