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Les thons plongent, les prix grimpent


En cette saison, les thons se font rares, donc les prix augmentent. Par contre les prix du saumon des dieux sont en baisse !
En cette saison, les thons se font rares, donc les prix augmentent. Par contre les prix du saumon des dieux sont en baisse !
PAPEETE, le 17 septembre 2019 - Le kilo de thon blanc s'achète aujourd’hui 1 823 Fcfp le kilo, un sommet cette année. Mais pas de panique, c'est de saison : les thons désertent chaque année nos eaux en septembre et octobre. Le prix des autres poissons de haute-mer reste stable.

La pêche hauturière suit les caprices des poissons et les prix au détail font de même. On se souvient de la grave pénurie de 2003-2004 qui avait fait exploser les prix. Elle s'était renouvelée en 2016, à la faveur du phénomène climatique El Niño, et les prix avaient alors atteint les 3 000 Fcfp le kilo. Heureusement, rien de tel cette année.

LE THON EST CHER

La pire saison pour la pêche est en septembre/octobre, quand les thons désertent nos eaux ou plongent dans les profondeurs de l'océan. Et cette année ne fait pas exception. Comme le montre la météo des prix publiée par la DGAE, reproduite ci-dessous, le kilo de thon blanc atteint 1 823 Fcfp en moyenne en septembre, avec des pics à plus de 2 000 Fcfp dans certains magasins.

Heureusement, il reste possible de trouver son poisson à un bon prix quand on sait où chercher. Ainsi, à Hyper U le filet de thon blanc serait vendu seulement 1 595 Fcfp le kilo. Les releveurs de la DGAE ont aussi trouvé du thon rouge à seulement 995 Fcfp le kilo au LS Proxi de Paea... Mais on imagine que ce prix exceptionnel n'a pas duré longtemps, quand le thon rouge est vendu 2 737 Fcfp en moyenne à Tahiti !

LA BONNE AFFAIRE : HAURA ET SAUMON DES DIEUX

La bonne affaire en ce mois de septembre, c'est le haura, qu’on trouve à partir de 1 495 Fcfp le kilo au Champion Mahina, et autour de 1 800 Fcfp le kilo un peu partout à Tahiti.

Tout cela reste assez cher malgré tout. Quand on regarde les archives de la météo des prix depuis mars, on voit que les prix les plus bas de l'année ont été atteints en juillet pour le thon blanc, à 1 294 Fcfp le kilo en moyenne, et en mars pour le haura à 1 629 Fcfp le kilo en moyenne.

Par contre on voit aussi que si le thon se fait rare et cher, les plus gourmands vont pouvoir se faire plaisir ce mois-ci, puisque le saumon des dieux est à son prix moyen le plus bas de l'année à 3 003 Fcfp le kilo en moyenne, tout comme le meka à 2 912 Fcfp en moyenne.


POURQUOI LES PRIX DU THON SONT-ILS PLUS ÉLEVÉS CETTE ANNÉE ?

Si les prix montent et descendent au fil des mois, pour le thon blanc ils sont restés plutôt élevés tout au long de l'année. Pour expliquer cette tendance, il est tentant de pointer la baisse de la flottille de pêche. De 68 thoniers et palangriers en 2009, nous sommes descendus à 60 bâtiments aujourd'hui.

Malgré cette baisse du nombre de navires de pêche, il est difficile de lier les prises au nombre de bateaux :
- la production était de 6 000 tonnes en 2009 ;
- elle est montée à 6 600 tonnes en 2013 ;
- elle s'effondrait à 5 400 en 2014 ;
- elle remontait à 6 200 tonnes l'année suivante ;
- elle atteignait un peu plus de 5 600 tonnes en 2016 (derniers chiffres disponibles).

Ce qui est plus marquant, c'est le changement important dans le type de poissons pêchés. Selon les bulletins statistiques de la direction des Ressources maritimes et minières, le thon blanc représentait entre 54 % et 57 % des prises en 2014-2016, mais plus que 40 % des prises en 2017, derniers chiffres disponibles.

L'autorité de la concurrence y voyait d'ailleurs dans son avis (très négatif) sur les PPN publié en mars un des effets pervers de la classification du thon blanc en produit de première nécessité en 2007 : depuis que les marges sur ce poisson sont contrôlées, les prises n'ont fait que baisser... et les prix qu'augmenter. Un argument pas complètement convainquant puisque les prix les plus bas du thon blanc ont été atteints en 2001... Puis en 2010, à la faveur de saisons exceptionnelles.

L'arrivée de nouvelles flottes de pêches hauturières, en particulier aux Marquises, devrait cependant faire chuter à nouveau les prix. En espérant que la ressource sera gérée efficacement à long terme, parce que si les thons deviennent trop rares, les prix exceptionnels de ce mois-ci deviendront la norme.


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 17 Septembre 2019 à 17:47 | Lu 2717 fois