Ua Pou, le 7 septembre 2025 - C’est sous un ciel gris mais avec des pancartes colorées, que près de 500 habitants de tous âges ont defilé samedi matin dans les rues du village de Hakahau pour dire “non à l’ice”.
À Ua Pou, samedi matin, le cortège, vêtu de blanc, a emprunté l’artère principale entre le stade de football et le centre artisanal, marquant un arrêt devant l’église Saint-Joseph avant de se rassembler pour des ateliers d’information et une collation. Sur les hauteurs, des vidéos et images aériennes révélaient l’inscription géante “Ua Pou No Ice”, message adressé autant à la population qu’aux autorités. Enfants de la petite section au collège, parents, grands-parents, élus et associations se sont en effet mobilisés contre l’ice et les drogues en général, en écho à la marche organisée à Papeete.
Pour beaucoup de familles, la préoccupation ne se limite pas à l’île : leurs enfants partent étudier à Tahiti en pleine adolescence, souvent livrés à eux-mêmes. Mautai Ah-Sha, instituteur de formation récemment nommé directeur du CSP de Hakahau, a lui-même une fille de 16 ans scolarisée en terminale à Tahiti : “On élève nos enfants en parlant de ces problèmes, on essaie de les éduquer tôt car ils partent parfois dès 15 ans à Tahiti.” Il regrette que les interventions dans les écoles se soient raréfiées : “Avant, il y avait une prévention pérenne sur la santé. Aujourd’hui, si l’école ne demande pas, les gendarmes ou les services de santé ne viennent plus. Nous avons fait une demande pour que la prévention ne soit pas seulement routière, mais aussi sur la drogue, l’alcool et l’éducation sexuelle.”
À l’initiative de cette marche, Ady Candelot, déléguée municipale et mère de deux enfants, soutenue par le maire Joseph Kaiha et les équipes de la commune de Ua Pou, les associations locales et les paroisses, a tenu à rappeler dans son discours : “Nous savons que marcher, chanter et crier des slogans ne suffira pas à éradiquer l’ice. Mais aujourd’hui, nous avons refusé le silence. Nous envoyons un message clair : nous n’acceptons pas que ce poison continue à détruire des vies, des familles, et à menacer l’avenir de nos enfants.”
Elle appelle à la solidarité et à l’action : “Cette marche doit ouvrir la voie à d’autres actions : de la prévention dans nos écoles, des ateliers pour les parents, des projets communautaires. La force de notre île et de notre culture, c’est la famille, la solidarité et l’unité.”
Elle a également interpellé les ministres de l’Éducation et de la Santé afin d’élargir l’accès aux dispositifs d’accueil pour les enfants des archipels éloignés, comme les internats du WEI et du PLEI, pour éviter qu’ils ne soient livrés à eux-mêmes les week-ends et pendant les vacances.
Enfin, elle a exhorté les autorités à renforcer les contrôles aux frontières, notamment avec des chiens renifleurs.