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Parole d’expert : L’infographiste, marionnettiste de vos expériences Web


PAPEETE, le 5 août 2014 - Le Web moderne semble si naturellement intuitif, beau, simple à naviguer et utile… On en oublie presque qu’à ses origines il n’était qu’un assemblage de pages hideuses. La révolution du Web 2.0 est venue des infographistes, qui nous prennent par la main pour nous amener où ils le veulent. L’un d’eux nous révèle leurs secrets.

L’infographie est depuis quelques années au cœur de nos écrans. À la télé, dans la publicité, dans les journaux, sur Internet. Cet art de l’ère numérique est omniprésent, mais tout son talent consiste à se faire oublier… Benjamin Vautier, l’ergonome de Yuxuh.com, la plus grosse start-up polynésienne, partage sa passion :

Déjà, qu’est-ce que l’infographie ?

Le terme infographie est apparu au début des années 70 pour accompagner l’évolution des disciplines des arts graphiques grâce à l’outil informatique, et plus particulièrement l’apparition de la conception graphique assistée par ordinateur, plus couramment appelée CAO, ainsi que la pagination assistée par ordinateur, PAO. L’infographie est donc la discipline du traitement des images, qu’elles soient en 3 dimensions ou en 2 dimensions, allant de la retouche photo à la création d’interfaces.

Nous confondons souvent l’infographie avec le sens anglais qui en limite le sens au graphisme d’information, alors que le terme français est beaucoup plus large. Lorsque vous voyez une publicité dans un journal, c’est un infographiste qui l’a conçue et l’a mise en page. De même pour un logo ou une animation pour une publicité télé, ou encore des interfaces interactives (logiciels, jeux vidéo, PDA, menus de DVD...)

Plus récemment, une nouvelle discipline est apparue et évolue extrêmement rapidement, c’est le webdesign. L’infographiste se spécialise dans la conception d’interfaces web et mobile.


Justement, quelles sont les bases pour créer un « bon » site Internet ?

Au début du webdesign, à cause de la méconnaissance de l’interactivité et la difficulté technique liée au web statique des années 90, beaucoup d’interfaces furent de véritables non-sens et l’information des sites Internet était beaucoup plus difficile à intégrer pour l’utilisateur.

Mais l’arrivée du web 2.0 et sa simplification technique apporte la prise en compte de l’utilisateur. Ainsi, nous devenons tous des acteurs du web, et cela porte l’attention des webdesigners sur l’ergonomie.

Et pour améliorer sa navigation, le webdesigner se spécialise dans l’ergonomie. L’ergonomie est définie comme « la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système. » Pour faire simple, l’ergonome étudie les situations et l'environnement d’un utilisateur et cherche à améliorer l’expérience de ce dernier, afin qu’il ait moins de perturbations, qu’il soit plus productif, ou qu’il s’ennuie moins.

Comment un infographiste arrive-t-il à orienter l’internaute ?

Grâce à l’ergonomie, le webdesigner va pouvoir orienter l’utilisateur vers une information très importante, ou va attirer son attention vers une action à effectuer, acheter par exemple. Ainsi, en sachant qui utilise son site on peut adapter l’interface pour que cette personne ait une expérience riche, qu’elle revienne et qu’elle en parle.

Quelles erreurs ergonomiques constatez-vous souvent sur les sites polynésiens ?

Généralement je constate un problème de placement de bouton. Par exemple, nous savons que le bouton valider se place très souvent à droite, car l’utilisateur va lire de gauche à droite et de haut vers le bas, et l’objectif est qu’il valide, cela doit donc être le dernier bouton à voir pour l’utilisateur.

De même, le choix des couleurs – bien que n’entrant pas dans le travail de l’ergonome à proprement parler – va orienter l’utilisateur. Les sites polynésiens utilisent souvent des couleurs qui se contredisent. Par exemple, un bouton rouge pour valider, alors que cette couleur est une couleur qui pourrait freiner l’utilisateur, et donc utiliser pour annuler.


Par exemple quels « trucs » utilisez-vous pour pousser un internaute à acheter ?

Deux petites choses à penser pour pousser un acte d’achat. La première chose est de simplifier ses pages. Moins il y a d’informations différentes sur une page et plus l’approche est directe. Ensuite, les boutons d’achats doivent être clairement identifiables, toujours les mêmes, et surtout d’une couleur différente de l’interface pour inciter l’utilisateur à cliquer dessus. Enfin, le prix et la remise doivent être mis en évidence. Enfin, il faut prendre en compte les habitudes de l’utilisateur. Ici, beaucoup de Polynésiens achètent sur Amazon. Ils ont ainsi l’habitude du site. Prendre en compte cela est un facteur favorisant l’achat.

Autre exemple pratique pour un annonceur, comment concevoir une bonne publicité pour Internet ?

Pour un annonceur, les choses sont un peu différentes. Il faut prendre en compte de qui est la cible. De plus, le format de la publicité, si c’est une bannière horizontale, ou si nous sommes sur un format carré. L’agencement ne sera pas le même. Le placement d’un bouton d’action (appelé call to action en anglais) augmente considérablement les résultats de clics. L’animation en gif est également un bon moyen d’obtenir du clic. Néanmoins, soigner le visuel est la meilleure méthode. Un visuel qui parle à l’utilisateur, c’est le plus difficile à faire à mon sens.

Biographie :

Benjamin Vautier était l'UX Designer (User eXperience) pour le réseau social de commerce Yuxuh jusqu'au mois dernier. Son travail est de comprendre qui est l’utilisateur et ce qu’il veut afin d’adapter les services et l’interface. Entre la conception graphique, la conception fonctionnelle et l’ergonomie, il tente d’enrichir l’expérience de l’utilisateur.

Il a longtemps été assistant réalisateur et réalisateur avant de se réorienter dans l’ergonomie et la conception d’interface. Diplômé d’un titre d’ingénieur en système d’information avec la spécialisation conception orientée utilisateur d’interface mobile à Lyon, il a été consultant freelance en ergonomie web et mobile en France.

Pour découvrir Benjamin : son portfolio, son Twitter et son LinkedIn

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 11 Août 2014 à 16:37 | Lu 6363 fois
           



Commentaires

1.Posté par webdesigner le 12/08/2014 15:45 | Alerter
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Pour les choix de couleurs des "call to action", vert, rouge ou bleu, ça ne dépend que de l'environnement; un article qui date un peu, mais encore d'actualité à ce propos http://www.ludovicpassamonti.com/archive/2010/06/16/boutons-call-to-action-efficace-rouge-ou-vert.html#more

En résumé faites des tests A/B pour ne retenir que ce qu'il fonctionne ! Le webdesign n'est pas une science exacte, et ne se confond pas avec le code de la route.