Handout / INTERPOL / AFP
Lille, France | AFP | mercredi 17/12/2025 - Jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi à l'encontre d'Abdelkader Bouguettaia, rejugé à Lille après son extradition de Dubaï dans trois affaires d'importation de cocaïne via le port du Havre, tandis que ses avocates ont demandé la relaxe.
La décision a été mise en délibéré au 30 janvier à 14H00.
Le parquet a requis neuf et 15 ans de prison, avec peine de sûreté des deux tiers, dans deux des dossiers. Mais il n'a pas requis de condamnation pour le troisième, en raison d'un "doute" quant au fait que les éléments de l'enquête suffisent à établir la culpabilité de Bouguettaia dans ce dossier précis, qui lui avait valu neuf ans de prison en 2023 en son absence.
Installé à Dubaï depuis fin 2019, ce Franco-Algérien de 38 ans était également loin de la justice française au moment de ses deux autres condamnations à Lille, en 2022 et 2024, à des peines, déjà, de neuf et 15 ans de prison.
Après son extradition en juin, Bouguettaia n'avait pas acquiescé à ces condamnations, entraînant la tenue d'un nouveau procès à Lille pour ces trois dossiers, qui portaient sur des saisies de trois tonnes de cocaïne au total et potentiellement autant d'importations réussies de la même drogue en France, selon le ministère public.
Mercredi après-midi, ses trois avocates ont plaidé tour à tour la relaxe, pointant le fait qu'une grande partie des éléments à charge contre leur client reposent sur des déclarations de personnes elles-mêmes impliquées dans le narcotrafic et mettant ainsi en cause leur honnêteté.
- "Un incorrigible" -
Abdelkader Bouguettaia était "le chef" d'une organisation criminelle dont "une trentaine d'opérateurs à des degrés divers ont été condamnés" dans ces différents dossiers, a affirmé l'une des deux procureurs.
Son collègue a aussi souligné qu'il avait été condamné à de nombreuses reprises pour trafic de stupéfiants avant son départ de France. "C'est un réfractaire, un incorrigible (...) et les incorrigibles, il faut les neutraliser", a-t-il estimé avant d'annoncer les réquisitions.
Les deux procureurs ont longuement détaillé les témoignages ou éléments présentant comme donneur d'ordres un certain "Bibi", surnom qu'Abdelkader Bouguettaia a reconnu être le sien depuis l'enfance.
Mais, tout au long du procès, il a assuré ne pas connaître les personnes qui l'ont désigné comme la tête du réseau. Il a aussi suggéré que certains voulaient lui faire porter "un chapeau XXL" ou que des témoins devaient le confondre avec un autre "Bibi".
Le procureur a néanmoins souligné qu'il avait été reconnu sur photo par un docker condamné pour l'une des saisies de cocaïne.
- "Bug" -
L'une des avocates d'Abdelkader Bouguettaia a longuement insisté sur la mention dans de nombreux procès-verbaux et messages d'un autre surnom, "Bug", qu'elle a relié à l'un des frères de son client.
Un argument qu'a balayé la procureure dans ses réquisitions, estimant que les deux principaux témoignages permettaient de penser "que les deux frères aient pu cohabiter dans le trafic".
Selon la présidente du tribunal, un témoin a également confié aux enquêteurs avoir reçu de "Bibi" une photo de sa nièce décédée dans un accident de la route suivie du message "C'est juste pour te rappeler qui commande" ou encore une photo de la boulangerie où travaillait sa petite amie, alors qu'il rechignait à accepter une mission en Belgique.
M. Bouguettaia a dit "réserver (sa) défense" pour une confrontation avec ce témoin dans une autre instruction le visant, une tentative d'importation de 2,5 tonnes de cocaïne en 2020 pour laquelle il a été mis en examen à Paris.
L'une de ses avocates a pointé les nombreux changements de version de ce même témoin au fil des auditions et des procès. "On n'a rien trouvé qui accréditait ses déclarations", a-t-elle encore assuré.
A Dubaï, Abdelkader Bouguettaia jouissait d'un mode de vie fastueux, selon un extrait d'interrogatoire d'un ancien proche consulté par l'AFP en 2024: deux appartements qu'il occupait avec sa compagne dans un immeuble cossu de la marina, voitures haut de gamme, fréquentation de piscines d'hôtels luxueux et de restaurants chics.
Un train de vie a priori très éloigné de celui d'un simple salarié dans la restauration gagnant entre 3.500 et 4.000 euros par mois, comme il s'est présenté durant son procès.
La décision a été mise en délibéré au 30 janvier à 14H00.
Le parquet a requis neuf et 15 ans de prison, avec peine de sûreté des deux tiers, dans deux des dossiers. Mais il n'a pas requis de condamnation pour le troisième, en raison d'un "doute" quant au fait que les éléments de l'enquête suffisent à établir la culpabilité de Bouguettaia dans ce dossier précis, qui lui avait valu neuf ans de prison en 2023 en son absence.
Installé à Dubaï depuis fin 2019, ce Franco-Algérien de 38 ans était également loin de la justice française au moment de ses deux autres condamnations à Lille, en 2022 et 2024, à des peines, déjà, de neuf et 15 ans de prison.
Après son extradition en juin, Bouguettaia n'avait pas acquiescé à ces condamnations, entraînant la tenue d'un nouveau procès à Lille pour ces trois dossiers, qui portaient sur des saisies de trois tonnes de cocaïne au total et potentiellement autant d'importations réussies de la même drogue en France, selon le ministère public.
Mercredi après-midi, ses trois avocates ont plaidé tour à tour la relaxe, pointant le fait qu'une grande partie des éléments à charge contre leur client reposent sur des déclarations de personnes elles-mêmes impliquées dans le narcotrafic et mettant ainsi en cause leur honnêteté.
- "Un incorrigible" -
Abdelkader Bouguettaia était "le chef" d'une organisation criminelle dont "une trentaine d'opérateurs à des degrés divers ont été condamnés" dans ces différents dossiers, a affirmé l'une des deux procureurs.
Son collègue a aussi souligné qu'il avait été condamné à de nombreuses reprises pour trafic de stupéfiants avant son départ de France. "C'est un réfractaire, un incorrigible (...) et les incorrigibles, il faut les neutraliser", a-t-il estimé avant d'annoncer les réquisitions.
Les deux procureurs ont longuement détaillé les témoignages ou éléments présentant comme donneur d'ordres un certain "Bibi", surnom qu'Abdelkader Bouguettaia a reconnu être le sien depuis l'enfance.
Mais, tout au long du procès, il a assuré ne pas connaître les personnes qui l'ont désigné comme la tête du réseau. Il a aussi suggéré que certains voulaient lui faire porter "un chapeau XXL" ou que des témoins devaient le confondre avec un autre "Bibi".
Le procureur a néanmoins souligné qu'il avait été reconnu sur photo par un docker condamné pour l'une des saisies de cocaïne.
- "Bug" -
L'une des avocates d'Abdelkader Bouguettaia a longuement insisté sur la mention dans de nombreux procès-verbaux et messages d'un autre surnom, "Bug", qu'elle a relié à l'un des frères de son client.
Un argument qu'a balayé la procureure dans ses réquisitions, estimant que les deux principaux témoignages permettaient de penser "que les deux frères aient pu cohabiter dans le trafic".
Selon la présidente du tribunal, un témoin a également confié aux enquêteurs avoir reçu de "Bibi" une photo de sa nièce décédée dans un accident de la route suivie du message "C'est juste pour te rappeler qui commande" ou encore une photo de la boulangerie où travaillait sa petite amie, alors qu'il rechignait à accepter une mission en Belgique.
M. Bouguettaia a dit "réserver (sa) défense" pour une confrontation avec ce témoin dans une autre instruction le visant, une tentative d'importation de 2,5 tonnes de cocaïne en 2020 pour laquelle il a été mis en examen à Paris.
L'une de ses avocates a pointé les nombreux changements de version de ce même témoin au fil des auditions et des procès. "On n'a rien trouvé qui accréditait ses déclarations", a-t-elle encore assuré.
A Dubaï, Abdelkader Bouguettaia jouissait d'un mode de vie fastueux, selon un extrait d'interrogatoire d'un ancien proche consulté par l'AFP en 2024: deux appartements qu'il occupait avec sa compagne dans un immeuble cossu de la marina, voitures haut de gamme, fréquentation de piscines d'hôtels luxueux et de restaurants chics.
Un train de vie a priori très éloigné de celui d'un simple salarié dans la restauration gagnant entre 3.500 et 4.000 euros par mois, comme il s'est présenté durant son procès.