Outre-mer: 1ère journée officielle de commémoration des victimes de l'esclavage


Paris, France | AFP | mardi 23/05/2017 - La ministre des Outre-mer Annick Girardin a salué mardi la "mémoire des victimes de l'esclavage", en inaugurant à Paris une exposition dédiée à la création de l'état civil pour les esclaves libérés, pour la première "Journée nationale de commémoration en hommage aux victimes de l'esclavage colonial".
Cette journée nationale, fixée au 23 mai, a été instaurée par la récente Loi égalité réelle Outre-mer, parallèlement à la journée de commémoration de l'abolition de l'esclavage le 10 mai, créée en 2006 par l'ancien président Jacques Chirac. 
L'esclavage a été officiellement aboli en France en 1848.
La date du 23 mai fait référence à la grande marche silencieuse du 23 mai 1998, qui avait réuni 40.000 personnes à Paris pour honorer les victimes de l'esclavage colonial. La création d'une telle "journée nationale" était une demande récurrente des Outre-mer, portée notamment par le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98), une association qui chaque année organise des manifestations pour cette journée.
"Aujourd'hui, nous célébrons la mémoire de ces hommes et de ces femmes, qui sont devenus citoyens en 1848. Ce passage du statut d’esclave à celui de citoyen témoigne de la volonté de la République de reconnaître à ces hommes et à ces femmes les mêmes droits que les autres", a souligné Mme Girardin, en inaugurant, pour sa première sortie officielle, une exposition intitulée "les noms de l'abolition", à la faculté de droit, près du Panthéon.
Cette exposition, fruit d'un long travail du CM98, retrace la manière dont les officiers d'état civil ont attribué des noms de famille aux nouveaux affranchis de Martinique et Guadeloupe, qui jusqu'alors n'avaient que des prénoms, a expliqué Frédéric Régent, historien et président du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage.
Certains noms ont été inspirés par l'antiquité (Pompée, Spartacus, etc.), par la géographie (Antibes, Madère, Laponie, etc.) ou la Bible (Judas, Ismaël, etc.), d'autres par les anagrammes (l'ancien esclave Frédéric obtient comme nom Ciréderf, par exemple) ou les analogies (Céleste obtient Létoilée).
"L'Outre-mer est attaché à ce que cette histoire soit mieux connue de l'ensemble de la France", a déclaré la ministre, rappelant qu'un Groupement d'intérêt public venait d'être créé, prélude à la création, d'ici à 2018, d'une Fondation pour la mémoire de l'esclavage, souhaitée par l'ancien président François Hollande.
Lors d'un autre rassemblement à l'Assemblée nationale mardi matin, Serge Romana, fondateur du CM98, est revenu sur "19 ans de combat" pour obtenir une journée nationale pour les victimes, "parce qu'on ne commémore pas en même temps la mémoire des victimes d'un crime contre l'humanité et celle des combattants et libérateurs".

le Mardi 23 Mai 2017 à 06:53 | Lu 265 fois