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Les pro-Fritch annoncent la création d'un parti politique


Les élus des groupes A Ti’a Porinetia et Tapura Huiraatira annoncent qu’ils s’unissent dans un même parti politique dont le leader sera Edouard Fritch.
Les élus des groupes A Ti’a Porinetia et Tapura Huiraatira annoncent qu’ils s’unissent dans un même parti politique dont le leader sera Edouard Fritch.
PAPEETE, 3 septembre 2015 – Les 24 représentants des groupes Tapura Huiraatira et A Ti’a Porinetia annoncent leur intention de se rassembler dans un parti politique dont le leader sera Edouard Fritch.

Les 24 élus du bloc autonomiste des pro-Fritch (les 8 du groupe A Ti'a Porinetia et les 16 du Tapura Huiraatira) ont réaffirmé leur soutien à l’action du gouvernement et annoncent la création prochaine d’un parti politique commun.

La déclaration a été faite jeudi à la mi-journée, lors d’une conférence de presse donnée en marge des travaux de la commission permanente à l’assemblée.

Ce nouveau parti politique, dont on ne connait pour l'heure ni le nom, ni la couleur, se rangera sous la bannière d’Edouard Fritch.

"Nous avons décidé de nous unir", a affirmé le représentant Philip Schyle, sous le contrôle des élus ATP et Tapura présents. Et le maire de Arue de qualifier Edouard Fritch de "quintessence", du "mix de Gaston Flosse, pour sa vision et son sens de l’organisation, de Gaston Tong Sang, pour sa sérénité, d’Oscar Temaru, pour sa simplicité et son sens de l’ouverture, et de lui-même avec ses compétences et son expérience".

Cette annonce a été faite alors que le grand conseil du parti orange devrait confirmer, ce vendredi à Erima, l’exclusion définitive de celui qui avait été réélu président délégué du Tahoera’a Huiraatira, lors du dernier congrès, le 23 mars 2013.

En même temps qu'il annonçait la fondation d'un "mouvement politique" Edouard Fritch s’est dit "soulagé" mercredi, alors que la veille le conseil politique du parti orange venait de prononcer son "exclusion définitive" du Tahoera’a, lors d’une assemblée convoquée tardivement et organisée au domicile de Gaston Flosse, à Erima.

Cette sanction disciplinaire met un terme à 35 ans de collaboration entre les deux hommes et à près d’un an de brouille publique entre le Vieux Lion et celui qu’il avait désigné publiquement comme son "fils spirituel", en octobre 2013. Edouard Fritch qu'il avait fait élire Président du Pays, en septembre 2014 après avoir été lui-même déchu de cette fonction, frappé par une peine d’inéligibilité de 3 ans.

La stabilité en ligne de mire

Entre les deux hommes, les relations s’étaient rapidement dégradées tandis qu'à l'assemblée le groupe Tahoera’a adoptait progressivement une posture d’opposition par rapport au gouvernement Fritch. Depuis mai 2015, 16 des 38 élus du groupe orange ont rejoint le groupe Tapura Huiraatira pour former un rassemblement pro-Fritch avec le soutien des 8 élus d’ATP.

"Nous avons décidé d’être un réel partenaire", a rappelé Gaston Tong Sang, président du groupe A Ti’a Porinetia. "Dès le départ, nous avons indiqué notre position par rapport au gouvernement et sa majorité".

Le maire de Bora Bora insiste sur le caractère "constructif" de ce positionnement, à la veille de l’examen de "gros dossiers" par l’assemblée. On pense à la réforme du modèle de financement du système polynésien de santé publique ou encore au budget primitif 2016.

"Il ne faut pas que les problèmes de politique politicienne prennent le dessus par rapport aux priorités de notre pays", a-t-il aussi souhaité. Et la sénatrice Lana Tetuanui d’enfoncer le clou : "L’avenir de notre pays, ce n’est pas de se conformer aux intérêts d’une personne". "(…) On sait qui est en mesure de ramener la stabilité dans notre pays : M. Flosse doit laisser M. Fritch travailler, au lieu d’aller retourner des élus !".

S’il a peu été cité, le nom de Gaston Flosse planait sur la teneur des déclarations, jeudi. "Nous observons la situation étrange d’un Président élu avec une large majorité qui se trouve entravé dans son action par quelqu’un qui n’est pas élu", analyse aussi Philip Schyle. "Cette situation, nous la dénonçons parce qu’elle n’est pas démocratique. Elle a une influence nuisible sur le pays". Quant à Michel Buillard, "Le Tahoera’a est en souffrance, en perdition même", a-t-il insisté avant de poser en contraste : "Nous, on a la liberté d’agir aujourd’hui. Donc on va avancer. Et ce qui nous met en confiance, c’est que nous avons le soutien de personnalités politiques importantes".

Et pour chasser le spectre redoutable de l'échec de la plateforme autonomiste To Tatou Ai'a, qui avait propulsé Gaston Tong Sang jusqu'à la Présidence, avant de s'effondrer début 2011 sous le poids de ses propres divisions, tous misent sur leur appartenance à un parti politique commun - là où TTA était une fédération de partis - et sur l'ambition qu'ils partagent d’œuvrer pour l'intérêt général. L'avenir dira.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 3 Septembre 2015 à 14:08 | Lu 7397 fois