Les non-indépendantistes restent majoritaires au Congrès calédonien


NOUMÉA, 11 mai 2014 - La droite non-indépendantiste reste majoritaire au Congrès de la Nouvelle-Calédonie mais l'écart avec les indépendantistes se resserre après les élections provinciales dimanche.

Sur les 54 sièges du Congrès, les non indépendantistes, fractionnés en trois pôles, en obtiennent 29 contre 25 aux indépendantistes, également répartis en plusieurs formations. Lors de la précédente mandature, la répartition était de 31 contre 23.

La participation était en baisse à 69,97% contre 72% lors du scrutin de 2009, mélange de lassitude après les municipales et de divorce, comme dans l'Hexagone, entre la classe politique et la population.

En vertu de la décolonisation en cours, seul un corps électoral spécial était admis à se prononcer, excluant plus de 23.000 électeurs. La révision des listes électorales a créé des tensions avant le scrutin et le contentieux a été transmis à la Cour de Cassation.

Ces élections étaient décisives car elles ouvrent le dernier mandat de l'accord de Nouméa (1998), qui a instauré un processus de décolonisation basé sur des transferts de compétences de l'État aux élus locaux.

A la majorité des 3/5èmes, le nouveau Congrès pourra en effet d'ici 2018 organiser un référendum d'autodétermination. Si à cette date, il ne l'a pas fait et qu'aucune solution alternative n'a obtenu l'assentiment des deux grands blocs politiques, l'État l'organisera d'autorité.

Le Congrès de cet archipel très autonome du Pacifique est la réunion de 54 des 76 élus des trois provinces.

Dans la province sud, qui abrite Nouméa et concentre l'activité économique, le parti de centre droit Calédonie ensemble arrive largement en tête. La liste conduite par le député (UDI) Philippe Gomes remporte 16 sièges sur 40, confirmant l'ascendance de ce parti à droite après ses victoires aux législatives de 2012 et à la mairie de Nouméa en mars.

La liste Front pour l'Unité de la présidente sortante Cynthia Ligeard ne totalise que 9 élus et fait les frais des scissions au sein de son parti le Rassemblement-UMP.

L'Union pour la Calédonie dans la France (affiliée UMP) obtient 8 sièges. Dans cette province, les indépendantistes, grâce à une liste d'union, améliorent nettement leur représentation avec 7 sièges contre 4 précédemment.

Le Front National ne franchit pas la barre des 5% des inscrits et sort bredouille.

"Les Calédoniens ne nous pardonneraient pas de ne pas avoir la sagesse nécessaire pour trouver des points d'accord à ce moment charnière de l'histoire de notre pays", a déclaré M. Gomes, affirmant vouloir "tendre la main" aux autres partis non-indépendantistes qui ne peuvent rien faire sans lui à présent.

Le nouvel exécutif aura fort à faire

Dans la province nord, où une gigantesque usine de nickel est entrée en production l'an dernier, le président indépendantiste sortant Paul Néaoutyine (Palika-FLNKS) a surpris en faisant finalement jeu égal avec son rival indépendantiste de l'Union calédonienne (UC-FLNKS), Gilbert Tyuienon (9 sièges chacun sur 22).

Calédonie ensemble (CE) décroche trois élus et une liste d'union de droite, un élu. M. Néaoutyine devrait conserver son poste avec probablement le soutien de CE.

Enfin dans les îles Loyauté, peu développées et victimes de l'exode de leur population, les indépendantistes raflent les 14 sièges en jeu, distribués au sein de 5 formations. Celle du président sortant, Neko Hnépéune est bien en tête (6 élus).

Pour obtenir la présidence du Congrès puis celle du gouvernement collégial, élu au scrutin de liste proportionnel par les membres du Congrès, la droite est condamnée à s'entendre. Lors de la précédente mandature, le RUMP s'était allié en 2010 aux indépendanistes (qui avaient pris la présidence du Congrès) et l'a cher payé dans les urnes.

Ce mandat va être marqué par les délicates négociations sur l'avenir politique de l'île. Les indépendantistes veulent suivre le déroulé de l'accord de Nouméa et parvenir à la création d'un État souverain, qui conclurait des partenariats avec la France ou des pays de la région.

"Nous sommes en progression à Nouméa et dans sa périphérie. (...) La souveraineté de notre pays est en marche", a déclaré Roch Wamytan, tête de liste indépendantiste dans le sud.

La droite cherche une alternative au vote "pour ou contre" l'indépendance et prône un statut très autonome au sein de la République. Divisée, elle n'a toutefois pas de projet commun.

Dans les semaines à venir, le Congrès désignera le gouvernement collégial. Avec une économie au point mort, des finances publiques dans le rouge, une fiscalité à réformer, une stratégie minière à définir (nickel) et des inégalités sociales et ethniques patentes, le nouvel exécutif aura fort à faire.


Par Claudine WERY

Rédigé par AFP le Dimanche 11 Mai 2014 à 08:10 | Lu 811 fois