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Mahina : Il poignarde sa compagne, brûle sa maison et se pend


MAHINA, le 2 mars 2015 - [Article mis à jour à 17h00] Un fait divers tragique endeuille Mahina ce lundi matin. Selon divers témoignages, une dispute de couple a dégénéré et un homme a tenté d'égorger son ex-compagne. Il a ensuite incendié la maison de cette dernière, avant de mettre fin à ses jours.


C'est tout le quartier de Tirao, au pied de la pointe du Tahara'a côté Mahina, qui est sous le choc. Une maison partie en fumée, une femme à l'hôpital et un homme qui s'est donné la mort, tout ça en moins d'une heure : ce lundi matin a été violent dans ce quartier populaire généralement très calme.

"Il voulait me tuer"

"Ce matin vers 7h30 ou 8h, j'étais là en train d'attendre l'ouverture de l'atelier pour faire réparer mes planches de surf, j'ai regardé en face vers la maison et j'ai vu une flamme en sortir. J'ai appelé les pompiers, et je leur ai dit de se dépêcher 'parce que là, la flamme s'est propagée !'" raconte René, un habitant de Arue qui est le premier témoin de la scène.

"Et là il y a une femme qui est sortie de la cour avec un coupe-coupe à la main, un grand couteau, toute en sang. Elle avait une coupure au niveau de la gorge et de la main. Elle m'a demandé du linge pour essuyer, mais je n'avais rien. Elle m'a dit 'Il voulait me tuer'. Là les pompiers sont arrivés et ont commencé à arroser, mais la flamme avait pris carrément toute la maison."

Le procureur de la République assurera par la suite que la victime, nommée Michelle, a également été poignardée à la poitrine. En fin de journée elle était encore en chirurgie.

Il a mis le feu à la maison "parce qu'il s'était énervé"

Kaiona, un jeune habitant du quartier, témoigne du reste de la scène, qui s'est déroulée à l'arrière de la maison : "Avec mon papa j'ai vu la personne qui a brûlé la maison, nous lui avons parlé. On lui a demandé s'il y avait quelqu'un dans la maison, il a répondu 'non'. On lui a demandé si c'était lui qui avait brûlé la maison, il a dit 'oui,' parce qu'il s'était énervé. Après on lui a dit de venir vers nous mais nous a juste dit 'non c'est bon', il ne voulait pas."

Mais les choses se sont rapidement aggravées : "Après on a entendu une explosion de gaz et on a tout de suite eu le réflexe de reculer. Et quand on est retourné le voir, il n'était plus là, il était dans le caniveau, allongé. Il s'était pendu, et la corde avait cassé. Tout ça c'était à 8 heures environ."

Les secours sont arrivés très rapidement sur les lieux et ont tenté de le ranimer pendant près d'une heure avant que le décès ne soit constaté. À partir de ce moment, et quand l'incendie a été éteint, la gendarmerie a bouclé toute la scène de crime pour les besoins de l'enquête.

Plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes : tentative d'assassinat, destruction volontaire d'habitation, et recherches en causes de la mort pour le présumé suicidé. "Mais si l'enquête ne montre aucun autre intervenant (que le mort), elle sera classée sans suite" conclut le procureur.

Un couple à problèmes

Les voisins et autres habitants du quartier sont divisés sur la personnalité de cet homme de 41 ans originaire des Tuamotu, certains le disant "fou", d'autres disant plutôt "qu'il avait des problèmes" ou "qu'il était en détresse". Le couple sans enfants était connu comme ayant des difficultés, avec des disputes régulières. Mais les voisins les qualifient malgré tout de "calmes, discrets".

La gendarmerie, elle, les connait bien. Dans les mois précédant le drame, elle a eu à intervenir deux fois dans cette maison. Une fois pour des violences conjugales du fait du concubin, et la veille de l'incendie pour une dispute. Il semble que l'homme acceptait très mal la rupture décidée par son ancienne compagne.

La maison appartient à la femme, même si elle n'est pas propriétaire du terrain, et l'homme passe souvent la voir assurent les voisins. Le maire de Mahina Patrice Jamet est resté toute la matinée sur les lieux au milieu des habitants du quartier attroupés autour de la scène de l'incendie, curieux mais choqués. Il explique que le couple vivait "de petite chose, de fabrication de monoï, de gâteaux…". La vahine préparait les produits et l'homme se chargeait de les vendre.

Selon le récit fait par la femme, évacuée par les pompiers vers le CHPF mais tirée d'affaires, son ex-concubin est passé ce matin-là pour lui demander de l'argent, et le couple s'est disputé jusqu'à ce que l'homme se laisse emporter par la colère. Le procureur, lui, parle plutôt de jalousie et de rupture mal acceptée pour expliquer le drame. En particulier, des lettres écrites de la main du compagnon jaloux annonçant son intention de tuer son "ex" ont été remises aux forces de l'ordre par un témoin.


L'association SOS Suicide est toujours à l'écoute

Si vous vous sentez vulnérable ou déprimé, sachez que vous pouvez toujours demander de l’aide et trouver des solutions alternatives. N’hésitez donc pas à contacter les bénévoles polynésiens de SOS Suicide au 444 767 (numéro vert) ou au 87 20 25 23. Ils répondent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.


Patrice Jamet, maire de Mahina, était sur les lieux dès 8h du matin
Patrice Jamet, maire de Mahina, était sur les lieux dès 8h du matin
"Il faudrait pouvoir venir en aide à ces couples-là"

Le maire de Mahina Patrice Jamet, qui a assisté à toutes les suites de la scène et a attendu 45 minutes auprès des secours en espérant que l'homme soit finalement réanimé, était sous le choc de sa mort lorsqu'il a répondu à la presse : "C'est dramatique, et pas seulement au niveau de Mahina… Je pense qu'il faudrait qu'on se mette autour d'une table pour en parler. On parle souvent de jeunesse, d'éducation… et souvent on oublie les couples qui vivent ce drame-là au quotidien."

La violence conjugale, les difficultés financières, les problèmes qui s'accumulent… "Il y a vraiment un problème de société, ça arrive dans tous les archipels, tous les mois il y a un drame quelque part en Polynésie. Cette famille était très discrète. Ce sont des gens qui se débrouillent bien, qui arrivent à s'en sortir avec les ventes de ma'a… "

Le maire cherche des moyens pour aider : "Déjà au niveau de la commune, il y a des associations qui viennent en aide à ces couple, ou d'autres pour la prévention du suicide… Mais j'ai l'impression qu'entre l'association et les personnes concernées (il n'y a pas assez de ponts). Il faudrait que la mairie rentre dedans, il faut jouer la proximité : les gens du quartier aimeraient pouvoir parler à des gens du quartier, qu'ils connaissent, pour discuter de leurs problèmes." L'homme politique aimerait ainsi que des référents, ou des "metua" respectés dans les quartiers, puissent devenir des personnes de confiance pour les habitants qui ont besoin d'un coup de main mais ne savent pas vers qui se tourner.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 2 Mars 2015 à 12:25 | Lu 4827 fois
           



Commentaires

1.Posté par Le Vieux le 02/03/2015 17:00 | Alerter
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Oui, il y a vraiment un gros, très gros problème de société en Polynésie. Le couple ne vivait pas de petites choses de vente de maa ou monoï. Non il survivait. Il survivait comme des dizaines et des centaines d'autres couples avec ou sans enfants. Comment peut-on croire que recevoir des aides de temps en temps d'associations suffit. Vous savez que si vous étiez Français a part entière vous auriez des revenus ponctuels chaque mois. Vous savez que si étranger vous arriviez en métropole votre nation sois disant vous auriez aides pour vous soigner, vous loger, vous nourrir et droit a une indemnité mensuelle. Ici en Polynésie, nous ne sommes ni Français, ni des étrangers sur le sol Français. Nous ne sommes rien. Voila ce que vous ont donné vos politiques.

2.Posté par Le Vieux le 02/03/2015 17:00 | Alerter
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VOTEZ OUI MAIS AVEC VOS PIEDS.

3.Posté par Fab. le 03/03/2015 06:10 | Alerter
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Pour certains, mieux vaut être seul que mal accompagné.
c'est la seul vérité.

4.Posté par MANUPATIA le 03/03/2015 07:35 | Alerter
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Désolé pour toi @Le Vieux, mais ils sont français...
Et s'il est vrai que les français survivrai grâces aux fameuses indemnités dont tu parles, je pense que l’Abée Pierre n'a pas eu lieu d'exister!
Certes je te donne raison en ce qui concerne la politique polynésienne, mais les lois françaises ne sont pas mieux non plus,
toujours une pour en contrer une autre! à qui l'avantage?! aux "avocats du diable", leurs permettant de défendre les plus grand bandits...

5.Posté par Manarii le 03/03/2015 09:58 | Alerter
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D'accord avec Manupatia. La france a aussi plein de problèmes et c'est pas le RMI qui résout tout !
Sinon le vieux, pour la victime, rassure toi, elle est connu aussi pour "survivre comme tu dis de ses arnaques. Elle faisait croire qu'elle vivait de petits trucs pour faire pitié mais en fait c'est une vraie menteuse et voleuse. Elle raconte plein d'histoires pour avoir ce qu'elle veut.J'ai ma cousine qui s'est fait avoir par ses belles paroles.
Qui sème le vent..... Mais bon, tant mieux pour elle, elle s'en est sortie. ma cousine va pouvoir lui demander de lui rembourser ce qu'elle lui doit

6.Posté par Jojo le 03/03/2015 10:12 | Alerter
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Facile de toujours taper sur l'état Français. Il me semble que c'est les Polynésiens eux-même qui ont voté leur autonomie. Aujourd'hui on voit que les choses ne sont pas aussi simple que ce qu'on avait vendu.
Et puis en métropole ce genre de drame arrive aussi. Le défaut d'aides sociales n'est donc pas le seul problème. Qu'en est-il de la consommation d'alcool ? De la consommation de pakalolo dont on sait qu'elle agit sur le comportement (troubles psy) ?
Peut-être faudrait-il avoir une vrai politique de sensibilisation. Mais les, lobbyistes sont présents et bien présents : "touche pas à mon alcool"...