Les moustiques sont nos ennemis pour la vie


PAPEETE, le 3 novembre 2014. La Polynésie française vit avec le chikungunya sa 3e épidémie majeure en 18 mois propagée par les moustiques. Une situation qui doit permettre selon Patrick Howell, délégué à la santé, une prise de conscience par la population que la lutte contre les moustiques doit être systématique et généralisée.


Dengue, zika, chikungunya mais aussi filariose. Ce sont les maladies propagées, actuellement, par les moustiques en Polynésie française. Tout le monde les connaît, au point de déclencher, parfois, une sorte de fatalisme néfaste : certaines personnes se pensent naturellement immunisées même lorsque ce n’est pas le cas puisque la dengue, particulièrement, propage quatre sérotypes différents qui n’ont pas encore tous circulé sur le territoire ; d’autres personnes sont même persuadées que les moustiques ne les attaquent plus !

Pourtant, seule la lutte contre les moustiques permet de se protéger efficacement contre ces maladies, mais les messages de prévention ont encore du mal à être pris avec tout le sérieux nécessaire. Patrick Howell, le ministre « en devenir » de la santé en est bien conscient. «La dengue circule activement sur le territoire depuis une quarantaine d’années. Nous arrivons désormais à la 2e génération concernée par ces épisodes épidémiques de maladies propagées par les moustiques, j’espère vraiment qu’avec cette nouvelle génération et l’apparition de nouveaux virus portés par les moustiques, le message qui consiste à répéter qu’il faut se protéger des piqures va, enfin, être pris en compte ».

En attendant, l’épidémie de chikungunya, la première du genre sur le territoire «monte en puissance » à Tahiti d’après Patrick Howell, l’arrêter n’est plus possible. Limiter les dégâts est la seule option en multipliant les actions de lutte anti-vectorielle et en répétant, inlassablement à la population, de se protéger activement contre les piqures de moustiques. Des mesures particulières sont prises d’ailleurs cette semaine autour du rassemblement prévu avec la Hawaiki Nui. Les unités de santé sur chacune des étapes de la course ont été placées en alerte vigilance et des cellules médicales seront déployées au plus près des piroguiers engagés. A chaque étape, enfin, des pulvérisations d’insecticide seront effectuées avant l’arrivée de la course et juste après. Cela sera-t-il suffisant ?



Plus de 3 100 cas de chikungunya estimés

Le bulletin de veille sanitaire, publié hier, indique que l’île de Tahiti est toujours en alerte épidémie. L’île d’Apataki est également en alerte maximale. Tandis que Bora Bora et Moorea sont en alerte 3 (sur une échelle qui compte quatre niveaux). Raivavae et Hao sont en phase 2.
Au 30 octobre, 541 cas de chikungunya ont été recensés par les médecins dont 509 à Tahiti. Mais ils estiment qu’il y aurait au moins 3 104 cas en Polynésie au 30 octobre dont 2 616 à Tahiti. Les autres îles touchées sont Apataki, Moorea, Bora Bora, Raiavave, Raiatea et Hao. Des cas suspects sont également en cours de confirmation à Arutua.
Une quarantaine d’hospitalisations liées à une infection à chikungunya a été recensée. Il s’agit de formes non compliquées, selon le bureau de veille sanitaire, maïs parfois hyperalgiques ou décompensant une pathologie sous-jacente (diabètes, cardiopathies…). Plusieurs femmes enceintes ont été hospitalisées pour surveillance, sans aucune complication.
En parallèle de la prolifération du chikungunya, l’épidémie de dengue de type 1 se poursuit dans l’archipel de La Société.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 3 Novembre 2014 à 16:38 | Lu 1153 fois