“On doit payer deux courses”, constate l’organisation de la Te ‘Aito 2025


Tahiti le 22 juillet 2025 – Les rameurs qui ont fait le parcours officiel de la Te ‘Aito ont également été reconnus vainqueurs par les organisateurs. Ils ont décidé de valider les “deux parcours, deux classements” mais aussi de remettre un prix aux premiers. La décision a un impact direct sur le budget de la course qui a “explosé” : “On doit payer deux courses, mais on a voulu que tout le monde soit content.”
 
À la veille de la conférence de presse prévue pour annoncer la course et les modalités du Super ‘Aito, Tahiti infos a appris que quelques jours seulement après la parution son article sur le “hold-up” des résultats de la course des Master Hommes 60 ans lors de la Te ‘Aito, le comité organisateur a décidé de “régler” le problème en sortant son chéquier.
 
Rappelons que lors de cette course, le 7 juin dernier, les Master Hommes 60 ans devaient parcourir 18 kilomètres. Mais neuf d’entre eux, n’en ont parcouru que 14 et malgré cela, Patrick Vairaaroa, Camille Pautehea et Vincent Tupuai, qui faisaient partie de ceux-là, se sont retrouvés sur les plus hautes marches du podium de l’édition 2025 de cette course de va’a hō’ē. Jean-Luc Eychenne avait alors pointé du doigt le “manque de respect” pour les rameurs ayant complété le parcours, de la part responsables de la course. Une organisation qui, selon lui aurait dû disqualifier” ces neufs rameurs. Il n’en avait rien été, et le rameur de Raiatea avait aussi pointé le manque “d’honnêteté” de ces sportifs qui n’auraient jamais” “accepter de monter sur le podium”.
 
Pour mettre un terme à cette désastreuse polémique l’organisation a donc décidé de récompenser aussi les rameurs ayant fait le parcours complet de 18 kilomètres. Et le sportif de l’île sacrée dit aujourd’hui ne pas “avoir vraiment été surpris” par cette initiative “dans la mesure où j’ai fait ce qu’il fallait pour qu’ils prennent une décision”, dit-il. L’occasion aussi pour les organisateurs de “s’excuser” et de reconnaître que dans “la précipitation”, ils ont “ fait une erreur”.

Un prize pool qui “explose”

Jean-Luc Eychenne se dit aujourd’hui doublement “satisfait”. D’abord “sur un plan personnel” parce que lui et les autres rameurs ont été reconnus et déclarés vainqueurs. Mais aussi parce que pour les organisateurs “c’est la voix de la raison, tout le monde a agi pour que ça se dénoue. Voilà, quand il y a des nœuds il faut savoir les dénouer intelligemment et c’est ce qui a été fait des deux côtés”, affirme le champion en titre.
 
Interrogé à ce sujet, l’un des fondateurs de la course Te ‘Aito, Charley Maitere, confirme que cette “défaillance” a été “réparée” : non seulement les cinq premiers rameurs qui ont fait le parcours officiel de la Te ‘Aito participeront gracieusement à la Super ‘Aito comme l’a annoncé le second co-fondateur de la course, Mara Aitamai, en juin dernier ; mais, les trois premiers au moins auront aussi droit à la prime qui aurait dû leur revenir de droit, pour avoir complété en tête le parcours de 18 km. “Donc il y a eu deux parcours, deux classements et deux remises des prix. Et normalement la parution des résultats devrait aussi se faire par rapport à ce nouveau classement du long parcours”, constate aujourd’hui le rameur Jean-Luc Eychenne.
 
Une réparation qui se fait aux dépens du comité organisateur de la course, puisque le prize pool de la Te ‘Aito 2025 se voit multiplié par deux. “Notre budget a explosé : on doit payer deux courses alors que ce n’était pas prévu mais on a voulu que tout le monde soit content. Tout est revenu dans l’ordre et tout est rétabli”, constate Charley Maitere qui, avec son équipe, se concentre désormais sur l’organisation de la Super ‘Aito, qui doit avoir lieu ce samedi à Aorai Tini Hau.

“Renouer la confiance entre les organisateurs et les rameurs”

Jean-Luc Eychenne ne participera pas à la Super ‘Aito à cause de ses “obligations” personnelles et professionnelles. “Cela n’a rien à voir avec cet incident”, insiste-t-il. Pour autant, si ce couac s’est produit, lors de la Te ‘Aito, le 7 juin dernier, pour le rameur de Raiatea il s’agit d’un “problème de gestion d’équipes avec les bateaux officiels qui doivent bien être informés et qui doivent soit donner des indications pour que tous aient la même information, soit ne pas en donner pour éviter des soucis”.

Aussi refuse-t-il de tout mettre sur le dos des organisateurs et préfère s’en remettre au bon sens des rameurs qui connaissaient le parcours. “C’est à eux à regarder. Après si tu suis comme un mouton un mec parce que c’est un bon rameur (…) à un moment il faut être responsable.”
 
Si aujourd’hui “il n’y a plus rien à dire sur cet incident”, parce que “les organisateurs s’en sortent grandis”, le rameur de Raiatea propose qu’à l’avenir la communication “soit améliorée en amont” avec un espace numérique dédié “infos-service pour faire passer une information sur les réseaux sociaux et donner des choix de parcours aux rameurs deux ou trois mois avant la course (…)”.
 
Pour Jean-Luc Eychenne cela permettrait “d’impliquer les rameurs”. Mais plus encore, pour lui cette forme de communication est de nature à permettre une “certaine qualité d’épreuve plus ou moins dure” et donner le libre choix aux sportifs sans que cela “n’altère la qualité de l’événement”. Une manière aussi de “renouer la confiance entre les organisateurs et les rameurs. Il y a eu trop d’incidents et après cela fait des précédents et si on ne communique pas bien cela fait de la rancœur. Et quand tu es blessé c’est difficile de ne pas être rancunier. Il faut redonner de la confiance”, estime le rameur.
 
Une forme de transparence qui permettra aussi, selon le rameur, de “tout bien ficeler dès le départ”. Il invite même les organisateurs à une réflexion au sujet de l’effectif de rameurs autorisé au départ de la course, car avoir 300 ou 400 personnes sur la ligne de départ “si c’est pour générer du spectacle, c’est se moquer des rameurs : on n’est pas là pour faire du karting et se taper les uns dans les autres (…). Donc il y a des décisions qui doivent changer (…). D’où l’importance de demander l’avis des rameurs”.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 22 Juillet 2025 à 18:28 | Lu 2645 fois